Avec un taux de change avantageux, on prévoit que beaucoup de Québécois mettront le cap sur l'Europe pour leurs vacances cette année. Les spécialistes observent deux tendances. D'abord, le désir de choisir une région ou une ville et d'y consacrer plus de temps. On préfère voir beaucoup d'un petit coin de pays plutôt qu'un petit peu de plusieurs régions dans tout le pays. L'autre tendance observée? La fidélité! Les Québécois sont toujours très attirés par la France, l'Italie et l'Espagne. Quand on aime une fois...

Même si les Québécois manifestent un intérêt croissant pour d'autres pays européens, la trilogie France/Italie/Espagne reste solidement ancrée au sommet du palmarès de leurs destinations favorites.

«D'année en année, la demande pour la France fait l'objet d'une progression constante et on peut en dire autant pour l'Espagne et l'Italie», constate Denis Codère, vice-président, produits Europe, de Vacances Transat. Nos compatriotes ne se lassent-ils pas d'arpenter inlassablement les mêmes sentiers battus? «Il est vrai qu'ils ont exploré la France du nord au sud et d'est en ouest, mais ils trouvent toujours UN coin de pays qu'ils ne connaissent pas», observe David Boigné, directeur des voyagistes Exotik Tours et Vacances Esprit. «Et actuellement, c'est la Corse qui s'impose comme la région à découvrir.»

Selon Colette Girard, directrice des ventes de Jolivac, les Québécois «voyagent mieux», c'est-à-dire qu'ils ne se contentent plus de visiter les villes et les sites les plus connus. «Ils approfondissent, dit-elle. Ils ont appris que l'Espagne ne se limitait pas au triangle Madrid-Barcelone-Andalousie. Ils s'intéressent aujourd'hui à d'autres régions comme l'Estrémadure ou la Manche, à des villes où ils ne s'arrêtaient pas comme Ségovie ou Murcie.»

Pourtant, ces mêmes voyagistes assurent que l'Europe de l'Est canalise une partie croissante de la demande. «On ne parle plus seulement de Prague: on nous demande des réservations dans des villes qui, voici à peine cinq ans, n'intéressaient personne comme Cracovie, Riga ou Vilnius», dit David Boigné. Chez Tours Chanteclerc, on a lancé de nouveaux circuits en autocar pour répondre à cette quête de nouveautés. «Nous avions déjà un programme combinant la Slovénie, la Croatie et le Monténégro, mais les gens nous demandaient pourquoi nous ne proposions pas la Serbie, explique le directeur général, Claude Saint-Pierre. Nous avons donc programmé un circuit des Balkans qui greffe la Serbie, la Bosnie et une petite incursion en Albanie à la Croatie. Comme les clients nous parlaient aussi de l'Ukraine, nous avons décidé de commercialiser un itinéraire combinant ce pays avec la Pologne et l'Allemagne du Nord.»

D'ailleurs les consommateurs sont aujourd'hui sollicités par une offre qui se diversifie de plus en plus. Ainsi à partir du 15 mai, Air Transat mettra en service des vols directs entre Montréal et Istanbul. La Turquie, qui accueillait 26 millions de touristes en 2009, a surclassé l'Allemagne et menace même de ravir au Royaume-Uni la sixième place du classement des destinations les plus visitées du monde. Elle suscite un formidable engouement en Europe et l'onde de choc commence à atteindre le Canada.

Comment peut-on expliquer que la demande pour les valeurs sûres continue à augmenter, alors que de nouvelles destinations séduisent un nombre croissant de voyageurs? «Les Québécois voyagent plus», affirme Denis Codère. «C'est une question d'évolution démographique. Les plus jeunes ont pris l'habitude de voyager avec leurs parents et ils en redemandent. Et les baby-boomers, qui approchent de la retraite, disposent de plus de temps libre.»

Dollar fort

Les voyagistes s'attendent à une poussée de la demande pour l'Europe l'été prochain, parce que le dollar canadien s'est fortement apprécié face à l'euro. L'an dernier, il fallait débourser 160$ pour obtenir 100. Depuis quelques mois, le taux de change oscille entre 1,30 et 1,35, ce qui, s'il se maintient à ces niveaux, accroîtra le pouvoir d'achat des voyageurs de près de 20%. Tous les facteurs sont réunis pour que, malgré une offre à la hausse, tous les transporteurs desservant l'Europe remplissent leurs avions sans problème. Cela signifie-t-il qu'il ne faut pas s'attendre à dénicher des prix d'aubaines? «Des aubaines, il y en aura peut-être, mais certainement pas en saison de pointe, prédit Rosa Maria Tarrago, conseillère chez Voyages Fleur-de-Lys à Montréal. Mes clients qui partent pendant les périodes de congé scolaire ont retenu la leçon: ils font leurs réservations dès maintenant.»

À bon entendeur...