Plages infinies, littoral dramatique, îles à explorer sur deux roues ou à pied... La région du Morbihan, dans le sud de la péninsule bretonne, se découvre au grand air.

Sur la côte

La géographie de notre journée d'exploration de la péninsule de Quiberon allait du sud au nord.

La matinée était consacrée à la randonnée le long de la côte Sauvage. Prenez n'importe quel guide de voyage de la Bretagne et vous verrez: ce bout de littoral déchiqueté figurera dans les incontournables à visiter.

Pourquoi cette belle unanimité? Parce que la côte prend des airs tragiques avec ses falaises, ses criques, ses dunes, que la mer est souvent démontée et que le vent souffle plus fort qu'ailleurs, on le jurerait. Bref, parce que la côte Sauvage porte bien son nom et qu'elle a des allures de bout du monde.

Perché à la pointe Beg er Lan, le château (privé) de Turpault est un lieu «instagrammable» à souhait. C'est d'ici que s'amorcera la randonnée, sur des sentiers de terre battue larges et bien entretenus. Nous marcherons sur près de 8 km, aller simple, plein nord, avec, à notre gauche, l'océan. La péninsule de Quiberon, véritable flèche de terre qui s'étire sur 14 km, est bordée à l'ouest par l'Atlantique grondant et, à l'est, par la plus tranquille baie de Quiberon. C'est à l'est que se concentrent les petits ports de pêche et les plages. À l'ouest, la baignade est interdite. Les seuls à outrepasser le règlement sont les surfeurs et les pêcheurs sous-marins, qui remontent à leurs risques et périls des crustacés des eaux froides.

Une étroite route asphaltée longe aussi le sentier de randonnée et est ponctuée d'aires de stationnement. Il est donc possible de passer d'une pointe à l'autre (ou d'une crique à une grotte) en automobile plutôt qu'à pied. Mais c'est se priver de magnifiques points de vue sur l'océan. Et l'été, pendant la haute saison, ces stationnements sont vite remplis, ce qui cause quelques maux de tête aux automobilistes, locaux comme étrangers.

En un mot, la marche sied bien à ce paysage dramatique et, de toute façon, on peut s'arrêter tous les 10 m pour savourer le panorama.

Le Trou du souffleur où s'engouffrent les vagues avec fracas. Port-Bara et sa grotte qui se découvre à marée basse. Port-Blanc, son arche de pierre et ses rochers transperçant l'eau, entre lesquels s'exercent des surfeurs. La pointe du Percho et son ancien poste douanier qui domine la mer.

Ce ne sont pas les raisons de s'arrêter qui manquent, qu'on soit en auto ou à pied...

Voile terrestre

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Une famille sur la plage du port Bara

La marée est sur le point d'être à son point le plus bas. Direction: la plage de Kerhillio, à Erdeven, pour s'initier à l'une des activités les plus populaires du coin, le char à voile.

Le moniteur de l'école Zef Attitud', Benoit Groisard, est vêtu d'habits imperméables de la tête aux pieds. Il est fin prêt à recevoir un groupe aussi enthousiaste que disparate. Un père avec son fils de 7 ou 8 ans, deux adolescentes qui cherchent à dissimuler leur fébrilité sous un air blasé, un grand-père venu célébrer ses 75 ans en grand...

L'activité commence par un cours d'anatomie de ce qui nous servira de moyen de transport pour la prochaine heure et demie. La coque, la bôme horizontale, le mat, l'écoute (le cordage qui servira à orienter la voile). Il faut aussi apprendre les quelques rudiments qui nous permettront de profiter du vent pour avancer, tourner et revenir sur nos pas face au vent. Le bolide se dirige avec les pieds, mais il faut surtout border et choquer l'écoute (tirer ou relâcher le cordage) au bon moment pour que la voile soit juste assez tendue et, surtout, bien orientée.

