Après avoir longtemps souffert d'une image de ville bourgeoise, sclérosée et aux façades tristes, Bordeaux se hisse désormais en tête de liste des villes préférées des Français, après Paris.

L'enquête, publié jeudi par le site internet keljob.com, fait apparaître que Bordeaux est, pour 9,4% des 2010 personnes ayant répondu, la ville apparaissant la plus attractive pour vivre et/ou travailler après Paris (11%), mais avant Lyon (7,2%).

Cette étude est publiée après un sondage réalisé par BVA pour la presse régionale faisant apparaître Paris et Bordeaux comme les deux villes préférées des Français.

Cet attrait pour la capitale girondine s'est, dans un premier temps, traduit sur le plan touristique. En quelques années, elle s'est hissée au rang des grandes destinations européennes, avec une augmentation de 55% des nuitées hôtelières en dix ans.

Ainsi, en 2012, plus de cinq millions de touristes français et étrangers sont venus dans l'agglomération, attirés par son prestigieux vignoble, son fleuve et le patrimoine du centre historique, classé en 2007 par l'UNESCO.

La métamorphose de la ville a débuté en 1995, quand l'actuel maire UMP, et ancien Premier ministre Alain Juppé a succédé à Jacques Chaban-Delmas, maire durant près d'un demi-siècle.

Avec son arrivée, «de nouveaux projets et d'autres qui étaient dans des cartons vont se trouver fédérés», explique Maurice Goze, directeur de l'institut d'aménagement de tourisme et d'urbanisme (IATLU) de l'université Bordeaux 3.

Les façades du XVIIIe siècle ont retrouvé leur éclat, les quais ont été réaménagés en une longue promenade et l'arrivée du tramway a redessiné l'espace urbain.

Cet embellissement s'est aussi traduit par une attractivité croissante. « À partir du milieu des années 90, il y a eu un retournement démographique qui s'est accentué au début des années 2000 », remarque M. Juppé auprès de l'AFP.

«Un habitant sur cinq est ici depuis moins de cinq ans», poursuit le maire qui espère voir la ville passer de 245 000 habitants aujourd'hui à 300 000 à l'horizon 2030.

Parallèlement, l'objectif de la communauté urbaine réunissant les 27 communes de l'agglomération et présidée par le PS Vincent Feltesse, est d'atteindre le million d'habitants, contre 720 000 habitants aujourd'hui.

Pour Sophie Ak , directrice marketing de keljob.com, les récentes études confirment une attractivité du Sud-Ouest, et en particulier de Bordeaux.

«La situation géographique avec un accès à la mer et à la nature rapide, le prix de l'immobilier et la qualité de vie sont les grands atouts de la capitale girondine», selon elle .

«Cette envie de mobilité est plus marquée chez les cadres en deuxième partie de carrière», souligne Mme Ak, estimant qu'«il y a à Bordeaux de vraies opportunités professionnelles».

La situation de l'économie dans les prochaines années sera cependant cruciale pour confirmer cette tendance. «Notre problème est de donner du travail aux nouveaux arrivants», souligne M. Juppé.

Josy Reiffers, adjoint au maire chargé du développement économique, se veut rassurant: «sur le plan économique, les indicateurs sont moins défavorables qu'ailleurs».

«Avec mon époux, nous avons eu la chance de trouver deux CDI, mais autour de nous, beaucoup de néo-bordelais galèrent», témoigne Armelle, une urbaniste qui a quitté Paris il y a trois ans.

La ville compte attirer de nombreuses entreprises à travers ses différents projets d'aménagement, dont le centre d'affaires Euratlantique - autour de la gare - pour l'arrivée de la ligne à grande vitesse qui mettra, en 2017, Paris à deux heures de Bordeaux.

Alors que les loyers de bureaux sont trois fois moins chers qu'à Paris, selon M. Reiffer, la ville demeure également accessible pour les particuliers, même si le coût moyen de l'immobilier a plus que doublé en dix ans. Le prix du m2 dans un appartement ancien est en moyenne de 2910 euros (3800$) contre 8290 euros (10 900$) à Paris.

«Ici, nous sommes passés d'un 60 m2 à Paris à une grande maison avec un jardin de 200 m2», se félicite Armelle.