Partir en grande randonnée en plein Paris, un billet de métro dans les poches, c'est possible et peu onéreux. Beaucoup de Parisiens l'ignorent, mais la capitale offre un maillage de 180 km d'itinéraires balisés, accessibles à tout bon marcheur.

On pourrait énumérer à l'infini les menus plaisirs qui suscitent l'envie de chemin buissonnier: découvrir un Paris insolite, à travers les ruelles calmes et espaces verts en marge des boulevards, se laisser surprendre par une vue panoramique au détour d'un immeuble, apprécier sous un autre angle une destination déjà visitée. Ou tout simplement, se lancer comme défi la traversée intégrale de la ville, du nord au sud.

20 km à pied, ça use...

Règles d'or: mieux vaut être bien chaussé et suivre au pas la signalétique indiquée dans le topoguide édité par la Fédération française de la randonnée pédestre. Les fameuses balises jaune et rouge visibles sur les poteaux et pancartes confirment le trajet à chaque intersection. C'est parti!

Départ du parcours: métro Porte-de-la-Villette. Arrivée: parc Montsouris, RER B Cité universitaire. Durée: 8 heures, pause repas comprise.

Les hauteurs de Belleville

Tout commence par la traversée du parc de la Villette, ancien marché aux bestiaux devenu un vaste parc urbain de 55 hectares où gambade désormais la tendre jeunesse du 19e arrondissement. Le temps de passer devant la Géode, salle de projection hémisphérique et de franchir le canal de l'Ourcq, on amorce la lente montée en direction des hauteurs de Belleville. Première surprise: derrière les barres d'immeubles décatis se niche un quartier pittoresque de maisons pimpantes, fleuries et décorées à souhait, reliées par un lacis de passages pavés et ombragés. La montée n'en est que plus agréable.

Le parc des Buttes Chaumont

Irrésistible dédale de végétation luxuriante, c'est le paradis des joggers. Il est facile d'y musarder une bonne heure, d'autant plus que le guide offre de nombreuses variantes à la traversée du parc. Juste avant d'emprunter le pont des Suicidés, construit par Gustave Eiffel, il faudra admirer la plus belle vue du parcours en grimpant jusqu'au temple de Vesta. La vue sur la butte Montmartre y est imprenable. Incontournable, également, la grande grotte avec sa cascade si impétueuse qu'on en oublierait presque les stalactites artificielles plantées à son entrée.

Le canal Saint-Martin

Le segment reliant les Buttes Chaumont à République est certainement celui qui réserve le plus de surprises. Vus en chemin: un jardin partagé où le promeneur était invité à piocher dans les plates-bandes, de nombreux figuiers bien portants sur les bas-côtés, un clochard urinant derrière une contre-allée, des trompe-l'oeil très réalistes. Avec, à l'arrivée, le paisible canal Saint-Martin auréolé de ponts et passerelles altiers. Une invitation à la rêverie autant qu'à une pause bien méritée.

Le Marais/Les quais de Seine

À l'approche de cette zone touristique, la randonnée peut virer au piétinage à mesure que la foule se fait plus compacte sur les trottoirs. Le Marais n'en est plus un depuis qu'il s'est transformé en repaire chic et bobo. Pour se donner du coeur à l'ouvrage, une halte à l'une des pâtisseries juives de la rue des Rosiers est fortement préconisée. De quoi grignoter en arpentant l'un des joyaux historiques de Paris: ici, chaque rue recèle un patrimoine exceptionnel que l'on découvre en zigzaguant. La traversée de l'île Saint-Louis par les quais peu fréquentés offre une respiration bienvenue. Idem pour la cathédrale Notre-Dame, que l'on dépasse à l'arrière, en évitant la cohue qui règne sur le parvis.

La boucle des Cités d'Artistes

Passé le Panthéon (aperçu de loin), la rue Mouffetard, et à son aval, la très ancienne église Saint-Médard, le sentier de randonnée longe la Bièvre. Ce long cours d'eau a, en grande partie, disparu du paysage mais il reste des alignements de peupliers qui témoignent encore de son tracé. Pour aborder ensuite la boucle des Cités d'Artistes, optionnelle mais fortement recommandée, le guide invite le marcheur à glisser un coup d'oeil dans les cours privées «avec le maximum de discrétion», si d'aventure des portes cochères n'étaient pas fermées. Attention, fenêtre sur (très belles) cours...

La Cité florale

Les contreforts de la Butte aux Cailles réservent bien des surprises au randonneur qui se demande quels décors se cachent derrière les façades trop sages des immeubles. La Petite Alsace, série de pavillons aux toits vosgiens, mérite bien son nom. Quant à la Cité florale, elle couronne magistralement le circuit avant la dernière étape, au parc Montsouris. «Tourner à gauche rue des Orchidées. Virer à droite rue des Glycines, puis à gauche rue des Iris.» Un bouquet final de toute beauté pour oublier les courbatures d'une journée de marche.

Itinéraire tiré du guide: Paris... à pied, collectif, éd. de la Fédération française de randonnée pédestre, 240 p., 29,95$