Le départ dans le sable mou de la plage est laborieux: le premier virage est chaotique. Mais rapidement, le groupe en entier zigzague entre les cônes orange sans (trop de) problèmes. Les voiles se gonflent, l'eau laissée sur la plage par la marée gicle des roues arrière, arrosant ceux qui suivent de trop près. Sur certains virages un peu trop serrés, le chariot tangue et la roue arrière lève de terre. C'est grisant, sans être épeurant, et le chariot n'est pas très compliqué à manoeuvrer. Le vent n'est pas trop fort, ça aide: «20 km/h, c'est un vent moyen», estime Benoit Groisard.

Pendant une heure et demie, ce vent constant nous permettra de tourner dans un sens puis dans l'autre, au point de nous donner le tournis.

Dans l'île

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Le char à voile est l'une des activités les plus populaires du coin.

Surnommée «la perle du golfe», l'Île-aux-Moines est l'escale la plus visitée du golfe du Morbihan. Elle se découvre aisément en une journée, à pied ou, mieux encore, sur deux roues. Visite en photos.

1. Vous ne croiserez aucun moine à l'Île-aux-Moines - Enizenac'h en breton -, mais nombre de bateaux de pêche ou de plaisance, attendant sur leur flanc le retour de la marée haute.

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Vous ne croiserez aucun moine à l'Île-aux-Moines, mais nombre de bateaux de pêche ou de plaisance.

2. Dans le bourg principal, certaines rues sont si étroites que les véhicules automobiles ne peuvent s'y engager. Résultat: visiteurs comme résidants se déplacent à vélo.

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Dans le bourg principal, certaines rues sont si étroites que les véhicules automobiles
ne peuvent s'y engager.

3. La route qui mène à la pointe du Penhap est bordée d'arbustes odorants. Impossible de se perdre ici: les intersections sont rares et les différents circuits cyclables sont balisés par des flèches peintes à même le sol.

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La route qui mène à la pointe du Penhap est bordée d'arbustes odorants.

4. Le dolmen de Penhap se dresse à la pointe sud de l'île, à 5 km environ du port. Les blocs de granit savamment alignés rappellent que l'île était déjà habitée à l'époque néolithique. Un crom'lech peut aussi être observé au coeur de l'île.

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Le dolmen de Penhap se dresse à la pointe sud de l'île, à 5 km environ du port.

5. L'île de 7 km de longueur sur 3,5 km de largeur compte aussi quelques petites chapelles, comme ici, près de l'anse du Gueric.

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L'île de 7 km de longueur sur 3,5 km de largeur compte aussi quelques petites chapelles.

6. La plus grande île du golfe du Morbihan - alias «la petite mer» - est située à cinq minutes à peine par traversier de Port-Blanc, à Baden. Elle est si proche qu'on pourrait presque la rejoindre à la nage, si ce n'était du fort courant. Des navettes prennent le départ, dans un sens ou dans l'autre, toutes les 30 minutes.

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La plus grande île du golfe du Morbihan - alias «la petite mer» - est située à cinq minutes à peine par traversier de Port-Blanc, à Baden.

7. L'Île-aux-Moines ne tient pas son nom de sa topographie particulière, en forme de croix, mais plutôt du fait d'avoir été offerte aux moines de l'abbaye de Redon par le roi de Bretagne, au IXe siècle.

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L'Île-aux-Moines ne tient pas son nom de sa topographie particulière, mais plutôt du fait d'avoir été offerte aux moines de l'abbaye de Redon par le roi de Bretagne.

8. Dans cette île relativement plate, pas besoin de vélo haute performance. Une bicyclette toute simple, voire rétro, suffit. Près du quai où accoste le traversier, deux entreprises offrent la location de vélos pour quelques heures ou une journée.

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Dans cette île relativement plate, pas besoin de vélo haute performance.

9. Cette île au charme si particulier a servi de lieu de tournage pour quelques films et séries télévisées, dont le long métrage La petite Lili, de Claude Miller, sorti en 2003.

Dans la presqu'île

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Cette île au charme si particulier a servi de lieu de tournage pour quelques films et séries télévisées, dont le long métrage La petite Lili, de Claude Miller.

