Chaque été, les villages balnéaires des îles grecques sont pris d'assaut par des hordes de croisiéristes en quête de soleil brûlant. À l'ombre des splendides mais tapageuses Mykonos et Santorini, d'autres îles des Cyclades, plus modestes, se laissent apprivoiser en toute quiétude. Quatre arrêts dans la mer Égée, où le charme opère en juillet et en août, bien sûr, mais tout le reste de l'année aussi.

Milos, la minérale

À 2h30 d'Athènes en traversier, l'île de Milos ouvre grand ses bras. Les clochers de l'église qui domine la colline du village portuaire d'Adamas annoncent le passage des heures et régulent le quotidien des quelque 1000 Miliotes, férus de bonnes bouffes et de grands espaces. Cet hédonisme apparent cache une terre et une histoire riches, marquées par la résilience des travailleurs.

Le musée de la mine de Milos en est un témoin officiel et figé, mais une visite des plages colorées et des carrières à ciel ouvert permet d'apprécier davantage l'origine volcanique de l'île. Pour la vue, il faut privilégier la capitale surélevée de Plaka, à 15 minutes en voiture du port, où des photographes amateurs viennent nombreux tirer le portrait de la vedette du système solaire. Une fois le soleil endormi: retour vers Adamas, où le petit trésor gastronomique O Hamos! fait la part belle aux produits locaux et aux recettes séculaires.

De nombreux Grecs termineront la soirée devant une gaufre divine du café Milors ou une pinte de blonde au restaurant Flisvos, où quelques vieux bougres philosophent devant un jeu de cartes. Pour la petite histoire, c'est bien ici que la célèbre sculpture Vénus de Milo fut découverte en 1820.

Ios, l'«intouchable»

Oubliez les couchers de soleil de l'achalandée Santorini: décadents de beauté, certes, mais comme en témoignent les avertissements devant toute antiquité, l'abus de flashs fait perdre de l'éclat.

En basse saison, vous serez à Ios deux ou trois badauds tout en haut de la colline qui domine le chef-lieu de Hora, tandis que ses restaurants prépareront tranquillement leurs fourneaux. Ceux du bistro Lord Byron, qui occupe l'esplanade d'une charmante chapelle, renferment des plats méditerranéens qui commandent le détour. Si le soleil s'étire en splendeur jusqu'à disparaître vers 20h, les vacanciers, eux, étirent la nuit et apparaissent bien vite dans les bars. Il importe donc de choisir son hébergement selon sa conception de la nuit, à savoir un terrain de jeu ou un havre de repos.

Pour la deuxième option, rendez-vous dans l'un des deux villages qui jouxtent le centre, construits autour du petit port d'Ormos et de la station balnéaire de Mylopotas. Pour la première, il faut plonger yeux ouverts dans les ruelles labyrinthiques et festives de Hora. S'il n'est pas trop tard le lendemain, une balade s'impose sur le site archéologique de Skarkos. Les efforts de conservation de ses constructions protocycladiques, qui datent de quelque 300 ans avant J.-C., ont été salués par un Prix du patrimoine culturel de l'Union européenne en 1998.

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Milos

Paros, la portuaire

Destination cycladique favorite des Français, Paros est la plus polyvalente des îles: elle emprunte à chacune de ses colocs de la mer Égée ce qu'elles ont de mieux à offrir, sans pour autant sacrifier son identité propre.

Premier port en importance de l'est des Cyclades, Parikiá offre à la fois les services essentiels et abordables d'une terre habitée - lire: à l'année et par des Grecs - et les commodités d'une destination touristique - lire: services de location, d'excursions et d'autobus. En transport motorisé, deux destinations obligatoires: le village pittoresque et animé de Naoussa et le port strictement fonctionnel de Pounta. Là-bas, des transbordeurs lèvent l'ancre toutes les heures pour atteindre l'île d'Antiparos, soeur cadette qui aspire à l'indépendance. C'est le paradis des sports de plaisance. On y trouve en son centre une grotte de plus de 100 m de profondeur qui fascine depuis l'Antiquité. Plusieurs stalagmites et stalactites y ont été pillées sous la domination russe à la fin du XVIIIe siècle. Lors de notre passage, en juin, nous étions complètement seuls au coeur de cette masse rocheuse, une sensation à la fois envoûtante et vertigineuse. Claustrophobes, s'abstenir.

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Paros

Andros, l'abondante

Le traversier qui nous transporte à Andros ne finit plus de longer les côtes de cette île gigantesque, la plus septentrionale des Cyclades, qui regorge de plages désertes et de charmes cachés. Ici, les Athéniens débarquent nombreux pour fuir la pollution et le brouhaha de la capitale, à moins de 200 km. Peu prisée des touristes, l'île vinicole bénéficie pourtant d'un net avantage sur ses consoeurs: de la végétation! - et, donc, des coins d'ombre.

Si le port de Gavrio s'avère une modeste carte de visite - les bateaux y jettent l'ancre puisque la baie protège des vents -, le village voisin de Batsi a mieux à offrir. Les terrasses des restaurants, accrochés à la colline au détour des ruelles dallées, offrent un panorama de cette jolie bourgade blanche qui s'anime et s'illumine à la pénombre. Les habitants, affables représentants de la vie cycladique, côtoient les plaisanciers qui glissent dans la baie et les quelques touristes qui se promettront d'y revenir.

Quand partir?

Les Grecs croisés sur notre chemin sont unanimes: pendant l'automne. Les températures et les prix sont plus cléments, le mois d'août a réchauffé la mer Égée et les touristes se font discrets.

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Andros