Véritable musée à l'air libre, ville gourmande, culturelle et sportive, Barcelone explose de vitalité et ne cesse de fidéliser ses touristes en leur offrant chaque année de nouvelles attractions. Retourner dans la ville de Gaudí, c'est revivre le charme et l'émerveillement d'une première visite.

Une ville en mouvement

Avec ses neuf édifices inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, ses musées réputés, sa myriade de cafés et de restaurants et ses kilomètres de plages à quelques minutes du centre-ville, la capitale catalane fait partie de ces villes où l'on aime retourner, à défaut de tout plaquer pour pouvoir s'y installer !

L'année 2016 pourrait bien être celle de Barcelone. À 10 ans du 100e anniversaire de la mort d'Antoni Gaudí, la ville s'apprête à inaugurer, après de longues rénovations, la Casa Vicens, l'un des premiers chefs-d'oeuvre de l'architecte de renommée mondiale.

2016, c'est aussi le début de la dernière décennie de travaux pour la Sagrada Família, qui devrait être prête à temps pour les festivités de ce centenaire marquant. Autant de raisons qui font parler de Barcelone et contribuent à la maintenir parmi les villes les plus visitées du Vieux Continent.

Depuis les années 90, Barcelone a vu le nombre de touristes quadrupler, passant de moins de 2 millions à 7,8 millions en 2014. « Les Jeux olympiques [de 1992] ont rajeuni la ville et l'ont fait connaître au monde entier », estime Ann-Marie Brannigan, cofondatrice de Runner Bean Tours, qui organise avec son conjoint, Gorka, des visites guidées à Barcelone depuis 2010.

« Chaque année, j'ai l'impression de voir de plus en plus de touristes revenir avec leurs amis, leurs enfants, parce qu'il y a tant à découvrir, explique l'Irlandaise d'origine, qui s'est installée pour de bon à Barcelone il y a huit ans. Des musées et des monuments de Gaudí qui s'ouvrent au public tous les ans, les uns plus incroyables que les autres, aux restaurants qui poussent un peu partout en ville, en passant par l'atmosphère dans les rues, les marchés, les festivals... Il y a toujours quelque chose à voir à Barcelone. »

Plaisirs renouvelés

Selon l'office de tourisme de Barcelone, la moitié des touristes (50,4 %) n'en étaient pas à leur première visite en 2014.

Teresa Pérez, professeure et auteure, notamment du guide Comprendre l'Espagne chez Ulysse, retourne à Barcelone chaque fois qu'elle se rend en Espagne. « J'ai toujours aimé Barcelone et, dès la première fois que j'y ai mis les pieds, c'est son côté cosmopolite qui m'a éblouie le plus. Très ouverte, grouillante de vie, un peu loufoque, voilà la première impression que j'ai eue de la ville, renouvelée par la suite chaque fois que j'y suis retournée. »

Les raisons pour y revenir ne semblent jamais manquer, ajoute-t-elle. Revoir les merveilles de l'Art nouveau ou se promener dans les lacis de la cité médiévale. Se laisser emporter par la marée humaine des Ramblas vers la mer ou s'éloigner de la foule en se réfugiant dans le cloître de la cathédrale. Se régaler des délices du marché La Boquería et retourner dans les cafés, où elle a dégusté le meilleur chocolat du monde. Ou simplement profiter de la gastronomie catalane qui, dit-elle, est l'une des plus riches d'Espagne.

La métamorphose de certains quartiers de Barcelone n'échappera pourtant pas aux visiteurs qui ont connu la ville il y a plusieurs années. « Aujourd'hui, par exemple, c'est beaucoup plus sécuritaire et agréable de se promener dans le Barri Gòtic », remarque Teresa Pérez, qui note toutefois un embourgeoisement des vieux quartiers populaires, où l'on trouve désormais quantité de boutiques branchées.

On assiste aussi à l'émergence de nouveaux quartiers animés aux portes de la vieille ville, comme Gràcia ou Poblenou, dont les marchés, les bonnes tables et une offre d'hébergement croissante attirent de plus en plus les touristes désireux de découvrir d'autres facettes de Barcelone, ajoute Montse Planas.

Et si l'on dispose de suffisamment de temps, souligne Mme Planas, les alentours de Barcelone possèdent eux aussi leur charme. On peut se diriger en direction du nord, pour visiter le théâtre-musée Dalí à Figueras, la ville de Girona, la Costa Brava ou les Pyrénées, ou mettre le cap vers le sud et découvrir de petits joyaux, comme Tarragone et Reus.

