La «Ville blanche» chère aux Serbes, est engagée dans une longue et ambitieuse rénovation, bien résolue à tourner le dos au sombre passé des années 90.

Près de 10 ans après les bombardements de l'OTAN, en mars 1999, pour contraindre les forces du président yougoslave Slobodan Milosevic à relâcher leur emprise sur le Kosovo, les ruines des bâtiments frappés par les missiles de l'Alliance sont toujours là, au milieu de la ville, avec leurs fenêtres aveugles et leurs façades béantes.

 

La guerre et les sanctions internationales à l'encontre du régime de Milosevic, la négligence par la suite, ont fait que les édifices aux murs fatigués et aux balcons parfois menaçants pour les passants ne se comptent plus dans Belgrade, cette ville qui fut le théâtre de tant de batailles, plus d'une quarantaine dit-on, au cours de sa longue histoire.

Les autorités de la ville ont cependant entrepris un travail de longue haleine visant à rénover l'apparence de la capitale serbe, espérant bien que les touristes étrangers voudront prendre en photo autre chose que les ruines des différents bâtiments ravagés par les missiles Tomahawk de l'OTAN.

«La ville est superbe, en particulier pour faire la fête, mais certains immeubles auraient besoin d'être restaurés», convient Marcus, un touriste suédois d'une trentaine d'années, pour la première fois à Belgrade.

Échafaudages, ouvriers s'activant au ravalement des façades décrépites, les chantiers de rénovation sont fréquents dans les rues de Belgrade, la population entendant profiter d'une initiative gouvernementale visant à inciter les Belgradois à retaper leurs immeubles.

«Nous avons adopté une loi sur la rénovation des façades, aux termes de laquelle la ville couvre 70 % des coûts et les habitants 30 %. Cela devrait embellir la ville sur le long terme», explique le maire adjoint de Belgrade, Milan Krkobabic.

Dix mille immeubles au moins, représentant 44 % des logements privés de la ville, attendent leur tour pour restaurer leurs façades et leurs toits, selon le quotidien Politika.

«Ces derniers mois, nous avons restauré une soixantaine d'édifices», précisait début décembre un responsable de la municipalité, Boris Micanovic.

Cette activité trépidante intervient à un moment où l'économie du pays a enregistré ces dernières années une croissance pouvant aller jusqu'à 8 % et où la capitale serbe doit faire face à une augmentation constante de sa population. Selon certaines estimations, Belgrade s'est accrue d'un million d'habitants depuis le recensement de 2001, date à laquelle les Belgradois étaient au nombre de 1,5 million de personnes.

Selon Milan Krkobabic, 30 000 personnes supplémentaires sont chaque année à la recherche d'un emploi à Belgrade.

La diversité des styles architecturaux de la ville, où l'influence austro-hongroise voisine dans le centre-ville avec certains témoignages de l'occupation ottomane ou encore les bâtiments massifs de l'époque communiste, reflète le passé tumultueux de la ville.

Mais les autorités de Belgrade se plaisent à souligner que Belgrade bénéficie d'une réputation croissante pour sa vie nocturne, ses fêtes et rappellent que la capitale serbe s'est vue décerner en 2006 par le Financial Times l'appellation de «ville de l'avenir» pour l'Europe du Sud-Est.

Près de 10 % des étrangers déclarent venir désormais à Belgrade pour ses divertissements, ses festivals de musique rock ou tsigane, ou encore pour les fêtes de fin d'année, relève la directrice de l'Organisation du Tourisme de Belgrade, Jasna Dimitrijevic, qui s'insurge contre les «préjugés» dont souffre encore sa ville.