Sur l'affiche, une comète traverse la nuit et la Tour Eiffel scintille de tous ses feux. Sur les toits de Paris, un couple s'embrasse. Mais une seule pensée leur vient à l'esprit: «ne pas rater le dernier métro».

Cette affiche, et une quarantaine d'autres, croque les travers et petites manies des Parisiens dont la réputation de râleur antipathique est devenue une marque de fabrique dans le monde.

Jusqu'au 28 août, cette exposition de la mairie de Paris, en collaboration avec le site branché MyLittleParis et les éditions du Chêne, occupe les espaces publicitaires de trois quartiers de la capitale - Saint-Germain-des-Prés, Barbès et les Champs-Élysées -, et porte sur ses habitants un regard tendre et humoristique.

Entre les femmes courant à leur séance de méditation, le portable à l'oreille, l'attente interminable dans les restaurants, les terrasses bondées à l'occasion d'un éphémère rayon de soleil, l'illustratrice japonaise Kanako, Parisienne d'adoption depuis 2005, croque les étranges moeurs de ses congénères à travers 48 dessins.

Chacune de ses humeurs a été doublée en anglais afin de toucher les touristes. «Yes, c'est ça la vie parisienne!», s'esclaffe Iverlene Worrell dans un français mâtiné d'anglais.

«C'est vraiment très drôle», rit à côté d'elle sa compatriote Nicole Broomes, une jeune Anglaise originaire de la Barbade, qui découvre Paris pour la première fois. «J'aime beaucoup les illustrations et les petites blagues en dessous. Ça dégage un truc sympa, léger».

Sur les Champs-Élysées détrempés par la pluie, les deux touristes s'amusent d'un dessin montrant un couple d'amoureux faisant la queue devant un café. «Pour le brunch, il me reste une place à 18 heures», leur répond laconiquement le serveur.

Sur un autre, le client d'une boulangerie bien achalandée demande s'il reste «des demi-campagnes aux graines de courge-sésame-coco».

Pour la première fois, la mairie de Paris a transformé une portion de son réseau d'affichage, partiellement déserté durant les grandes vacances, en un «musée géant». «C'est un affichage qui n'a pas de but, sinon de faire sourire», confirme Lionel Bordeaux, un porte-parole de la mairie de Paris.

Considérant un dessin où la foule se presse autour d'une oeuvre d'art incompréhensible, un cadre en costume réfléchit: «Beaucoup de Parisiens se prennent un peu trop au sérieux. Un peu d'autodérision ça ne fait pas de mal.»

Photo PIERRE ANDRIEU, AFP

Illustration Kanako

Photo PIERRE ANDRIEU, AFP

Illustration Kanako