Bien souvent, les visiteurs du sud-ouest français n'ont d'yeux que pour Toulouse, la «ville rose»; négligeant, sans le savoir, sa petite soeur Albi, la «ville rouge». Pourtant, ses briques gorgées d'histoire, qui ont vu naître d'illustres personnages, abritent bien des merveilles. Parmi elles, «la cité épiscopale», coeur médiéval de la ville, récemment classée au Patrimoine mondial par l'UNESCO. Et tout cela, à deux pas de vignes millénaires..

JOUR 1

9h

À l'assaut de la vieille ville

Alors que la silhouette massive de la cathédrale se profile au loin, notre parcours débute à la place du Vigan, bordée de fontaines et de cafés, idéale pour un petit-déjeuner. De là, on s'engouffre dans les ruelles de la vieille ville, sinueuses, flanquées d'antiques maisons à colombage, aux briques usées. À ne pas manquer: la collégiale Saint-Salvy, composée d'un cloître et d'une église romane bâtis entre le XIe et le XVe siècle, qui entremêle les styles et nous projette immédiatement dans le passé.

10h

La cathédrale, un raffinement colossal

Colossale, écrasante, cyclopéenne: la cathédrale Sainte-Cécile fut justement érigée, au XIIIe siècle, pour imposer symboliquement la toute-puissance de l'Église, défiée par le catharisme - un courant hérétique qui s'était développé dans le sud de la France. Véritable mastodonte de briques, l'intérieur de l'édifice recèle cependant des oeuvres d'un raffinement exquis: le jubé exhibe des sculptures fines comme de la dentelle, le choeur est paré d'une pléiade de statuettes étonnantes... surtout, fresques et motifs ont de quoi éblouir. Sur l'un des piliers, à droite de l'orgue, une représentation picturale des enfers. Magnifique... et sadique!

12h

Du canard et des arcades

Nous parlions plus tôt d'hérésie, et voilà qui en serait une: ne pas profiter de l'excellente cuisine régionale du Midi. Nombreux sont les restaurants à éclore autour de la cathédrale; nous conseillons, entre autres, Les Arcades, dans le cadre médiéval du bourg Saint-Salvy. La cuisine, raffinée, ravira les amateurs de canard, avec comme spécialité la macaronade au foie gras: pâtes fraîches à la crème de foie gras et magret fumé et foie gras poêlé avec copeaux de parmesan. Vous êtes végé? Ouch...

17, place Saint-Salvy

14h

Cultiver la Renaissance

Pour digérer cette orgie de calories, direction le Jardin du palais, à deux pas de la cathédrale. Aménagé sur la rive gauche du Tarn (fleuve éponyme du département), il s'avère témoin de l'esprit de la Renaissance. En surplomb, le visiteur jouit d'une très belle vue sur le jardin et les eaux, en arrière-plan. Quitte à flâner, autant s'éloigner du centre touristique pour gagner, quelques rues à l'ouest, le très pittoresque quartier de Castelviel. Admirablement préservé, maillé de placettes et de ruelles, ce lieu aux allures de village antique offre en outre tout le recul nécessaire pour scruter la cathédrale.

16h

Les berges vous hébergent

Non, il n'a pas le débit de la puissante Garonne (le fleuve passant par Toulouse et Bordeaux), mais le Tarn offre néanmoins des berges aux promenades fort agréables, permettant d'admirer la rive droite du fleuve, où sont fichés de nombreux moulins en brique, pour la plupart reconvertis. Une fois au pied du pont Vieux (c'est peu dire: il date du XIe siècle!), comment résister à l'appel des deux vastes terrasses du restaurant Les berges d'Alby? Cuisine à la plancha et cochon entier grillé un dimanche sur deux. Toujours végé? Re-ouch...

1, quai Choiseul

restaurant-berges-alby.fr

JOUR 2

9h

Un palais pour un peintre

Musée ayant pris ses quartiers au sein du remarquable Palais de la Berbie, le lieu est aujourd'hui consacré au célèbre peintre Henri de Toulouse-Lautrec, natif d'Albi. Récemment rénové, il détient plus d'un millier d'oeuvres signées de l'artiste, parmi lesquelles portraits, esquisses et affiches. On y découvre notamment le goût du peintre pour le thème des maisons closes, dont la toile Au salon de la rue des Moulins constitue l'exemple le plus réputé.

Place Sainte-Cécile

museetoulouselautrec.net

11h

Un passé de pastel

Tout au long de l'époque médiévale, la culture du pastel, dont on tire une teinture au bleu doux, joua un rôle fondamental dans la prospérité de la région, en particulier pour la ville d'Albi. De nos jours, les artisans de la tendre couleur se sont raréfiés, mais certains maintiennent la flamme patrimoniale, comme Cathy Jacob et Didier Boinnard, parmi les seuls au pays à réaliser de la teinture de manière traditionnelle. Leur boutique, L'artisan pastellier, permet de découvrir l'histoire du pastel et tous les produits qui peuvent en être tirés.

5, rue Puech Bérenguier

artisanpastellier.com

13h

La vie rêvée des vignes

En un tour de train (ou d'auto), fixons le cap sur Gaillac, à une vingtaine de kilomètres d'Albi. De là partent divers sentiers de randonnée, sillonnant les vignes de cette région viticole parmi les plus anciennes de France. Ici, pas de montagne vertigineuse, mais de douces collines, des boisés odorants et de paisibles panoramas champêtres. Selon l'époque de l'année, on aperçoit l'échine courbée des travailleurs, tandis que l'on butine d'un domaine à l'autre.

17h

La perle des caves

Cette petite balade vous aura sans doute donné soif. Justement, sur le chemin du retour vers Albi se nichent les Caves de Labastide, l'un des producteurs les plus importants de la région. À goûter sans hésiter: le fameux blanc perlé de Gaillac, à l'effervescence aussi subtile que rafraîchissante.

Lieu-dit «La Barthe»

cave-labastide.com

19h

Accordez mes vins!

Pour clore en beauté, ne reste qu'à s'attabler à La table du sommelier (à Albi ou à Gaillac). Les maîtres des lieux servent une fine cuisine régionale, taillée sur mesure pour des accords mets-vins. Pour ne rien gâcher, le cadre est d'une charmante rusticité. Toujours végétarien? Il y a un menu pour vous, enfin!

Albu: 20, rue Porta

Gaillac: 34, place du Griffoul

latabledusommelier.com