« Il y a une offre telle que même si on reste un mois à Barcelone, on ne s'ennuiera pas », affirme Montse Planas.

Cinq nouveautés barcelonaises

Casa Amatler

Cet édifice du célèbre Passeig de Gràcia, voisin de la Casa Batlló de Gaudí et oeuvre de l'architecte catalan Josep Puig i Cadafalch, est accessible depuis mars 2015 à de petits groupes à la fois. Dans le même pâté de maisons faisant partie de « l'îlot de la discorde », la Casa Lleó i Morera, de l'architecte Lluís Domènech i Muntaner, a elle aussi partiellement ouvert ses portes aux visiteurs en janvier 2014.

Visitez le site de la Casa Amatller (en catalan)

> Visitez le site de la Casa Lleó i Morera

Torre Bellesguard



Depuis septembre 2013, ce château médiéval situé au pied du mont Tibidabo, et restauré par Gaudí, n'accueillait plus les visiteurs que dans ses jardins ; on peut maintenant aussi en visiter l'intérieur.

> Visitez le site de Torre Bellesguard

Sant Pau



Cet hôpital moderniste construit par Domènech i Montaner, encore en chantier, est destiné à devenir un centre culturel. Il propose, depuis février 2014, des visites guidées dans son enceinte et des expositions temporaires.

> Visitez le site de Sant Pau

Disseny Hub



Inauguré en décembre 2014, le nouveau musée du design de Barcelone regroupe les musées des Arts décoratifs, de la Céramique, du Textile et des Arts graphiques sous un même toit, à deux pas de la Torre Agbar.

> Visitez le site de Disseny Hub (en anglais)

Casa Vicens



Les visiteurs pourront bientôt avoir accès à la première maison conçue par Gaudí, ses propriétaires ayant décidé de l'ouvrir au public et entrepris des rénovations pour la transformer en musée. Ouverture à venir, à l'automne 2016.

La Sagrada, 150 ans de construction

La date tant attendue de la fin du chantier de la Sagrada Família a été enfin révélée l'automne dernier : l'emblème de Barcelone, le chef-d'oeuvre inachevé d'Antoni Gaudí, sera terminé en 2026, soit 144 ans après la pose de la première pierre.

Certains éléments décoratifs pourraient encore manquer, mais le tout devrait être achevé pour de bon d'ici 2030 ou 2032, selon l'actuel architecte en chef de l'immense chantier et le neuvième à la tête du projet, Jordi Faulí.

Dès 2020, la tour de Jésus Christ devrait être surmontée de sa croix, ce qui fera alors de la Sagrada Família la plus haute cathédrale d'Europe. Les 18 tours qui compléteront le monument vont quant à elles transformer la silhouette de Barcelone.

Il y a 15 ans, le lieu le plus visité d'Espagne n'avait pas encore de toit, mais les visiteurs affluaient déjà par milliers afin de contempler la façade de la Nativité. Les ventes de billets d'entrée servant à financer la construction du monument, le chantier a connu plusieurs retards liés aux baisses d'achalandage au cours du siècle dernier. Mais depuis les années 90, la notoriété de la Sagrada Família n'a cessé de croître et a enfin permis d'envisager la fin de ce projet grandiose de Gaudí dont a hérité Barcelone.

En quelques dates

1882 : La première pierre du plan original, conçu par l'architecte Francisco de Paula del Villar, est posée.

1883 : Antoni Gaudí reprend le projet et y travaille jusqu'à sa mort, en 1926.

1892 : Les travaux démarrent sur la façade de la Nativité.

1936 : Un incendie détruit la crypte durant la guerre civile espagnole.

1954 : Début des travaux sur la façade de la Passion.

2005 : La partie réalisée du vivant de Gaudí est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

2010 : Son toit terminé, la Sagrada Familia est reconnue comme une basilique par le pape Benoît XVI et devient un lieu saint ouvert au culte.

Planifier sa visite

• Pour éviter les files d'attente interminables et écarter le risque de se voir refuser l'entrée en raison d'un trop grand afflux de visiteurs, on peut acheter ses billets en ligne et choisir le jour et l'heure de sa visite.

• Prix d'entrée : à partir de 15 euros

• Les tours peuvent être interdites d'accès en cas de mauvais temps ou d'un trop grand nombre de visiteurs.

• Les réservations sont nécessaires pour les visites guidées en français.

