Le maire de Paris Bertrand Delanoë inaugure mercredi sur la rive gauche du fleuve un espace de promenade et de loisirs de 4,5 hectares. Son objectif : rendre la Seine aux amoureux de Paris.

Promesse de campagne du candidat socialiste en 2008, le projet est l'un des plus controversés de la mandature: le nouvel espace, situé au coeur de Paris, entre le Pont de l'Alma et le Musée d'Orsay (VIIe arrondissement), a été conquis grâce à la fermeture à la circulation sur 2,3 km.

Associations d'automobilistes et représentants du monde économique, relayés par la droite parisienne et Rachida Dati, maire UMP du VIIe arrondissement, ont dénoncé à l'unisson des aménagements sources d'embouteillages et de pollution. Le projet avait même été bloqué par le précédent gouvernement, soucieux de ne pas entraver le dynamisme économique de la métropole.

La fermeture des quais rive gauche, effective depuis le 28 janvier et le début des travaux, n'a cependant «pas engendré de problème majeur», a souligné dimanche M. Delanoë, qui a fait de la diminution de place de l'automobile dans la ville un de ses principaux combats. Le temps de parcours des automobilistes a été rallongé de sept minutes, dans la ligne des prévisions, a précisé à l'AFP sa première adjointe Anne Hidalgo.

«Les quais de Seine sont un des plus beaux endroits du monde, classés au patrimoine mondial de l'humanité (depuis 1991). La droite n'a rien trouvé à faire que de les transformer en une autoroute urbaine, et elle persiste aujourd'hui dans cette position en refusant tout nouvel aménagement. Nous nous devons de corriger les fautes commises contre la beauté de Paris», a plaidé le maire de Paris.

Comme d'autres métropoles françaises ou mondiales - Bordeaux, Lyon, Nantes, Madrid, Berlin, New York... - Paris a entrepris depuis plusieurs décennies déjà de se réapproprier son fleuve. Dès 1978, une charte d'aménagement affirmait la vocation de lieu de promenade des rives de la Seine. Le bassin de l'Arsenal (IVe), le port de la Tournelle (Ve), le jardin Tino Rossi (Ve), sont quelques-unes des réalisations des années 1980.

Îles flottantes et piste d'athlétisme

Élu maire en 2001, Bertrand Delanoë a donné une nouvelle ambition à cette politique, en s'attaquant aux voies rapides construites sur les berges dans les années 1960.

En 2002, Paris Plage a fait l'effet d'un électrochoc, en rendant pendant un mois de l'année aux Parisiens la voie express Georges-Pompidou. Entrecoupée de feux tricolores et de passages piétons, celle-ci a depuis le mois de septembre été transformée en boulevard urbain sur 3,1 km. Une promenade de 1,5 km a été aménagée de l'Hôtel de Ville au Port de l'Arsenal.

Le projet de la rive gauche revêt une autre dimension, en créant un vaste espace de 4,5 hectares dédié au sport, à la nature et à la culture. En contrebas du musée d'Orsay, il a été monté un escalier d'acier et de bois reliant le quai haut et le quai bas, qui offre un point de vue unique sur la Seine. Il pourra servir de gradins pour assister à des spectacles donnés sur le fleuve.

À l'opposé du site, un jardin flottant composé de cinq îles a pris place au port du Gros Caillou. Il permettra aux curieux de se promener au plus près de l'eau, tout en observant la faune et la flore caractéristiques des bords de fleuve.

La culée du Pont Alexandre III doit accueillir à la fin de l'été un restaurant baptisé le «Faust». Quatre nouvelles péniches seront amarrées, proposant restauration, spectacles ou croisières.

Une piste d'athlétisme, une mini «via ferrata» et des agrès ont été installés pour les sportifs et les enfants. Des kiosques pourront être réservés pour des réunions amicales, et des animations variables en fonction des saisons seront proposées tout au long de l'année.

Une activité logistique pourra prendre place au port du Gros Caillou.

Le coût d'aménagement des berges sur les deux rives est estimé à 35 millions, et le coût de fonctionnement annuel à 5 millions d'euros.