La Croatie, pays aux mille îles et à la célèbre cité médiévale de Dubrovnik, a déjà sa place sur la carte touristique mondiale, mais compte néanmoins sur son adhésion le 1er juillet à l'Union européenne pour dynamiser encore plus le tourisme, fleuron de son industrie.

«L'adhésion à l'UE va certainement embellir l'image de la Croatie en tant que destination touristique et pourrait aussi attirer des investissements», estime Goran Hrnic de l'agence Gulliver, membre de TUI Travel, le plus grand voyagiste européen.

La Croatie a enregistré 11,8 millions de visites touristiques en 2012 (+5,1% par rapport à 2011), un record pour ce pays méditerranéen de 4,2 millions d'habitants.

Les touristes étrangers, notamment allemands, slovènes, autrichiens et italiens ont réalisé 10,3 millions de visites.

Zagreb a ainsi engrangé 6,8 milliards d'euros de recettes en 2012, soit 15% du PIB, montant qui a considérablement aidé ce pays, en récession quasiment permanente depuis 2009, à ne pas voir son économie dégringoler davantage.

Le pays met en avant sa côte Adriatique bien préservée, longue de plus de 1700 km, et avec ses quelque 1000 îles et îlots, dont seuls 66 sont habités.

Un climat méditerranéen séduisant, des liaisons aériennes bon marché, des prix raisonnables pour les touristes de la zone euro, mais aussi des luxueux ports de plaisance attirent aussi bien des célébrités internationales que des aventuriers cherchant des baies isolées pour y passer des vacances de Robinson Crusoe.

Après dix ans de négociations laborieuses, l'adhésion à l'UE «sera une énorme publicité pour la Croatie», fait valoir Zeljko Miletic, président de l'association des hôteliers de la région de Dubrovnik (sud).

En 2012, près de 800 000 touristes ont visité les remparts de Dubrovnik, cité construite entre le 12e et le 17e siècle.

Cette année, l'agence Gulliver propose des promenades sur les traces des lieux de tournage de la série télévisée d'aventures fantastico médiévales «Game of Thrones» («Le trône de fer»), produite par la chaîne câblée américaine HBO et qui bat les records d'audience.

Outre les touristes qui viennent essentiellement par avion et qui restent en moyenne cinq jours sur place, Dubrovnik accueille par ailleurs chaque année environ un million de croisiéristes qui s'y arrêtent juste pour quelques heures.

«Beaucoup d'Européens connaissent la Croatie, mais beaucoup d'autres viendront la découvrir», assure un touriste allemand, Hanke Reitz, rencontré sur Stradun, principale rue piétonne de cette cité médiévale classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Après un pic atteint dans les années 1980, le tourisme croate avait été ravagé par la guerre d'indépendance de l'ex-Yougoslavie (1991-95). Dubrovnik avait été assiégé et bombardé par l'armée yougoslave, ce qui avait choqué l'opinion internationale.

Depuis, Dubrovnik a retrouvé sa gloire touristique sous le slogan «La Méditerranée telle qu'elle était autrefois».

Le minuscule restaurant Skola (École), caché dans une étroite ruelle, respecte à la lettre cette devise en proposant des sandwiches au jambon et fromage fabriqués selon des recettes traditionnelles.

«Rien n'a changé au cours des cinquante dernières années, ni la qualité, ni le service. C'est pourquoi les gens nous aiment», se félicite la patronne, Dinka Popovic, précisant que sa petite boutique, parfois ouverte toute la nuit, vend durant la haute saison quelque 500 sandwiches par jour.

«Ça sera mieux comme membre de l'Union européenne», dit son mari Miljenko. «Il n'y aura pas de frontière, les gens viendront nous voir plus souvent».

L'adhésion à l'UE pourrait toutefois avoir certaines conséquences négatives pour le secteur, car Zagreb a été obligé de suivre les recommandations européennes et introduire depuis le 1er avril des visas pour les visiteurs russes, ukrainiens et turcs.

«Les réservations de Russie et d'Ukraine ont baissé d'environ 15% par rapport à nos projections», déplore M. Hrnic.

Près de 200 000 Russes ont visité la Croatie en 2012. C'est moins de 2% du nombre total des visites, mais les Russes ont la réputation de dépenser gros.