Les marchés de Noël sont une tradition plus que centenaire en Europe. Mais à Paris même, ils sont relativement récents et, dans les faits, les Champs-Élysées accueillent cette année leur tout premier marché de Noël!

Précisons-le tout de suite: les marchés de Noël parisiens ont relativement peu à voir avec ceux de l'Allemagne ou du reste de la France, où les artisans sont nombreux et les décorations, traditionnelles. À Paris, dans les sept arrondissements qui proposent un marché, on trouve, outre un manège pour les enfants, des kiosques où acheter gants, chapeaux et foulards (humidité hivernale oblige), bijoux, colifichets, bibelots... mais c'est surtout, surtout pour des mets délicieux à déguster sur place que ces marchés valent la peine: amandes pralinées au sucre sous nos yeux, galettes de sarrasin ou churros (beignes espagnols) au chocolat, vin chaud, etc. Que ce soit lace des Abbesses, place des Nations ou place Saint-Germain-des-prés, ce n'est pas pour acheter des cadeaux qu'on les visitera (vraiment rien d'exceptionnel), mais bien pour y savourer de la nourriture.

 

C'est encore plus vrai du marché de Noël des Champs-Élysées (jusqu'au 31 décembre, tous les jours de 10 h à 20 h): quelque 90 kiosques aux couleurs de 20 pays de l'Union européenne (c'est le thème de 2008) y offrent savons, parfums, chapeaux et moufles, décorations, bijoux, etc., d'intérêt assez relatif, ainsi qu'une maison du père Noël et des chevaux de bois pour les enfants. Mais on peut y luncher ou dîner ou souper sur le pouce en se léchant les autres doigts!

Par ici la tartiflette géante: dans une casserole grande comme une roue de tracteur, on fait sauter pommes de terre, oignons et des dizaines de Reblochon de Haute-Savoie - on peut même en manger une version «maritime» et un brin iconoclaste, au saumon fumé. Or, la tartiflette n'est véritablement bonne que si elle est géante. Celle-là l'est. Et six ou sept euros (soit une dizaine de dollars canadiens) pour une grosse portion de tartiflette faite sur place par des maîtres en la matière, c'est un excellent rapport qualité-prix

On préfère peut-être les saucisses artisanales accompagnées d'aligot, cette mousseuse purée de pommes de terre à laquelle les Auvergnats ajoutent crème, tome fraîche et ail? Il y en a. Du poulet à la provençale préparé par des Provençaux? Itou. Et des chocolats artisanaux, des marshmallows tout aussi artisanaux, des fruits confits, de vrais cannelés bordelais (délicieux petits gâteaux moelleux au rhum recouverts de caramel craquant)? En masse - y compris des vraies de vraies patates en chocolat! On peut accompagner le tout de cidre chaud parfumé au miel. Ou de vin chaud épicé franchement délicieux, réconfortant comme tout (et moins cher que dans les cafés et restos, qui en offrent tous, l'hiver, à Paris). Sandwichs bourrés de viande, cochonnailles, fromages, il y a de tout, et on mange sur place, à l'une des quelques petites tables ou en marchant.

Or, marcher sur les deux kilomètres des Champs-Élysées illuminés pour Noël, c'est en soi un plaisir: les 415 arbres de «la plus belle avenue du monde» sont habillés de petites diodes bleues et de longs néons qui créent un effet de cascade, sans oublier des décorations un brin kitsch dans les diverses fontaines de l'avenue. Avec un verre de vin chaud à la main, pour reprendre les mots de Dassin, «il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Élysées». Même une grande roue absolument gigantesque, où les cabines de plexiglas protègent du froid et offre une vue unique sur Paris.