Après quatre ans de travaux, le Ritz, l'un des plus célèbres et luxueux hôtels de Paris, a rouvert ses portes lundi, dans un contexte de chute de fréquentation de la clientèle étrangère à Paris après les attentats de novembre.

Lundi, des dizaines d'employés et de livreurs entraient et sortaient de l'établissement de la place Vendôme, les bras chargés de vaisselle ou encore de préparations florales, dans de grandes vases en verre transparent. Devant l'entrée du palace, plusieurs camions blancs de livraison étaient en stationnement, a constaté une journaliste de l'AFP.

L'hôtel de prestige ouvert en 1898 compte désormais 142 chambres et suites contre 159 auparavant. Il ne rouvre que partiellement: en raison d'un retard de chantier et d'un incendie qui s'est déclaré en janvier, le Ritz ne tournera qu'à 86 chambres et suites, le temps des dernières finitions.

Sa réouverture était initialement prévue en décembre 2015.

Pour l'heure, l'établissement n'est accessible qu'aux clients de l'hôtel. Les trois bars et trois restaurants seront ouverts au public à partir «du week-end prochain, voire du début de semaine prochaine», selon une source du secteur.

Propriété depuis 1979 du milliardaire égyptien Mohammed Al-Fayed, l'hôtel, situé sur la très luxueuse place Vendôme, a fermé le 1er août 2012 pour d'importants travaux.

Le prestigieux Ritz rouvre dans un contexte particulier pour l'hôtellerie en général et pour l'hôtellerie de luxe en particulier. Ce segment a en effet essuyé à Paris une chute de fréquentation d'environ 25% depuis les attentats de novembre, selon différentes sources du secteur de l'hôtellerie, les touristes internationaux boudant toujours la capitale française.

«Un climat peu propice»

«Cette véritable institution rouvre dans un climat peu propice: les attentats ont affecté la clientèle haut de gamme, de luxe et internationale, qui est celle du Ritz, il faudra du temps pour retrouver des taux d'occupation tels qu'on a pu connaître il y a quelques années», résume à l'AFP Vanguelis Panayotis, directeur du développement du cabinet MKG spécialisé dans l'hôtellerie et la restauration.

Le calendrier des réservations sur le site internet de l'hôtel affiche tout de même complet jusqu'au 19 juin.

«C'est une extraordinaire nouvelle que le Ritz rouvre ses portes, car c'est un fleuron de l'hôtellerie mondiale. Mais la situation de l'hôtellerie, de luxe en particulier, est maussade», constate amer Christophe Laure, président de la branche prestige de l'Umih, principale organisation patronale du secteur.

Pour lui, «il faut voir les choses en face: l'année 2016 ne sera pas un bon cru pour le secteur. L'année a mal commencé et la fréquentation pour l'Euro n'est pas au rendez-vous», regrette-t-il.

Le Ritz est le premier d'une série de palaces à rouvrir après de lourds travaux. Devraient suivre les réouvertures du Crillon en 2017 et du Lutetia au deuxième semestre 2017.

Au Ritz, les travaux ont permis de créer un restaurant d'été sous une verrière mobile, mais aussi un espace de soins Chanel, d'agrandir la salle de bal, de restaurer la piscine, d'agrandir les suites, notamment les suites Coco Chanel et Marcel Proust, et d'intégrer des technologies de pointe dans les chambres.

«Nous souhaitions conserver l'esprit cher à nos clients. Le Ritz d'hier est celui d'aujourd'hui», souligne toutefois l'établissement, notant la conservation de «80% du mobilier, des consoles, des fauteuils ou encore des tables de chevet».

Côté personnel, on compte près de 600 employés, dont une centaine en cuisine. Près de «55% de nos employés de 2012 sont revenus», affirme-t-on au Ritz.

Par ailleurs, le chef Nicolas Sale, 43 ans, est aux commandes des cuisines de l'établissement, qui comprendra deux restaurants gastronomiques, Le Jardin de l'Espadon, ouvert le midi, et La Table de l'Espadon, le soir.

Ce Parisien, nommé au Ritz en 2015, était auparavant à la tête des restaurants des hôtels Kilimandjaro et K2 à Courchevel, où il avait obtenu deux étoiles Michelin pour chaque établissement.