Sur la Côte d'Azur, les baigneurs de juillet pourront éviter de croiser la Pelagia noctiluca, la plus venimeuse des méduses de Méditerranée, grâce à un site internet expérimental qui livre désormais des prévisions inédites sur leur présence près des plages.

Le site (www.medazur.obs-vlfr.fr) se limite pour l'instant à une zone située entre Menton et Antibes et il est loin d'offrir une analyse plage par plage de la présence des méduses sur ce littoral très découpé aux expositions variées.

Mais il définit, en fonction de trois grandes zones, le degré du risque d'échouage des méduses: minimum (point bleu), modéré (vert) et maximum (rouge). On y apprend ainsi que l'indicateur sera au rouge samedi pour les touristes arrivant à Nice.

Les bulletins «météo-méduses» - une première mondiale, affirment les chercheurs - fusionnent un grand nombre de données: alertes faites par les baigneurs, mais aussi recherches de pointe menées par l'Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer.

Un programme scientifique, financé depuis deux ans à hauteur de 66 000 euros (82 600 $CAN) par le département des Alpes-Maritimes, étudie actuellement tout le cycle vital des méduses et leur distribution le long du littoral.

Le lancement de ces premières prévisions «marque le passage de la partie recherche à la vulgarisation auprès du public», se félicite Eric Ciotti, président du Conseil général des Alpes-Maritimes. Dans le département, la moitié des 10 000 interventions des pompiers auprès des baigneurs étaient dues à des piqûres de méduses durant l'été 2011.

La redoutée Pelagia noctiluca aux tentacules violacées, très présente depuis une dizaine d'années, provoque des sensations de brûlures, des démangeaisons, voire des allergies.

Les méduses vivent jusqu'à 400 mètres de profondeur et remontent à la surface la nuit. Lorsque les courants (notamment le «liguro-provençal» qui va de l'Italie à l'Espagne) les entraînent vers des eaux peu profondes, elles ne peuvent plus migrer et meurent en s'échouant.

Dans la profonde rade de Villefranche-sur-Mer, les scientifiques ont installé un «démonstrateur» inédit en France, grande bouée munie de capteurs mesurant par exemple les courants ou la salinité. La nuit, lorsque les méduses sont en surface, une caméra transmet leur image vers le laboratoire.

«La technologie est vraiment exceptionnelle», insiste Gabriel Gorsky, directeur de l'Observatoire océanologique. À cette bouée, d'un coût de 300 000 euros (375 000$CAN), devraient venir s'ajouter bientôt de «petites bouées» munies de caméras réparties le long des côtes, espèrent les chercheurs.

«Je ne sais pas si c'est efficace, mais on va l'apprendre cet été», dit Gabriel Gorsky, avec toute la prudence du scientifique. Parallèlement, «il faut centraliser l'information venant par exemple des maîtres-nageurs», préconise-t-il.

Philippe Bardey, pdg d'une société associée au projet, met déjà à disposition son site (https://meduse.acri.fr) alimenté par les observations des baigneurs, de la frontière italienne jusqu'à Marseille. «La participation éco-citoyenne est une tendance mondiale», note-t-il.

Les prévisions de MedAzur pourraient déjà être plus fines, glisse M. Gorsky, devant plusieurs élus. Mais les maires du littoral accepteront-ils d'être placés en alerte rouge? Silence prudent.

En attendant, les vacanciers peuvent aussi se renseigner auprès de leur plage favorite, ou encore porter comme en Australie des vêtements longs en tissus micro-poreux. Certaines communes se dotent aussi de filets protecteurs.

«Les méduses appartiennent à la nature, on doit cohabiter, nous ne voulons pas les exterminer», précise le scientifique.