Du boulevard Haussmann, où il a pignon sur rue, le musée Jacquemart-André passe inaperçu. C'est en empruntant une rampe en partie couverte menant à la cour arrière que nous découvrons toute la beauté et la richesse de cet hôtel particulier ayant appartenu aux collectionneurs Édouard André et Nélie Jacquemart. À deux pas des Champs-Élysées et des grands magasins parisiens, voici une adresse où s'arrêter pour s'imprégner d'art... ou simplement prendre le thé.

Édouard André, héritier d'une puissante famille de banquiers (de la même trempe que les Rothschild), a mis sa fortune au service de sa passion: la collection d'objets d'art. Sans contraintes financières, il a confié à l'architecte Henri Parent la conception d'une demeure pour exposer ses acquisitions. Écarté de la construction du nouvel Opéra de Paris au profit de son confrère Charles Garnier, Parent va se surpasser dans l'édification de ce palais privé, qui sera inauguré en 1875.

 

Quelques années plus tard, Édouard André épouse la portraitiste Nélie Jacquemart, qui adhère pleinement aux projets artistiques de son mari et préside d'une main ferme à la mise en place des collections. Dans leur testament, les deux mécènes lèguent leurs biens à l'Institut de France, mais demandent qu'on ne touche pas à l'accrochage. Un siècle plus tard, les salles sont demeurées intactes.

Au rez-de-chaussée du musée domine la peinture française du XVIIIe siècle, chère à Édouard André. Des oeuvres de Nattier, de Vigée-Lebrun, de Chardin et de Fragonard habillent le salon des peintures, le cabinet de travail et le boudoir. Faite sur mesure, la salle des tapisseries expose les trois pièces des Jeux russiens tissées à la Manufacture royale de Beauvais. Dans la bibliothèque, des toiles de Rembrandt, de Van Dyck et de Frans Hals composent la collection hollandaise, peu nombreuse, mais éloquente.

Étage italien

Du jardin d'hiver, somptueux et baigné de lumière, nous montons à l'étage consacré aux collections d'art italien du Quattrocento que le couple Jacquemart-André réservait à ses amis intimes. On y trouve des fresques, des sculptures de Francesco Laurana, de Donatello, de Luca della Robbia, des oeuvres de Botticelli, de Bitticini et le célèbre Saint Georges terrassant le dragon d'Uccello.

Sur deux étages, d'un salon à l'autre, le visiteur peut admirer des fauteuils estampillés Carpentier, un secrétaire en laque de Chine orné de bronzes dorés, des objets précieux acquis en Orient. Les époux collectionneurs ont constitué un ensemble de meubles des époques allant de Louis XIV à Louis XVI.

L'ancienne salle à manger de l'hôtel est devenue un salon de thé où une série de consoles Louis XV en bois sculpté et doré servent d'ailleurs de dessertes. L'endroit est charmant, avec son plafond orné d'une fresque de Tiepolo dont les personnages en trompe-l'oeil accoudés à la balustrade donnent l'impression de saluer les visiteurs. Quant à la salade de foie gras... Ce restaurant est tout indiqué pour une pause gourmande avant ou après la visite.

Coup de coeur

Le musée Jacquemart-André est un coup de coeur d'Esther Trépanier, qui connaît bien Paris pour y avoir étudié. La directrice générale du Musée national des beaux-arts du Québec a invité Le Soleil à le visiter récemment, alors que l'exposition Du Greco à Dali, les grands maîtres espagnols de la collection Pérez Simón y est présentée avant d'être montrée à l'automne dans la Vieille Capitale.

En plus des collections permanentes, le musée parisien accueille des expositions temporaires depuis 2000. Pour mieux comprendre les lieux et les oeuvres qui s'y trouvent, un audioguide est offert gratuitement.

Ce voyage a été payé par le Musée national des beaux-arts du Québec.