L’Irlande est un pays magique. Découverte en cinq lieux sur les traces des fées, lutins et autres personnages légendaires… au plus grand plaisir des enfants !

Mythologie celte

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Il est possible de visiter de la tombe de Newgrange, sur le site de Brú na Bóinne, à 50 km au nord de Dublin.

Se glisser, par un étroit tunnel, sous 200 000 tonnes de pierres, jusqu’au cœur d’une chambre funéraire construite autour de 3200 avant J.-C. – avant les pyramides d’Égypte et le site de Stonehenge ! Le rêve, pour n’importe quel jeune aventurier. C’est ce que propose la visite de la tombe de Newgrange, sur le site de Brú na Bóinne, à 50 km au nord de Dublin. Au solstice d’hiver, les rayons du soleil levant pénètrent par une mystérieuse ouverture au-dessus de l’entrée et traversent le couloir de 18 m pour aller illuminer la chambre funéraire au centre. Pour assister à cet événement, qui se produit pendant six jours en décembre, 120 personnes sont choisies par tirage au sort parmi les 28 000 inscriptions. Au cours de la visite guidée, ce moment fascinant est recréé artificiellement. À l’intérieur et à l’extérieur, la pierre est ornée de motifs et de symboles gravés, et certaines sculptures sont considérées comme la quintessence de l’art néolithique en Europe. Non loin, le site sacré de la colline de Tara, capitale mythique de l’Irlande, utilisé depuis 600 ans avant J.-C. jusqu’au XIIe siècle et même au-delà, regroupe d’autres tombes, menhirs et mégalithes, où les anciens rois étaient couronnés, au temps des druides, qui contrôlaient toute la société celte.

Chevaliers et guerriers

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On dit que la légendaire reine Maeve est enterrée debout, avec ses armes, comme pour faire face à ses ennemis, sous l’énorme cairn de 10 m de hauteur qui se dresse au sommet du mont Knocknarea, près de Sligo.

La légende de la reine Maeve, une guerrière qui aurait régné à l’âge de fer, en 100 avant J.-C., est l’une des plus connues d’Irlande. Elle aurait été mariée à cinq rois et était une souveraine belliqueuse en raison de son désir de domination. On dit qu’elle est enterrée debout, avec ses armes, comme pour faire face à ses ennemis, sous l’énorme cairn de 10 m de hauteur qui se dresse au sommet du mont Knocknarea, près de Sligo, sur la côte Ouest. Cette tombe daterait de 3000 avant J.-C., selon les archéologues, ce qui ne correspond pas à l’époque où la reine Maeve a vécu, mais qu’importe. La randonnée jusqu’au cairn permet d’admirer le paysage fantastique des environs : on surplombe la grande baie de Sligo et la plage de Strandhill, avec ses immenses vagues prisées des surfeurs. Non loin se trouve le site de pierres levées de Carrowmore, qui date de la même époque et regroupe une trentaine de tombes, avec un petit centre d’interprétation sur la vie dans la région au cours de la période mégalithique. Les amateurs de chevaliers auront aussi l’occasion d’explorer de nombreuses ruines de châteaux ou de monastères dans la campagne irlandaise.

Vikings

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Le musée Dublinia raconte l’histoire des Vikings et décrit leur mode de vie, dans une exposition interactive et très bien documentée.

Les Vikings sont plutôt associés à la Scandinavie, mais ils ont aussi vécu en Irlande : les vestiges d’un village établi dans les années 800 ont été trouvés sous la ville de Dublin. Le musée Dublinia raconte l’histoire de ces guerriers et décrit leur mode de vie, dans une exposition interactive et très bien documentée, qui présente des artéfacts et des reconstitutions de navires, maisons et échoppes de l’époque, avec chefs de guerre à la mine patibulaire dans des tenues d’époque — tenues que les visiteurs peuvent d’ailleurs essayer.

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Le deuxième étage du musée est consacré à l’époque médiévale, alors que Dublin a été ravagé par la peste, tandis que l’étage supérieur présente le travail des archéologues qui ont mis au jour les vestiges permettant de comprendre le passé. Les origines vikings de Dublin sont aussi en vedette dans le cadre des populaires tours de ville en bus amphibies, alors que les participants sont invités à porter un casque à cornes et à lancer des cris féroces pour faire peur aux passants.

Fées

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On peut même écrire aux fées et déposer le courrier dans une boîte aux lettres spéciale.

L’île d’Émeraude est le royaume des fées, qui y sont traitées avec respect. Il y aurait dans le pays 60 000 « forts féériques », des buissons d’aubépines qui servent de passages entre leur monde et le nôtre. Des routes ont même été déviées pour empêcher la destruction de ces forts, et ainsi éviter que les fées se vengent en provoquant des accidents.

Les types de fées, leurs pouvoirs et leurs rôles sont différents d’une région à l’autre. Un peu partout dans le pays, pour rappeler leur présence, des admirateurs ont installé des « portes de fées », dans des parcs ou des sentiers.

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Un sentier de fées a été aménagé le long de la rivière Eske, à Donegal.

Par exemple, dans le joli village de Donegal, dans le nord-ouest du pays, un sentier de fées a été aménagé le long de la rivière Eske, où des dizaines de portes miniatures installées sur les arbres sont autant d’entrées vers le monde féérique. On peut même leur écrire et déposer le courrier dans une boîte aux lettres spéciale.

Ailleurs, il y a parfois des « chaises de souhaits » (asseyez-vous et faites un vœu) ou des « arbres aux soucis » (touchez-les et dites adieu à vos tracas). Vous ne voyez pas de fées ? On dit que seuls ceux qui y croient peuvent les voir… Le village de Donegal est une étape toute désignée en route vers les majestueuses falaises de Slieve League, parmi les plus hautes d’Europe.

Lutins

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Aux îles d’Aran, les landes brumeuses désertiques, la lumière changeante et les vieilles pierres peuvent être propices aux apparitions fantomatiques et événements mystérieux.

L’Irlande est aussi la contrée des « leprechauns », ces lutins barbus coiffés d’un chapeau, joueurs de tours, qui accumulent dans un grand chaudron les pièces d’or reçues en fabriquant des chaussures pour les fées, selon la légende. Nous n’avons vu ni fées ni leprechauns, sauf en dessin sur les publicités d’agences de tourisme. Il n’y en a pas non plus, même empaillés, au Musée national des leprechauns de Dublin (que nous n’avons pas visité, parce que tout s’y déroule en anglais). Un site internet transmet pourtant en direct les images d’une caméra, installée dans un lieu où leprechauns et fées apparaissent fréquemment — une ombre qui passe ou un bruissement de feuilles sont qualifiés d’« apparitions ». Les leprechauns sont même protégées par une loi de l’Union européenne depuis 2009. Puisque leur légende est tellement vivante, ils peuvent servir de prétexte pour inciter les enfants à faire une randonnée dans un lieu enchanteur. Par exemple, aux îles d’Aran, sur la côte Ouest, où les landes brumeuses désertiques, la lumière changeante et les vieilles pierres peuvent être propices aux apparitions fantomatiques et événements mystérieux. Nos jeunes voyageurs ont pédalé avec entrain et couru jusqu’au bord des falaises vertigineuses, dans un paysage lunaire, battu par les vents. Il n’y avait pas l’ombre d’un lutin, mais des moutons, des phoques, et même des dauphins qui ont suivi notre bateau quelques instants.