La compagnie Air France a décidé de faire voyager les mineurs non accompagnés loin de la proximité immédiate d'adultes pour se prémunir d'accusations d'attouchements sexuels à bord de ses avions, au risque, estiment les syndicat, de mettre en cause la sécurité des enfants.

«La nouvelle réglementation concernant les UM («unaccompanied minors») stipule qu'il ne doit pas y avoir de passager adulte sur le même bloc siège sauf en cas de cabine complète», a expliqué lundi à l'AFP Jean-Marc Quattrochi, délégué syndical à l'Union des navigants de l'aviation civile (Unac), un syndicat des hôtesses et stewards.

Cette directive, dont l'AFP a obtenu une copie, figure dans le nouveau manuel de sécurité et de sauvetage des personnels navigants commerciaux (PNC) édité en février. Elle aurait été édictée à la suite de plaintes de parents sur des vols vers les Etats-Unis, selon plusieurs sources internes.

Elle précise toutefois que «la présence d'un passager adulte sur un bloc siège adjacent, en priorité le siège situé de l'autre côté de l'allée, est impérative», une précaution insuffisante selon les syndicats.

«Cela va à l'encontre de la sécurité des vols et des enfants. Comment un passager assis de l'autre côté pourrait-il venir en aide à un enfant assis côté hublot?», interroge Guillaume Pollard, délégué du syndicat de pilotes minoritaire Alter.

Il souligne que cette directive va en particulier en contradiction avec les consignes en cas de dépressurisation présentées par l'équipage au début du vol: l'adulte doit s'équiper du masque à oxygène avant de mettre celui de l'enfant assis à côté de lui.

«En cas de dépressurisation d'urgence, l'adulte devra rester assis et attaché et je ne vois pas comment il pourrait mettre le masque de l'enfant assis de l'autre côté», commente M. Pollard.

Plusieurs personnels navigants commerciaux, souhaitant garder l'anonymat, soulignent que «pour le service juridique d'Air France, les probabilités d'attouchements sexuels sont plus élevées que celles de dépressurisation d'urgence».

Contacté par l'AFP, Air France n'était pas en mesure immédiatement d'indiquer le nombre de plaintes éventuelles pour attouchements sexuels sur enfants mineurs non accompagnés.