Longeant des conteneurs empilés, des grues au travail et des cargos pétroliers, les pistes cyclables du port de Rotterdam, quatrième port mondial et plus grand d'Europe, invitent le touriste à sillonner à vélo ce paradis industriel.

«Tout est tellement surdimensionné! On vient de naviguer derrière un porte-conteneurs», s'émerveille Aat van Toor, qui descend, son vélo à la main, d'un bac pour piétons et deux-roues qui relie en 10 minutes les deux rives de la Meuse sur lesquelles le port de Rotterdam a prospéré.

 

Ce retraité de 61 ans vient de parcourir les plaines sablonneuses de la Maasvlakte et ses nombreux terminaux. Il est passé devant 38 citernes blanches - capables d'engranger assez de pétrole pour approvisionner le monde entier pendant 14 jours -, des monticules de minerais, une centrale électrique, des éoliennes et l'enchevêtrement de tuyaux d'une immense usine chimique.

«Tout à l'heure, on est passés devant un cargo qui était en train de faire le plein d'essence. Et ça se sentait, ça pue!» s'amuse-t-il. «Ce que j'aime, c'est cette activité incessante. Il se passe toujours quelque chose. C'est un endroit où on peut voir l'activité industrielle, mais la mer, la plage, les dunes ne sont qu'à un jet de pierre.»

«On a rarement l'occasion de voir le port de si près», renchérit Piet Bakker, un enseignant à la retraite vêtu d'un maillot de cycliste bariolé, accoudé au bastingage du bac avec sa femme et leurs vélos de course.

En été, par beau temps, jusqu'à 800 touristes peuvent emprunter chaque jour le bac, selon son exploitant Boy Ottevanger. «Mais nous transportons aussi des gens qui vivent sur une rive et travaillent sur l'autre», précise-t-il.

Le port, qui s'étend sur 40 km le long de la Meuse, emploie directement 1200 personnes et génère par son activité 70 000 emplois.

«Nous voulons que le port soit accessible, ouvert au public et compréhensible», explique Henk de Bruijn, en charge du développement stratégique du port.

Selon lui, «aucun port au monde» n'est aussi accessible que celui de Rotterdam, grâce à ses 250 km de pistes cyclables, mais aussi à ses routes qui passent devant des raffineries, des chantiers navals ou des dépôts où des millions de conteneurs sont transbordés chaque année sur des camions ou des trains.

Les plages qui se sont formées sur les berges de certains chenaux et les dunes qui renforcent les côtes, avec vue imprenable sur le va-et-vient des navires, sont d'ailleurs plébiscitées par les Néerlandais à la belle saison.

Quelque 22 000 personnes ont par ailleurs visité depuis son ouverture, en mai, le centre d'information sur le dernier chantier de la société portuaire, un ensemble de nouveaux terminaux, la Maasvlakte 2.

Pour réaliser ce projet gigantesque, qui doit permettre au port de Rotterdam de remédier à son manque d'espace lorsque le commerce mondial se rétablira, 365 millions de mètres cubes de sables doivent être pompés dans la mer. Pour l'heure, un mince banc de sable seulement affleure à la surface de l'eau.

Certains quais du nouveau territoire, qui devrait augmenter la surface du port de 20%, soit 2000 hectares ou 2000 terrains de football, seront en activité dès 2013.

«Tout ce qu'on voit ici a été fait par l'homme. C'est vraiment néerlandais, gagner de la terre sur l'eau!» s'émerveille Ruud Fortuin, un enseignant de 38 ans en balade avec ses trois enfants et son épouse. «Mais encore faut-il enfourcher son vélo pour le voir!»