C'est de la côte andalouse que par trois fois, Colomb s'est lancé à la conquête de ce qu'il croira toujours être les Indes. Grâce à lui, l'Andalousie a fait la richesse de toute l'Espagne aux XVIe et XVIIe siècles.

Palos de la Frontera

À côté de la ville de Huelva, Palos de la Frontera doit son nom à la frontière historique entre les royaumes chrétien et musulman. En 1490, après avoir appris que les rois catholiques avaient rejeté sa demande d'expédition vers les Indes, Christophe Colomb se réfugie au monastère Santa Marìa de la Ràbida. Par l'intermédiaire d'influents moines franciscains dont il était très proche et grâce à l'intervention du prieur et confesseur de la reine Isabelle, sa proposition est enfin acceptée.

Le 3 août 1492, après s'être recueillie avec ses hommes dans la petite chapelle face à la statue d'albâtre de la Vierge des Miracles, la petite flotte - un navire, deux caravelles et 90 membres d'équipage - quitte Palos. Elle se dirige vers les îles Canaries, espagnoles depuis 1477. Le 12 octobre, le marin atteint San Salvador, dans l'archipel des Bahamas, puis Cuba et Haïti. De retour sept mois plus tard après avoir essuyé des tempêtes, il rapporte à son bord des preuves de sa découverte: des Indiens, de l'or, des légumes et des épices.

À faire

Descendre au Parador de Mazagón au bord de l'océan (à 10 minutes en voiture de Palos).

El Puerto de Santa Marìa

La ville aux cent palais a servi aux musulmans de porte d'entrée à la péninsule et son port a joué un rôle essentiel dans les expéditions vers l'Amérique. C'est là qu'aurait été construit la Santa Marìa, le plus grand des navires qui a accompagné Christophe Colomb lors de son premier voyage vers le Nouveau Monde. Subsiste la fontaine des Galères où s'approvisionnaient en eau les caravelles. C'est des hauteurs du castillo San Marcos que, deux ans durant, Colomb venait travailler à sa deuxième expédition. Bâti sur un temple romain transformé en mosquée puis en église, le château défensif du XIIIe siècle dominait la rivière Guadalete et l'océan. Depuis 1500, sa façade affiche la première carte du monde incluant l'Amérique, dessinée par Juan de la Cosa.

Une bourgeoisie de commerce est née avec les échanges commerciaux avec les Amériques. Les transporteurs ont notamment construit des palaces, à la fois des lieux de vie et de négoce avec embarcadère privé. La ville conserve quelques-unes des élégantes résidences-palais construites aux XVIe et XVIIe siècles par les riches «dockers des Indes».

À faire

Prendre un repas au restaurant Aponiente, deux-étoiles Michelin, qui sert d'excellents produits de la mer.

Cadiz 

Le 14 septembre 1493, ce sont cette fois-ci 17 navires et environ 1500 hommes, dont 700 colons et 12 missionnaires, qui mettent les voiles à Cadix. À bord, des chevaux, des plants de vigne et des armes avec l'idée de créer des plantations de canne à sucre dans les grandes îles: Hispaniola et Cuba. Anobli, Colomb fonde à Hispaniola (actuels Haïti et République dominicaine) la première colonie permanente du Nouveau Monde, où il installe ses planteurs et massacre ou traite en esclaves des centaines d'Indiens. 

Il rentrera en 1496 avec 500 d'entre eux, dont près de la moitié mourra pendant la traversée. Si les découvertes de l'amiral déçoivent les attentes - les bénéfices rapides et importants en matière d'épices ou d'or ne surviennent que plus tard -, ses voyages ouvrent la voie aux autres grands aventuriers comme l'Espagnol Hernan Cortes, conquérant de l'Empire aztèque (1519), ou le Portugais Magellan: la même année, il entame à Cadiz le premier tour du monde de l'histoire.

Au XVIIe siècle, ce port est entre les mains d'une bourgeoisie commerçante et libérale. Des tours miradors construites en haut des maisons des bourgeois commerçants leur permettent de communiquer et de négocier avec les bateaux avant même qu'ils n'accostent. Très riche aux XVIIIe et XIXe siècles et très cosmopolite, Cadiz était l'unique cité espagnole vraiment moderne.

À faire

Se restaurer au Royalty, sur la Plaza Candelaria.

Jerez de la Frontera (Xérès)

La viticulture andalousienne, développée par les Romains et jamais interrompue malgré des siècles d'occupation arabe, connaît un nouvel essor sous l'influence chrétienne, notamment grâce au commerce avec la France et surtout l'Angleterre. Le xérès est le premier vin à parvenir en Amérique. De gros volumes y sont expédiés et ce commerce fait un énorme bond.

Environnée de vignes plantées en rangs serrés sur une terre blanche de calcaire, Jerez abrite en son centre sept bodegas aux seuils ornés d'un blason: vin fino résineux, manzanilla, amontillado, oloroso... La gamme des vins de Xérès est complexe et surprenante.

Contrairement à ceux de Cadiz, les riches commerçants vivent à l'extérieur de la ville, dans des cortijos au milieu de leurs terres.

Avec Sanlucar de Barrameda - célèbre pour sa production de manzanilla et pour ses fruits de mer et El Puerto de Santa Maria -, Jerez de la Frontera forme ce que l'on appelle le triangle du Xérès. Aujourd'hui capitale du flamenco avec Cadiz et Séville, la ville est aussi réputée pour ses élevages de chevaux de pure race andalouse.

À faire

Assister à un spectacle de flamenco au Tablao Puro Arte.

Photo Thinkstock

C’est à El Puerto de Santa Marìa qu’aurait été construite la Santa Marìa, le plus grand des navires qui a accompagné Christophe Colomb lors de son premier voyage.