Nouveaux venus sur le marché des transports dans l'encombrée métropole turque d'Istanbul, les bateaux taxis se taillent un franc succès auprès des classes aisées depuis leur lancement fin juillet sur les rives du Bosphore.

Du minibus au téléphérique en passant par les ferries ou les funiculaires, les 13 millions de Stambouliotes pensaient avoir tout essayé pour échapper un tant soit peu aux dantesques embouteillages de leur ville, qui ne dispose que de deux ponts pour franchir le détroit du Bosphore la coupant en deux.

C'était compter sans l'ingéniosité d'une entreprise turque, Teknomar, dont la dernière création est entrée en service le 26 juillet pour le compte de la régie municipale des transports maritimes d'Istanbul (IDO).

Le nouveau né, un catamaran de 11 mètres de long sur 4,3 de large produit dans un chantier naval stambouliote, peut accueillir jusqu'à dix passagers et fonctionne comme un taxi ordinaire, avec facturation au mille nautique parcouru et centrale d'appel pour commander un véhicule sur le quai de son choix.

«C'est une opération unique au monde», assure Alphan Manas, président du Conseil d'administration de Brightwell, la maison mère de Teknomar. «A ma connaissance, nulle part ailleurs on ne facture au mille, il y a toujours des horaires».

L'opération a débuté avec quatre bateaux taxis. Mais pour faire face à la demande - 6250 demandes de taxi en 50 jours, dont 1750 seulement ont pu être satisfaites faute de navires - leur nombre est passé à six, et devrait atteindre la douzaine d'ici la fin de l'année puis 25 fin 2009, selon IDO.

«Il y a une grosse demande provenant d'hommes et de femmes d'affaires qui veulent voyager sans avoir à respecter des horaires fixés d'avance, pour aller à l'aéroport par exemple», explique Kerem Arsan, expert en marketing chez IDO.

«C'est un peu un transport de riches. Ce n'est pas bon marché mais nous fournissons un transport très rapide et à la carte», ajoute-t-il.

Avec une ouverture du compteur à 15 livres turques (12 dollars), et 10 livres de plus par mille nautique parcouru, le bateau taxi n'est pas en effet à la portée de la première bourse venue, même si le prix de la course peut se partager entre les passagers lors d'un voyage en groupe.

Teknomar, qui rêve d'une flottille de 75 à 100 bateaux taxis, étudie par ailleurs de nouvelles pistes.

«Nous sommes en pourparlers avec les entreprises qui font du transport scolaire d'une rive à l'autre du Bosphore», indique M. Manas. «Nous avons aussi des discussions avec les grandes marques qui offrent un service de transports à leurs clients».

Le tarif n'a pas effrayé Ahmet Filiz et sa soeur Hafize, rencontrés fin septembre à bord d'un bateau taxi entre le quai d'Ortaköy, sur la rive européenne du Bosphore, et celui de Kuzguncuk, rive orientale.

«Des amis nous attendent à Kuzguncuk et comme nous étions en retard pour notre rendez-vous, nous avons appelé un bateau taxi. Le trajet va nous prendre 10 ou 15 minutes alors que par la route ça aurait duré plus d'une heure», raconte Ahmet, 27 ans, employé de direction.

«Je ne l'utiliserai peut-être pas tous les jours, mais en cas de besoin, c'est sûr que je ne regarderai pas à la dépense», poursuit le jeune homme, qui a déboursé 45 livres turques (60 $) pour la course.