Se faisant passer pour une comtesse, l'impératrice Sissi y a séjourné à quelques reprises. Hemingway y est passé, tout comme le Mahatma Gandhi et une flopée de nobles russes. Jean-Jacques Rousseau a chanté les beautés du site, tout comme Hugo et Lamartine. Gounod y aurait composé Faust. Et Charlie Chaplin est venu y passer les 25 dernières années de sa vie.

On les comprend. Avec le lac Léman omniprésent, les montagnes du Jura ou des Alpes en arrière-fond, les hôtels-palaces qui s'échelonnent le long des rives et le microclimat qui permet même aux palmiers de s'étirer sur la promenade, Montreux, sa voisine Vevey et toute la Riviera suisse représentaient le berceau idéal pour accueillir riches et puissants désireux de se la couler douce au XIXe siècle.

C'était alors l'apogée du romantisme et rien ne pouvait mieux combler les élans du coeur que ce coin de Suisse romande. Pour s'abreuver de beauté, on arrivait sur les bords du Léman avec toute sa suite de domestiques et comble du luxe, les hôteliers apportaient une baignoire dans la chambre des clients désireux de se rafraîchir ou de se laver.

Sur les pentes escarpées, la vigne pousse car il n'est pas de belle vie sans bon vin et bonne chère. Ajoutez à cela que c'est à Vevey que fut inventée la recette du chocolat au lait et vous comprendrez vite qu'on n'y venait pas pour manger de la misère.

Si les nobles russes se font plutôt rares de nos jours, cette élégance passée reste encore bien actuelle dans les multiples hôtels-palaces, fort chers, dans les bateaux à vapeur qui sillonnent le lac où de nombreux cygnes glissent sagement.

Mais la Riviera, c'est beaucoup plus. C'est un passé infiniment plus lointain représenté par le fameux château de Chillon, prestigieuse forteresse médiévale et aussi par ce modernisme incarné on ne peut mieux par le célèbre festival de jazz de Montreux et son cortège de vedettes. Succombant aux attraits de l'endroit, Shania Twain y a même élu domicile.

Érigé dès le XIIe siècle pour les comtes et les ducs de Savoie, le château de Chillon, construit sur un rocher, a pratiquement les pieds dans le Léman. Il servait à la fois d'habitation, de forteresse, d'avant-garde stratégique pour contrôler ce passage important et même de prison. En helvète, le mot Chillon signifie d'ailleurs «rocher». La visite du château constitue un incontournable pour quiconque vient à Montreux. Patriote genevois célèbre qui avait eu le tort, en plus de son action politique, de s'opposer à l'Église, François Bonivard y a été enfermé pendant cinq ans. Sa captivité a inspiré à Lord Byron un de ses plus célèbres poèmes. Il faut croire que ses années de prison n'ont pas trop éprouvé Bonivard qui a trouvé le moyen, par la suite, de se marier quatre fois et de faire plus d'une vingtaine d'enfants.

Idéalement, Montreux et Vevey doivent se vivre au ralenti. On prend l'apéro en bord de lac. On s'y promène, rencontrant au passage une statue de Freddy Mercury à Montreux ou de Charlot à Vevey. On s'étonne aussi devant la fourchette géante plantée dans le lac, juste en face de l'Alimentarium de Vevey, un musée où, dit-on, on peut tout apprendre sur les aliments et l'alimentation en général. Sortie classique, on monte dans un bateau à vapeur pour admirer cette beauté d'un autre point de vue. Il faut aussi s'enfoncer un peu à l'intérieur puis grimper en hauteur pour arpenter quelques jolies petites rues. C'est, avec son charme d'une autre époque, la douceur de vivre, dans le refuge des riches et célèbres.