«La plupart des gens qui vivent sur la Côte d'Azur ne se rendent pas compte que les plus beaux paysages de la région se trouvent dans leur arrière-cour», remarque la représentante du Comité départemental du tourisme des Alpes-Maritimes qui accompagne le petit groupe de journalistes auquel je me suis joint. Une heure plus tôt, nous avions franchi le col de Turini et, après une pause-café à la terrasse d'un bistro de Sospel, nous venions de nous engager sur la route encaissée entre les massifs rocheux qui entourent la vallée de la Roya. Sur notre droite, les maisons ocre du village de Saorge, haut perché sur une crête aux flancs abrupts, venaient de se profiler dans notre champs de vision.

Saint Martin Vésubie, La Bollène, Moulinet, Breil-sur-Roya, Fontan... la vue de chacun de ces villages juchés sur des arêtes rocheuses nous arrachait des commentaires admiratifs. Ils font partie des 28 communes incluses dans le périmètre du parc du Mercantour et ils valent autant le détour que les vallées inhabitées, les lacs et les sommets enneigés qui en constituent le coeur. Ici, l'écrin est aussi beau que le bijou.

Nous étions en route pour Castérino, un hameau adossé au coeur du parc. Nous y avons passé la nuit, à l'hôtel du Chamois d'or, tenu par une équipe de sympathiques Italiens. L'Italie, il vrai, n'est qu'à quelques coups d'ailes de gypaète barbu, ce vautour européen qui cherche pitance dans les Alpes.

Le lendemain matin, l'accompagnateur de montagne Fred Thierrin nous attendait à l'orée du sentier qui mène à la vallée de Fontanalbe. Nous avons commencé par cheminer sur une ancienne route militaire pavée, avant de nous engager sur un sentier tavelé de névés. Il nous a fallu un peu moins de trois heures pour arriver au coeur de la vallée de Fontanalbe. Le mont Bégo brandissait devant nous la crête rocheuse de son sommet, à 2872 m. «On pense que les agriculteurs du néolithique qui venaient ici, voici 5000 ans, habitaient la vallée du Pô, a expliqué Fred Thierrin. Ils considéraient le Bégo comme une montagne sacrée et on suppose qu'ils venaient y pratiquer quelques rituels religieux.»

Des pétroglyphes gravés

Pourquoi particulièrement le mont Bégo, alors que le parc national du Mercantour compte plusieurs sommets de plus de 3000 m? Nul ne peut apporter de réponse précise à cette question. Son statut de montagne sacrée n'est qu'une conjecture, tout comme les significations qu'on prête à la moitié des milliers de pétroglyphes gravés par ces agriculteurs du néolithique sur la surface terre de Sienne des rochers de la vallée de Fontanalbe et de celle qui s'étend au bas de l'autre versant du Bégo, la vallée des Merveilles. On évalue leur nombre à 40 000 et ils sont parfois facile à interpréter: figures stylisées de bovidés, d'armes, d'outils, représentations naïves de personnages... Mais les figures géométriques le sont moins. Ainsi selon une interprétation généralement acceptée, des rectangles divisés en cases représenteraient des champs: après tout, on a affaire à des agriculteurs! La profusion de dessins tracés il y a de 2000 à 5000 ans fait dire aux passionnés de la préhistoire que les deux vallées sont un musée à ciel ouvert.

Même pour ceux qui ne verraient dans ces dessins que de banals graffitis, la randonnée en vaut la peine. En chemin, nous avions longé des lacs aux eaux émeraude enchâssés dans des paysages qui me rappelaient ceux des Rocheuses canadiennes.

Les vallées de Fontanalbe et des Merveilles n'occupent qu'une petite partie du parc du Mercantour qui compte sept secteurs et s'étend sur 2147 km2. Et l'itinéraire que nous avions emprunté ne constitue qu'une petite partie du réseau des 600 km de sentiers balisés du parc, fréquentés par 400 000 randonneurs, chaque année.

Le parc du Mercantour, qui célèbre son 30e anniversaire cette année, On y trouve 16 refuges gérés par le Club alpin français (www.cafresa.org). D'une marche facile de trois heures à l'expédition de plusieurs jours exigeante sur le plan physique, les possibilités de randonnées sont multiples.

Infos: ca.franceguide.com et

www.mercantour.eu

Les frais de ce reportage ont été payés par Atout France, Air France, Europauto Vacances et le Comité départemental du tourisme des Alpes Maritimes.