On l'a comparé à une raffinerie, à une niveleuse, à une presse géante à moulinettes, à un moule à pétroliers, à une caserne de pompiers ou à un aspirateur des fumées de Paris.

On a dénoncé sa tuyauterie apparente, ses poutrelles aux allures d'échafaudage, son architecture vaguement industrielle.

On l'a jugé indigne d'accueillir des oeuvres d'art, fussent-elles contemporaines.

Oui, on l'a trouvé laid. Mais aujourd'hui, plus personne n'oserait le critiquer.

Quarante ans presque jour pour jour après son inauguration, le Centre Pompidou est devenu l'un des monuments emblématiques de la modernité française et un incontournable de la vie culturelle parisienne, ayant enregistré plus de 100 millions de visiteurs depuis son ouverture, le 31 janvier 1977.

Si on en parle, c'est parce que le plus grand musée d'art moderne de France soulignera pendant toute l'année son 40e anniversaire. Quarante villes françaises, d'Arles à Vitry-sur-Scène en passant par Nantes, Metz ou Bordeaux, seront ainsi mises à contribution, avec quelque 75 expositions ou événements, dont on peut avoir le détail sur un site créé pour l'occasion.

Ironiquement, le Centre Pompidou n'accueillera lui-même qu'une infime partie de cette programmation. Son porte-parole Benoît Parayre explique que le musée souhaitait un «anniversaire partagé» plutôt qu'un événement «égocentrique» en forme d'«autocélébration». À bon entendeur, salut: le centre offrira toutefois deux journées d'accès gratuit, les 4 et 5 février, pour un week-end festif bourré d'activités pour les jeunes et les moins jeunes.

Selon des chiffres dévoilés au début du mois de janvier, le Centre Pompidou aurait accueilli plus de 3,3 millions de visiteurs en 2016, ce qui le place au deuxième rang des musées les plus fréquentés de Paris, derrière le musée du Louvre, mais devant celui d'Orsay. Contrairement à ces deux institutions, qui ont souffert de la crise du tourisme en France, le Centre Pompidou aurait en outre enregistré une hausse des visites de 9 % par rapport à 2015. D'après M. Parayre, cette performance étonnante s'explique par le fait que le Louvre et le musée d'Orsay reposent essentiellement sur des visiteurs internationaux, alors que la clientèle du Centre Pompidou est française à 60 %.

Les files monstres qu'on pouvait voir à Noël aux portes de l'exposition Magritte (qui vient de se terminer) témoignaient elles aussi de ce succès: ce lieu de culture exerce toujours un énorme pouvoir d'attraction, tant pour son contenu que pour son contenant. Une belle revanche sur les petits esprits qui souhaitaient autrefois sa disparition...

En chiffres

102 000 000: Nombre de visiteurs depuis l'ouverture, en 1977

325: Nombre d'expositions depuis l'ouverture, en 1977

120 000: Nombre d'oeuvres dans la collection du centre

3: Nombre d'architectes qui ont créé le lieu (Renzo Piano, Gianfranco Fancini, Richard Rogers)

15 000: Tonnes d'ossature métallique

219: Marches d'escalier mécanique pour monter au 6e étage

840 662: Plus grand nombre de visiteurs pour une exposition (Dalí en 1979-1980)

135,5: Millions d'euros (189 millions CAN): budget pour l'année 2016

PHOTO KENZO TRIBOUILLARD, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Une sculpture de bronze de l'artiste Adel Abdessemed, Coup de tête de Zidane, trône sur le parvis du Centre Pompidou.