C'est connu, le grand air ouvre l'appétit. Voici cinq adresses gourmandes pour goûter le meilleur de la presqu'île de Rhuys, où se concentrent plusieurs producteurs agroalimentaires. Certains sont regroupés dans l'association Produits en Rhuys; ils viennent ajouter diversité et qualité au paysage gastronomique de la région.

Fromagerie

Tome de Rhuys. C'est à la fois le nom d'une ferme fromagère de Suscinio et celui de son produit phare, reconnu au-delà des frontières de la Bretagne. Cette tomme au lait cru de vaches typiquement bretonnes (la pie-noir), frottée au sel de Guérande et vieillie en cave, vaudrait à elle seule le détour. Or, il y a plus à découvrir ici, à commencer par le propriétaire, Gurvan Bourvellec, un géant qui a su recréer pour son sympathique café la cuisine de sa grand-mère à partir des produits de la ferme. À savoir: ceux qui le désirent peuvent aussi assister à la traite des vaches. Un immense coup de coeur.

https://www.tomederhuys.fr/

Viviers

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Gurvan Bourvellec, propriétaire de la ferme fromagère de Suscinio

C'est sur la rivière de Penerf, dans la commune du Tour-du-Parc, que Les Viviers de Banastère ont installé leurs pénates. On peut trouver ici des huîtres creuses plusieurs fois primées, élevées directement dans le golfe du Morbihan. Sur les étals voisine du poisson frais, rapporté chaque jour de la criée de Quiberon, avec des coquillages fournis par les pêcheurs locaux. On peut déguster, sur réservation, les produits des viviers dans la salle à manger située à l'étage. Des dégustations d'huîtres sont de plus proposées en tout temps selon l'horaire de la poissonnerie.

http://www.viviers-banastere.com/

Brasserie

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Les viviers de Banastère

Le touriste ne passera jamais par hasard devant la Brasserie de Rhuys, à Surzur. Cette dernière est située en plein quartier industriel, dans un bâtiment anonyme qui ne paie pas de mine. Mais le microbrasseur Stéphane Pedrono produit sur place depuis près de sept ans une bière - la Ptite Mamm blanche, blonde, rousse ou brune - composée à 85 % d'orge bio provenant d'une ferme de Sarzeau, tout près. Il est aussi possible de trouver sur place des vins biologiques de petits producteurs français.

https://www.brasseriederhuys.com/

Biscuiterie

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Stéphane Pedrono (à droite), propriétaire de la Brasserie de Rhuys

Mathilde et Xavier, propriétaires de la Biscuiterie des Vénètes, ont tout plaqué en 2010 pour se lancer dans la confection de «bonnes choses» (selon les mots de Mathilde). Leurs biscuits salés ou sucrés sont pour la plupart inspirés de recettes bretonnes revisitées. La farine et le sucre sont toujours bios, le sarrasin est local (leurs toasts au blé noir nous ont fait craquer!). Le caramel au beurre salé est comme de raison maison, préparé avec du beurre de baratte breton et de la fleur de sel de Saint-Armel, la commune voisine de celle de la biscuiterie, Le Hézo. De bien bonnes choses, en effet...

http://www.biscuiteriedesvenetes.com/

Fumoir

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Biscuiterie des Vénètes

Les poissons vendus fumés, en conserve ou en rillettes depuis 1990 au Fumage artisanal d'Arzon ne proviennent évidemment pas tous de Bretagne. Si la morgate (c'est ainsi que l'on surnomme la seiche en Bretagne) est à l'occasion pêchée dans le golfe du Morbihan, le saumon, lui, arrive d'Écosse. Mais ce dernier est salé à la main au sel sec de Guérande et fumé de façon artisanale, notamment avec de la sciure de hêtre vert trouvée chez le dernier sabotier du Morbihan, ce qui lui confère une indéniable touche locale.

https://www.fumage-arzon.fr/

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Fumage artisanal d'Arzon