Visitez le site de la Sagrada Familia (en anglais)

PHOTO JOSEP LAGO, ARCHIVES AFP

La façcade de la Passion

Vues de haut

Rien de plus impressionnant que d'admirer Barcelone de ses hauteurs afin de mesurer son étendue, contempler les collines qui découpent son paysage ou scruter ses quartiers à la recherche de bâtiments emblématiques. Découvrez cinq points de vue pour explorer la ville de haut.

Téléphérique du port de Barcelone

Le trajet de 1,3 km en téléphérique, qui relie le port (depuis la tour de San Sebastiá) au Montjuïc, offre probablement l'une des vues aériennes les plus impressionnantes sur l'ensemble de la ville, autant pendant l'ascension que du belvédère où l'on atterrit. Il est préférable de n'acheter qu'un aller simple pour poursuivre sa visite sur la colline ou la redescendre à pied. Si l'idée de tanguer dans le vide vous rebute, le Mirador de Colom offre lui aussi une vue spectaculaire depuis le littoral.

Hauteur : jusqu'à 100 mètres

Prix : 11 euros pour l'aller simple

Mirador de Colom : 60 mètres de haut (6 euros)

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

Cathédrale de Barcelone

Dans l'une des alcôves qui font le tour de la cathédrale de la Santa Creu i Santa Eulàlia de Barcelone, une pancarte discrète indique l'entrée de l'ascenseur qui grimpe les trois étages menant jusqu'au toit. Depuis cette terrasse aménagée en passerelles, on dispose d'une vue privilégiée sur les toits du Barri Gòtic, la silhouette du château de Montjuïc et les gratte-ciel érigés dans les zones en périphérie du centre historique. Elle offre en outre un excellent point de vue sur les détails des tours-clochers de la cathédrale gothique.

Hauteur : environ 50 mètres

Prix : 3 euros

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

Las Arenas

Les anciennes arènes de la ville, qui ne servaient plus à des corridas depuis la fin des années 70, ont cédé la place en 2011 à un centre commercial moderne abritant boutiques, salles de cinéma et restaurants. On emprunte l'ascenseur intérieur et les escaliers roulants pour accéder à la terrasse, d'où l'on peut profiter d'une vue à 360 degrés des environs, notamment des tours vénitiennes de la Plaça d'Espanya et du parc de Joan Miró. On peut aussi atteindre la terrasse grâce à un ascenseur extérieur panoramique qui fait face au grand rond-point de la place d'Espagne.

Hauteur : 27 mètres

Prix : gratuit (1 euro pour l'ascenseur externe)

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

Parc Güell

Aménagé sur la colline d'El Carmel, ce qui devait être à l'origine un quartier résidentiel commandé par l'entrepreneur Eusebi Güell à Gaudí offre depuis sa célèbre terrasse de mosaïques une vue imprenable de Barcelone, jusqu'à la mer, où se détache la silhouette de la Sagrada Família. Il suffit de lever les yeux de cette cité qui semble tout droit sortie d'un conte de fées pour admirer le panorama. Un classique, à voir et à revoir.

Hauteur : environ 150 mètres

Prix : 7 euros en ligne, 8 euros sur place

Casa Milà (La Pedrera)

Ce célèbre édifice conçu par Gaudí à l'angle du Passeig de Gràcia avait suscité tout un tollé de la part des autorités municipales lors de sa construction, il y a un siècle, puisqu'il dépassait les limites permises en termes de hauteur et de superficie. Pour une expérience hors du commun, on le visite de soir, lorsque les lumières de la ville transforment le paysage urbain. Du toit, on aperçoit les tours distinctives d'un autre projet grandiose de l'architecte catalan, qui offre lui aussi sa propre vue sur la ville : la Sagrada Família.

Hauteur : 84 mètres

Prix : à partir de 20,50 euros (adultes)

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

Cinq arrêts en ville

À Barcelone, les bonnes adresses ne manquent pas. Devant la déferlante d'endroits recommandés où manger, dormir ou déguster une spécialité, on ne sait souvent plus où donner de la tête. Voici quelques coups de coeur à proximité de cinq grands centres d'intérêt.

Déjeuner à deux pas de La Pedrera

La boulangerie Baluard de la Barceloneta figure depuis belle lurette parmi les meilleures en ville, les habitués du quartier s'y ravitaillant en pain, pizzas, sandwichs ou viennoiseries avant d'aller à la plage.

