Le Museummeil, à Bonn, est un grand boulevard où les voitures sont reines, tandis que les piétons et les vélos sont rares. Sur un peu plus d'un kilomètre et demi (un mille) sont alignés plusieurs grands musées érigés quand la petite ville était la capitale de l'Allemagne de l'Ouest.

L'influence de l'occupation américaine en Allemagne est particulièrement visible à Bonn. Même si la ville a été choisie comme capitale en partie parce qu'elle avait été relativement épargnée par les bombardements alliés, un plan d'urbanisme, qui rappelle celui de Washington, l'a complètement transformée. Ses grands espaces verts rappellent aussi l'atmosphère des parcs urbains des États-Unis.

À deux pas du «mille des musées», la promenade sur le Rhin s'étend sur 26 kilomètres tandis que le chemin de la Démocratie fournit les grandes lignes de l'histoire allemande récente. Très jolie avec ses quelques cafés et les montagnes Siegengebirge à l'arrière-plan, la promenade sur le Rhin est coupée de la vieille ville de Bonn par le grand parc du Hofgarten, où les étudiants de l'université voisine manifestaient durant la guerre froide contre l'OTAN.

On pense à Québec ou à Ottawa, dont le statut de capitale cohabite parfois difficilement avec leur taille modeste. Mais comme on est en Allemagne, un pays trois fois plus peuplé que le Canada, les musées qu'a pu conserver Bonn après sa déchéance politique valent vraiment le détour. Le musée égyptien, dont la collection remonte à 200 ans, a des pièces exquises, dont un poisson en pierre émouvant de simplicité, du IVe siècle avant notre ère. Le musée de sciences naturelles Koenig est un témoin émouvant de l'énergie et des moyens des riches collectionneurs du XIXe siècle. Le printemps dernier, deux expositions majeures sur la Sicile (de l'Odyssée à Garibaldi) et le Japon impérial se chevauchaient au musée d'art. Et pour comprendre les vicissitudes du pays depuis 1945, l'excellente Maison de l'histoire de la République fédérale n'a pas sa pareille. On y apprend notamment que les avions qui ont assuré le pont de Berlin en 1948 ont été surnommés «bombardiers de raisons», pour bien les distinguer de ceux qui avaient réduit le pays en cendres durant la Deuxième Guerre mondiale.

Les manifestations au Hofgarten ont été remplacées par les dimanches en famille dans les aires de jeux pour enfants, et Bonn s'est recentré sur sa principale source de renommée internationale, la maison natale de Beethoven. On peut y voir plusieurs instruments dont il a joué - sur ses violons et violoncelles, il apposait un sceau avec la lettre B. Détail émouvant, un signet qu'il a donné à son épouse, dont il a corrigé le message imprimé, «soyez heureux», pour le mettre au féminin. Le compositeur y a vécu 22 ans: il devait retourner à Bonn après ses études à Salzbourg, mais l'occupation de la Rhénanie par les troupes françaises après la Révolution l'a poussé vers d'autres cieux. D'autres temps, mais toujours des troupes étrangères.

Malgré sa taille modeste, Bonn est très ancien. La première église y a été érigée à la fin du IVe siècle dans une place forte romaine, avant d'être remplacée par une église romane dont on peut encore admirer le cloître, place Münster.

Le dimanche, un marché d'artisanat s'installe sur la place Munster et on y trouve des créations de très bonne qualité, dont des coffres à bijoux sculptés dans de petits troncs d'arbres. Ensuite, on peut s'attabler dans un café pour boire une bière kölsch locale, servie dans un verre beaucoup plus petit qu'ailleurs en Allemagne. Le ballet des serveurs qui transportent parfois une douzaine de ces verres dans un petit carrousel est pittoresque.

À noter, les trains rapides ICE s'arrêtent dans la ville voisine de Siegburg, où il faut prendre un tramway menant à Bonn en 25 minutes. 

Mus�©es qui valent le d�©tour