Une Québécoise sommelière à Paris? Impossible! Détrompez-vous... Après la finance et la sexologie, Laura Vidal s'est passionnée pour le vin. La voilà maintenant au Frenchie, l'une des tables les plus en vogue de la capitale française. Comment a-t-elle atterri là? Portrait.

Le Frenchie est un des restaurants les plus courus de Paris. Inutile d'appeler pour réserver. Il est quasiment impossible d'avoir quelqu'un au bout du fil. Mais Laura Vidal a eu la chance inouïe de tomber sur le chef Grégory Marchand au premier essai. Quelques semaines plus tard, elle devenait la toute première sommelière du restaurant.

Illustration parfaite de l'expression «au bon endroit au bon moment» ? Peut-être bien, d'autant plus que la jeune Québécoise n'y allait même pas pour déposer son CV, mais plutôt pour présenter les vins de Pierre et Catherine Breton. Elle voulait faire goûter au chef-vedette les différentes cuvées de ces vignerons de la Loire à qui elle donnait un coup de main. Lorsqu'il lui a dit qu'il cherchait une sommelière (du beau sexe absolument) pour bâtir une carte des vins à saveur internationale, elle lui a répondu qu'elle connaissait quelqu'un. Elle-même!

La jeune femme sait ce qu'elle veut et prend les moyens pour l'obtenir. Au début de la vingtaine, elle pensait qu'elle voulait travailler dans le milieu des banques. Elle a donc fait des études en finances et entrepreneuriat à l'Université McGill. Puis, diplôme en main, elle est allée travailler dans une firme de capital d'investissement privé.

«La nature du travail m'amenait souvent à fréquenter des restaurants avec les clients. À un moment donné, j'ai réalisé que je tripais davantage sur les restos que sur le travail!»

Elle a par la suite pensé qu'elle voulait étudier la sexologie à l'UQAM. Mais encore une fois, elle errait. La restauration continuait de l'appeler. Elle a donc tout mis de côté pour aller travailler dans un restaurant. Mais pas n'importe lequel. Celui qui la faisait le plus «triper», à l'époque de ses repas d'affaires: le Club chasse et pêche.

Elle a commencé au bas de l'échelle, comme busgirl. Lorsque la direction a décidé d'offrir des cours de sommellerie à ses serveurs les plus motivés, Laura a levé la main bien haut, même si elle n'était encore qu'aide-serveuse.

«Je suis allée chez Renaud-Bray et j'ai acheté TOUS les livres sur le vin. Je suis devenue une vraie «wine nerd». Je suivais mes cours de sommellerie à l'École hôtelière de Laval avec Etheliya Hananova (ndlr: aujourd'hui sommelière du Lawrence), Melanie Boucher, Ray Manus et Pascal Domingue (Club chasse et pêche). C'était fantastique.»

Arrivée deuxième dans un concours d'aspirants sommeliers (Le divin défi), elle avait des ailes. Pour mettre son talent et ses connaissances en pratique, elle a travaillé en salle au Leméac.

Un an plus tard, une occasion a surgi. Les propriétaires de La face cachée de la pomme, qu'elle avait aidés lors du Salon des vins de Montréal, lui ont parlé d'explorer le marché français avec leur produit phare, le cidre de glace Neige. Sans attaches, Laura est partie en France faire une tournée de promotion de trois mois. Elle n'est jamais revenue.

C'est dans un salon des vins à Lyon que la jeune femme a connu Catherine Breton, vigneronne de vins naturels, biologiques et biodynamiques sur les appellations de Bourgueil, Chinon et Vouvray. La suite, on la connaît...

Laura travaille maintenant au Frenchie depuis un an et demi. La carte des vins du restaurant est passée de 30 à 250 références. «Comme Grégory a beaucoup voyagé, qu'il a travaillé à Londres (ndlr: avec Jamie Oliver) et à New York, il voulait une carte des vins internationale. Je suis donc allée chercher des vins français, italiens, espagnols, allemands, puis des vins grecs, autrichiens, néo-zélandais, chiliens, argentins.»

Sa position géographique stratégique lui permet de voyager à peu près une fois par mois chez les vignerons, en France, certes, mais aussi dans les pays européens voisins.

La sommelière considère qu'elle a une grande ouverture d'esprit en matière de vin, bien qu'elle admette avoir une préférence pour les petits vignerons-artisans. Elle se dit ouverte aux vins «naturels», mais pas à n'importe quel prix! Les vins trop déviants aux arômes fermiers, très peu pour elle. La grande brune ne jure que par l'élégance, la finesse, l'équilibre. Et ça lui sied à merveille!

Chez l'ami Jean

Ce restaurant est passionnément tenu par Stéphane Jégo qui livre une cuisine gourmande et décadente à souhait. La carte des vins est garnie de petites pépites.

27, rue Malar, VIIe arrondissement, 0 147 058 689

Agapé substance

La cuisine de David Toutain est précise et émotive à la fois. La carte des vins est très nature. Service assuré par Laurent Lapaire avec humour et professionnalisme.

66, rue Mazarine, VIe arrondissement, 0 143 293 383

Les enfants rouges

Dany, la patronne, est à la tête de l'une des caves les mieux fournies de Paris: vieux millésimes, domaines prestigieux et cuvées pointues qui ne vous videront pas le portefeuille.

9, rue de Beauce ou 90, rue des Archives, IIIe arrondissement, 0 148 878 061

Vous pouvez suivre Laura Vidal sur son blogue: www.lauravidal.fr