Le Café Gijon, lieu mythique de la culture madrilène menacé de fermeture après plus de 120 ans d'existence, va finalement poursuivre son activité sans encombres, ayant eu le droit de conserver sa précieuse terrasse, a-t-on appris lundi auprès de la mairie.

«Le Café Gijon garde la terrasse», a indiqué à l'AFP un porte-parole de la municipalité, confirmant une information du journal ABC.

Cette terrasse, à l'ombre des grands arbres plantés sur le Paseo de Recoletos, au coeur de Madrid, a accompagné chaque jour de la vie du café, qui a vu passer, entre autres grands noms, Salvador Dali et Ernest Hemingway depuis son inauguration en 1888.

Mais elle est toujours restée propriété de la mairie et cette dernière a attribué en juillet la concession, d'une durée de 25 ans, à une autre entreprise, Santa Engracia, qui proposait de payer 144 000 euros (175 000 $CAN) par an au lieu des 70 000 euros (85 000 $) offerts par le Café Gijon.

Privé de sa terrasse qui lui apporte 60 à 70% de ses revenus, le café, où travaillent 42 employés, risquait de ne pas survivre, ce qui avait provoqué une levée de boucliers des artistes et intellectuels ayant leurs habitudes autour des tables de marbre, comme avant eux le poète Federico Garcia Lorca ou le cinéaste Luis Bunuel.

D'autres noms célèbres y ont fait escale, dont Marcello Mastroianni, Truman Capote ou Ava Gardner.

La société Santa Engracia a finalement renoncé début août à cette concession, a précisé la mairie, invoquant selon ABC la crise économique, particulièrement virulente en Espagne, mais aussi leur inquiétude face aux mobilisations du monde culturel contre leur projet.

L'opposition au Parlement régional, menée par les socialistes, a notamment demandé le classement du café comme Bien d'intérêt culturel.