Esprit libre, artiste, acrobate et montagnard, le «rider de backcountry» skie et saute dans un environnement vierge et surtout fait rêver des millions de personnes grâce aux vidéos de ses exploits, cultissimes et fructueuses pour les fabricants spécialisés.

Ils ne sont qu'une infime partie des quelque 60 millions de skieurs dans le monde mais les riders sont de véritables marchands de rêve. Ils ont généralement entre 21 et 27 ans, s'habillent très décontracté - le pantalon taille très basse pour les plus jeunes - ne se prennent pas la tête et créent la tendance.

Depuis 10 ans, ils se jettent du haut des montagnes pour réaliser des figures aériennes spectaculaires dans la poudreuse, loin des pistes et hors des carcans institutionnels, auxquels s'est finalement plié le style libre, dont ils sont issus.

Anticonformistes à la vie de nomade, ils ne respectent qu'une règle, celle de la montagne, et ne se plient qu'à une condition: la météo. Ils ne courent pas les podiums mais s'attèlent à construire des scénarios pour mettre en scène leurs prouesses. Leur passion se vit en vidéo et en musique.

Ils sont à l'origine du boum de la «gopro», cette petite caméra polyvalente qui se fixe au corps. Il est rare de les voir réunis mais mi-janvier aux Arcs (Savoie), 20 des tout meilleurs de la planète ont fait le show pour une compétition unique, le Linecatcher, créé il y a 5 ans sous l'impulsion de Red Bull, géant mondial de la boisson énergétique et sponsor majeur du sport extrême.

«Tous ceux qui sont ici sont des gens d'images. Il n'y a pas beaucoup de sport, à part le surf et la planche, où on peut vivre de l'image. C'est un sport impressionnant et beau. Les gens disent qu'on est des cascadeurs mais au final ce n'est plus du tout le cas. Il y a une culture derrière ça», raconte à l'AFP le Français Richard Permin, sous contrat avec l'une des plus grandes sociétés de production d'images, Matchstick.

Un gros marché aux États-Unis

Avec cette société nord-américaine, il a tourné un film devenu culte, «Superheroes of stoke», qui a coûté 2 millions d'euros. Vendu environ 35 euros, il a été présenté dans de nombreux festivals dédiés au freeski. «En Europe, il n'y a pas cette culture du show mais aux États-Unis avec Matchstick c'est plus de 200 avant-premières dans toutes les villes. La première à Seattle c'est 2500 personnes. C'est un gros marché là-bas alors qu'en Europe c'est encore petit», poursuit le «Frenchie» de 27 ans qui a déjà sept films à son actif.

Permin vit de sa passion grâce à quatre gros commanditaires et reste muet sur le montant de ses revenus. Une tendance aussi chez les riders. Parker White, un Américain de 21 ans sous contrat avec 10 commanditaires, se contente de dire qu'il «paie toutes ses factures».

«J'ai vraiment tout fait pour éviter d'avoir un vrai travail dans ma vie. Juste faire ce que j'aimais pour ne pas avoir un vrai boulot. Parce que travailler pour de vrai, ce n'est franchement pas drôle», dit ce créatif qui fait un film par an.

Selon un représentant de la marque de ski Volkl, les contrats de base des riders internationaux varient de 5000 à 20 000 euros par an dans cette firme et en fonction de la notoriété, les enchères peuvent monter ailleurs jusqu'à 200 000 euros.

«Il y a des grands de l'industrie qui viennent faire un tour au Linecatcher pour voir ce qui se fait. L'industrie a une vraie vitrine. Quand tu ouvres n'importe quel magazine, tu vois toujours du ski de poudreuse, jamais du ski de piste. Alors ils vont vendre 1000 paires de skis ce qui est petit, par contre ils communiquent à fond là-dessus. Ca fait plus rêver. On est un tout petit milieu mais qui sert à tout le reste», avance Denis Raffault, organisateur du Linecatcher.