Joseph Le Corre est un retraité heureux. Ce Français idéaliste, entreprenant et amoureux de longue date de l'île de Korcula, a réussi son pari de devenir le seul et unique libraire de toute la côte croate. Il nous présente son île magnifique, où est né un certain Marco Polo.
Le rendez-vous des littéraires
De Rijeka au nord à Dubrovnik au sud, la côte croate comprend plusieurs dizaines de villes et plus de mille îles, mais aucune ne possédait de librairie.
Joseph Le Corre y a remédié. En créant Kutak Knjiga (littéralement le coin des livres) en 2014, il a réalisé son rêve de retraite. Et ça marche, très bien!
Il propose des livres en 12 langues, dont principalement le croate, le français et l'anglais, aux habitants de Korcula autant qu'aux nombreux visiteurs de passage.
Il organise régulièrement des séances de signatures sur la belle terrasse du Grand Hôtel Korcula face à un coucher de soleil à couper le souffle.
http://kutak-knjiga.blogspot.fr/
La maison natale de Marco Polo
Marco Polo n'était-il pas vénitien? La question demeure aussi incontournable que sa maison familiale située au coeur de la stupéfiante vieille ville fortifiée de Korcula.
La réponse est simple: lorsque Marco Polo naquit, en 1254, Korcula, comme toute la côte dalmate, appartenait à la République de Venise.
Les emblèmes de la Sérénissime sont partout. Richissime, la famille Polo était liée à la papauté romaine pour le compte de laquelle elle entreprit le fameux voyage jusqu'en Chine.
Joseph Le Corre aime aussi Le livre des merveilles du monde, le récit, ou légende, de voyage signé Marco Polo, aussi inspirant que les écrits de Nicolas Bouvier.
Le rendez-vous des gastronomes
Inauguré en 1974, le restaurant Adio Mare demeure un lieu prisé des habitants locaux comme des touristes.
Puisqu'il est admirablement situé entre la cathédrale et la cour extérieure de la maison de Marco Polo, on tombe forcément dessus en parcourant les ruelles qui sont autant d'escaliers de pierre abrupts.
Il faut savoir cela aussi de la côte dalmate: le plat n'y existe tout simplement pas.
À Adio Mare (Adieu la mer), on se pose pour déguster les mets locaux: saucisson de sanglier sauvage, marinades de poissons séchés, mijotés de viandes, grillades de fruits de mer, fromage de brebis à l'huile d'olive locale plusieurs fois primée à l'étranger.
Et puis les vins, bien sûr...
Les villages vignerons
«Le vin, ce n'est pas de l'alcool», disent les habitants des îles croates. Une chose est sûre: le vin est une tradition depuis que les Grecs sont venus s'installer sur cette côte au IVe siècle av. J.-C..
Côté terre, l'île de Korcula est aussi impressionnante que côté mer. Notamment dans les vallées de Cara et de Smokvica, à quelque 15 km de la ville de Korcula, que surplombent d'antiques villages de vignerons.
Des rouges forts en tannins, notamment le Plavac, mais surtout des blancs, à la fois fruités et puissants comme le Posip local, prisé à l'exportation.
Le village des tailleurs de pierre
Côté terre également, le village semi-désertifié de Zrnovo, en à-pic au-dessus des forêts de pins et de cyprès.
Une faune sauvage encore très abondante dans les forêts (sangliers, lièvres, chevreuils...) et une longue tradition de chasse aujourd'hui réglementée, mais aussi un soin attentif à laisser grandir les cyprès dont les troncs forment traditionnellement les poutres porteuses des maisons, toujours en pierres.
De larges pierres immaculées, emblématiques de la côte croate, qui resplendissent au soleil. Le village de Zrnovo, aujourd'hui quasi abandonné, a longtemps réuni la confrérie des tailleurs de pierre de Korcula.
Le silence et la beauté brute du lieu y restent impressionnants.
Vieilles pierres et plages de sable
Situé dans la baie adjacente à celle de la ville de Korcula, le village balnéaire de Lumbarda attire le tourisme familial avec ses plages de sable, rarissimes sur cette côte escarpée et rocailleuse qui ouvre sur une mer limpide à plus de 30 m de fond.
Mais Lumbarda compte aussi son village historique, ses maisons de grosses pierres de taille assoupies sous les treilles, les myrrhes et les oliviers centenaires, et sa vue sur l'île de Peljesac, «l'île chauve», disent les habitants locaux, car en permanence balayée par des vents puissants, agréables l'été, mais dangereux en hiver pour les marins comme pour les insulaires.