La bonne nouvelle, c'est que Baluard possède désormais une deuxième succursale, rue Provença, dans l'Eixample. Celle-ci fait partie de l'hôtel Praktik Bakery, qui offre à ses clients une formule déjeuner originale (incluant, entre autres, des viennoiseries à volonté), mais est ouverte à tous.

Le coin café est bondé ? On en profite pour prendre sa commande à emporter. Avec un peu de chance, on se déniche une place sur l'un des bancs du Passeig de Gràcia voisin et on savoure ensaïmada ou madalena en admirant, pour la énième fois, l'architecture loufoque de La Pedrera.

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

La boulangerie Baluard à deux pas de La Pedrera.

Casser la croûte sur La Rambla

Il est grandement déconseillé d'affronter l'animation étourdissante de La Rambla le ventre vide. On s'arrête donc à la fenêtre du réputé Enrique Tomas, sur Carrer de Pelai, pour commander une bocata de jamón gran reserva - une baguette très mince au jambon salé à sec, très prisée par les étudiants de l'université toute proche.

En marchant en direction du port, on arrive immanquablement à l'un des célèbres arrêts de la capitale catalane : le Mercat de la Boqueria. Barcelone grouille de marchés, mais celui-ci est le plus grand de la Catalogne, le plus animé et... le plus cacophonique. Facile de s'y perdre devant le mélange d'arômes qui nous chatouillent les narines. Mais si l'on aime les fruits de mer, il faut coûte que coûte s'arrêter au Bar Boqueria pour essayer le « pulpo a la gallega », de la pieuvre si fraîche qu'elle fond dans la bouche.

Se payer la traite dans le Barri Gòtic

Pas toujours facile de trouver des restaurants authentiques au coeur des grands centres historiques... Mais à la Bodega La Palma, nichée dans une petite enclave des rues étroites du quartier gothique, les habitués sont légion. C'est qu'on y sert des fromages, des vins, des tapas et des plats de la région dans un local d'époque, sans prétention, et une atmosphère typiquement barcelonaise, où l'on prend plaisir à goûter gâteaux d'aubergine et anchois marinés, parmi tant d'autres spécialités.

> Visitez le site de la Bodega La Palma



Une bonne raison de découvrir Poblenou


Situé à l'est du parc de la Ciutadella et du Barri Gòtic, l'ancien quartier industriel Poblenou, désormais lieu de prédilection des artistes et des jeunes professionnels, est près du centre, mais beaucoup moins fréquenté par les touristes - du moins pour l'instant. C'est donc l'endroit idéal pour dénicher des secrets bien gardés par les résidants du coin, comme le restaurant Calamarga, à quelques minutes à pied de la charmante rue principale du quartier, La Rambla del Poblenou. Ouvert depuis moins d'un an, le local est déjà victime de son succès puisque les files d'attente y sont monnaie courante en soirée. Il vaut mieux réserver sa place ou tenter sa chance après midi pour profiter des tables d'hôte qui permettent de goûter aux créations du moment à bon prix. Le menu change, mais on y murmure que boeuf et poisson y sont toujours aussi bons.

> Visitez le site du Calamarga (en catalan)

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

Enrique Tomas

Dormir dans l'Eixample

S'il fallait résumer l'Hôtel Vueling en trois points, on dirait qu'il est idéalement situé, d'une propreté impeccable et... drôlement « aérien » !

Ouvert depuis 2013 sur la Gran Via de Les Corts Catalanes, à cinq minutes à pied d'un arrêt de l'Aerobus (qui relie l'aéroport) et du grand carrefour qu'est la Plaça de la Universitat, le douillet hôtel a décoré chacune de ses chambres en fonction d'une destination de Vueling, la compagnie aérienne à bas coût installée à Barcelone.

Les moindres détails - des affichettes de porte aux employés vêtus comme des agents de bord, en passant par le comptoir d'accueil, qui rappelle un kiosque d'embarquement, et le restaurant du rez-de-chaussée, semblable à une gigantesque cabine de pilotage - y évoquent un décor d'aéroport ou d'avion. Les plus : une salle d'entraînement physique et une piscine extérieure sur la terrasse.

Si l'on ne déjeune pas sur place, le bâtiment voisin héberge l'académie de pâtisserie Escribà, où l'on peut choisir parmi une appétissante variété de croissants pour accompagner son café.

À partir de 59 euros la nuit.

> Visiter le site de l'Hôtel Vueling

PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

L'Hôtel Vueling