Sous un soleil de plomb, les pèlerins attendent leur tour pour visiter la grotte de Lourdes comme si ce lieu de pèlerinage mondialement connu n'avait pas été dévasté il y a un mois par de terribles inondations.

Après des réparations pour parer au plus pressé, les stigmates des intempéries ne sont guère visibles pour les visiteurs. Cependant, les dégâts restent considérables et les Sanctuaires de Lourdes qui gèrent les lieux comptent plus que jamais sur la générosité des fidèles pour faire face à une facture qui atteindra plusieurs millions d'euros.

Le 18 juin, sept mois après des inondations, le gave de Pau est à nouveau sorti de son lit sous l'effet conjugué de pluies intensives et de la fonte des neiges, inondant le site de 50 hectares où se pressent chaque année 6 millions de pèlerins. En se retirant, les eaux ont cédé la place à une épaisse couche de boue, des routes défoncées et des édifices hors d'usage.

Dans la chaleur de ce mois de juillet, les pèlerins se réjouissent de trouver des lieux propres. «Ils ont fait un travail miraculeux», salue Edmund Morino, un New-Yorkais. «Quand j'ai vu les images sur internet, j'ai eu peur de ne pas pouvoir venir. Je suis si reconnaissant envers Dieu».

Avec la catastrophe, «on s'était retrouvé devant un défi, fermer durant un certain temps ou rouvrir tout de suite», raconte Horacio Brito, le recteur du site qui compte 22 édifices religieux et deux bâtiments pour l'accueil des malades. C'est la seconde solution qui a primé, car les Sanctuaires «appartiennent aux pèlerins, c'est une question spirituelle».

Dès le quatrième jour, la grotte où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie est apparue à Bernadette Soubirou en 1858, avait donc rouvert.

Hémorragie interne

Aujourd'hui, la voirie a été regoudronnée, les fissures colmatées. Mais l'immense basilique souterraine Pie X, capable d'accueillir 30 000 fidèles, reste fermée. Certains édifices comme la basilique Sainte-Bernadette fonctionnent «en mode dégradé», sans sonorisation, dit Thierry Castillo, l'économe diocésain responsable des Sanctuaires. Les piscines, où 350 000 fidèles s'immergent chaque année, sont remplies et vidées à la main.

«C'est comme avec un blessé, dès lors que l'hémorragie externe a cessé, on le pense guéri alors qu'il peut très bien avoir une hémorragie interne», dit l'économe. «On a caché les blessures les plus visibles, mais il en reste d'autres dans l'intimité des bâtiments». De même, souligne-t-il, les berges du gave qui traverse le domaine sont «suspectes» mais n'ont pu être contrôlées en raison du courant toujours fort.

En octobre, les dégâts avaient représenté environ 2 millions d'euros, financés par un premier appel aux dons à hauteur de 1,8 million d'euros. Cette fois-ci, il y en aura «pour plusieurs millions d'euros» d'autant que le site veut profiter des travaux pour réduire sa vulnérabilité aux crues.

Les Sanctuaires s'en remettent à nouveau à la générosité des croyants dans un contexte pas simple de baisse générale de la fréquentation due à la crise économique. Les dons arrivent, mais ils voudraient que la «mobilisation» se poursuive malgré «la pause estivale».

Pour Lourdes, seconde ville hôtelière de France où une quarantaine d'hôtels ont été touchés, la facture est également salée. Mais après d'importants travaux de nettoyage et de revêtement, et trois semaines de «tétanie», la vie a repris son cours.