Frappé de plein fouet par la crise, le secteur touristique espagnol avec son modèle vieillissant «soleil et plage», tente une modernisation accélérée pour répondre à la «révolution» entraînée par Internet et les nouvelles technologies.«Nous voulons sortir du modèle +soleil et plage+ même si cela reste une composante importante pour l'économie espagnole» explique Felipe Formariz, responsable à Turespana, organisme public chargé de la promotion à l'étranger du tourisme.

Pour cela, le secteur espagnol qui a enregistré une chute de 5,6% de son chiffre d'affaires 2009 à 6,38 milliards d'euros, multiplie les initiatives pour se mettre à l'heure de Facebook et Twitter, devenus d'importantes sources d'«inspiration» pour les voyageurs.

Turespana vient d'inaugurer son propre espace sur le plus fameux des «réseaux sociaux», Facebook et va organiser un concours sur Twitter, autre célèbre réseau permettant de communiquer par mini-messages.

«L'objectif est d'accéder, à travers les réseaux sociaux, à de nouveaux clients, plus jeunes et indépendants, en invitant les voyageurs à raconter leur propre expérience de l'Espagne», explique M. Formariz en marge du Fitur, grande foire annuelle du tourisme qui ferme ses portes dimanche à Madrid.

Le souci est de regagner des parts de marché alors que le pays a perdu une place dans le classement mondial des destinations, pointant maintenant au 3e rang derrière France et États-Unis, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT).

La nouvelle cible désignée, ce sont les «natifs digitaux, ceux qui sont nés avec Internet, ne connaissent pas le téléphone fixe et utilisent Twitter comme système de SMS», explique Alvaro Carrillo, directeur d'ITH, organisme chargé de diffuser les nouvelles technologies dans l'hôtelerie.

Il fait référence aux termes de l'Américain Marc Prensky qui distingue les «natifs» des «immigrants», ceux qui ont dû apprendre et s'adapter à Internet et aux nouvelles technologies.

«C'est actuellement le grand défi: comment utiliser Facebook, Twitter et les autres réseaux sociaux dans les stratégies commerciales» du secteur touristique explique-t-il.

Pour Borja Rodriguez, patron d'Almia, société spécialisée dans les nouvelles technologies, «Internet et les réseaux sociaux représentent un changement radical dans les stratégies touristiques».

«Maintenant le touriste consomme différemment: avant il allait dans une agence de voyage et faisait confiance à un seul guide. Il va maintenant sur Internet, demande à d'autres, compare et à la fin achète son billet», explique-t-il.

«Internet et les réseaux sociaux sont en train de révolutionner le secteur touristique», renchérit Pedro Jareno, responsable de Minube, site Internet original qui mélange réseau social et agence de voyage en ligne.

Cette «révolution» a commencé dans les années 1990 avec le boom des réservations en ligne de billets d'avion et d'hôtel.

Elle connaît maintenant une «seconde phase»: Internet n'est plus essentiellement utilisé pour acheter mais pour «inspirer» le voyage grâce aux conseils qui circulent sur les réseaux sociaux, explique M. Jareno.

Minube a été conçu précisément pour regrouper tout ce qui permet d'inspirer et planifier un voyage: conseils de voyageurs, moteur de recherche d'avions et d'hôtels, jusqu'à des guides téléchargeables personnalisés réalisés à partir des recommandations d'autres usagers.

Visité chaque mois par un million de personnes, ce site espagnol a atteint récemment son point d'équilibre financier et des versions française (Monnuage), allemande, italienne et portugaise ont été lancées.