La Croatie est l'une des plus anciennes destinations européennes pour les naturistes, et les adeptes de ce type de communion avec la nature sont convaincus que leur pratique va continuer à se développer dans ce pays favorisé par sa splendide côte Adriatique.

«À Kandarola, les naturistes peuvent trouver leur propre coin de paradis, un coin, un petit espace juste pour eux, sans être dérangés», explique Nedjeljko Mikelic, directeur de l'Office de tourisme sur l'île de Rab, située dans le nord de l'Adriatique croate.

La plage de Kandarola, où se succèdent roches et galets, bordés d'une luxuriante végétation méditerranéenne, est aussi surnommée «la plage anglaise» depuis que le roi britannique Edouard VIII s'y est baigné nu, en août 1936, avec sa future épouse, Wallis Simpson.

Depuis, les plages accueillant les naturistes se sont multipliées le long du littoral croate, raconte Davorin Zugcic, président de l'Association des naturistes de Croatie.

Il existe actuellement onze camps naturistes en Croatie, mais aussi des dizaines de plages réservées aux adeptes du soleil, «officielles» ou «sauvages».

Dans la péninsule d'Istrie (nord du littoral croate), Koversada, qui fête cette année ses cinquante ans, assure avoir été le premier complexe naturiste en Europe.

Ici, les touristes sont autorisés à vivre 24 heures sur 24 en harmonie avec la nature.

Katalin Reigl, une médecin hongroise de 63 ans, passe ses vacances dans cet endroit depuis trente ans avec son mari Endre. Assis devant leur caravane, ils évoquent les moments heureux passés ici.

«Notre fils et nos deux petites-filles ont appris à nager ici», se souvient Mme Reigl.

Mojca Likar, une Slovène, et son mari Zmago, sont eux aussi des habitués de l'endroit depuis vingt ans. «Les enfants deviennent honteux à l'adolescence, mais plus tard, lorsqu'ils ont des enfants à leur tour, ils reviennent au naturisme», explique Mojca.

«Les naturistes sont plutôt des gens détendus», ajoute Zmago Likar.

Dans le camp, un espace de quelque 120 hectares comprenant pas moins de cinq kilomètres de plages, les gens se promènent nus la plupart du temps. Ils sont néanmoins obligés de s'habiller pour aller faire leurs courses ou pour aller au restaurant.

«Les naturistes sont en général des hôtes fidèles. Ils reviennent au même endroit pendant des années et pendant plusieurs générations», explique le directeur du camp, Nenad Skuflic.

«Ils n'ont qu'un seul souhait, que cela reste purement et simplement un campement pour naturistes», souligne-t-il.

La plupart des naturistes qui viennent en Croatie sont des Allemands. Ils représentaient quelque 40% des hôtes logés fin juillet à Koversada. Ils sont suivis par des Slovènes, Autrichiens, Hongrois et Néerlandais.

Le naturisme a connu son époque florissante en Croatie dans les années 1980, mais M. Skuflic estime qu'il existe toujours de forts potentiels de développement.

Les naturistes d'aujourd'hui ont toutefois tendance à être davantage individualistes, rechignant à rejoindre des associations. Ils voyagent davantage et changent plus volontiers de lieux de villégiature.

«La question est «comment attirer les nudistes pour qu'ils deviennent des naturistes»», explique-t-il.

Alors que les nudistes sont des gens qui aiment profiter du soleil et de la mer sans maillot de bain, les naturistes passent leurs vacances dans des centres spécialisés, précise M. Skuflic.

«Le nudisme est le premier pas vers la naturisme», résume-t-il.

Quelque 15% des plus de 10 millions de touristes que la Croatie accueille chaque année sont occasionnellement nudistes, selon les estimations.

L'industrie touristique est cruciale pour l'économie croate et contribue à hauteur de 18% au produit intérieur brut du pays.