L'oenotourisme, très en vogue depuis une dizaine d'années dans le vignoble bordelais, dans le sud-ouest de la France, vise désormais une clientèle haut de gamme venant des quatre coins de la planète.

L'oenotourisme, très en vogue depuis une dizaine d'années dans le vignoble bordelais, dans le sud-ouest de la France, vise désormais une clientèle haut de gamme venant des quatre coins de la planète.

 D'ores et déjà, pas moins de 25 agences se sont mises sur le créneau rivalisant d'imagination pour faire vivre à de riches amateurs américains, russes ou asiatiques, essentiellement, des moments uniques dans des endroits prestigieux.

Déguster un grand cru dans les galeries souterraines de Saint-Émilion, passer la nuit dans un château du Médoc ou se faire ouvrir les caves des plus grands crus font partie de l'offre qu'il faut cependant adapter en fonction des nationalités.

Les Russes «ne sont pas de vrais amateurs de vins, ils recherchent plutôt des étiquettes», affirme Marie-Chantal Leboucq, guide interprète dans le Bordelais. «Après la visite de Vladimir Poutine à Cheval Blanc, ils voulaient tous y venir», se souvient-elle.

L'une des principales tâches de ces professionnels du tourisme consiste donc à faire ouvrir les portes de châteaux, aux noms évocateurs, pour satisfaire la curiosité de leurs clients.

C'est le plus souvent accompagnés d'un guide et d'un chauffeur que les Russes parcourent pendant deux à trois jours, les différents grands domaines de Bordeaux, faisant preuve d'«un rythme de dégustation très dense», selon un professionnel.

Ils se distinguent parfois par leur goût prononcé pour les demandes les plus extravagantes. Ainsi, l'un d'eux a récemment fait voler au-dessus des vignes un avion avec une banderole sur laquelle étaient inscrits son prénom et la mention «bon anniversaire».

De l'avis général, les Américains sont davantage avides de découvertes. «Ils cherchent à connaître les différences entre les cépages et à comparer le Bordeaux avec le vin californien», remarque Bastien Lalanne, chef concierge au Régent, un hôtel de luxe qui vient d'ouvrir au coeur de Bordeaux.

Ils n'hésitent pas à pousser les portes de propriétés plus modestes et se montrent curieux de l'histoire des lieux et des grandes familles.

Mais luxe peut aussi se conjuguer avec écologie. Récemment, des banquiers américains ont sillonné pendant plusieurs jours les routes des différentes appellations bordelaises à vélo... avec des voitures suiveuses pour l'assistance.

La majorité de ces clients logent dans des hôtels de luxe situés au coeur des vignes, dans les environs de Bordeaux, notamment à Margaux, Saint-Émilion ou dans un hôtel, en face du Château de Smith Haut Lafitte, où ils peuvent s'initier à la «vinothérapie».

D'autres préfèrent, pour environ 200 euros en moyenne, passer une nuit dans un château, comme Franc-Mayne, Beychevelle ou Bellefont Belcier ou mieux louer un château, moins réputé, pour 2400 euros la semaine.

Du côté de la table, la clientèle étrangère se montre curieuse de la cuisine authentique du Sud-Ouest - foie gras, canard... - alors que d'autres préfèrent les restaurants étoilés de la région.

Mais les limites pour faire rêver ces riches touristes sont sans cesse repoussées. Ainsi, l'homme d'affaires Bernard Magrez, qui va se lancer en septembre dans l'oenotourisme de luxe, proposera pour 2000 euros, par personne, un séjour de deux jours dans le Bordelais. Pour ce prix, ils se verront offrir un dîner dans un des quatre châteaux du groupe dans lesquels ils se rendront en hélicoptère ou en Rolls-Royce.