Bâtiment exceptionnel, histoire unique, service personnalisé... les hôtels qui voudront faire partie du futur club officiel des palaces français devront répondre à des critères objectifs et subjectifs, prix à payer pour représenter la quintessence du luxe et attirer les riches clients du monde entier.

Ce nouveau label «palaces», le premier du genre en France et qui sera attribué par arrêté ministériel, sera décerné à une vingtaine d'établissements maximum sur la centaine de 5 étoiles comptabilisés à la mi-septembre.

La création de ce label était souhaitée au plus haut niveau de l'État. Mardi, le premier ministre François Fillon avait souligné qu'il «permettrait de mettre en valeur à l'international l'excellence française dans ce domaine».

«Il ne s'agit pas de créer une sixième catégorie», a prévenu Hervé Novelli, secrétaire d'État au Tourisme qui présentait mercredi le rapport sur la création d'une catégorie «palaces», dont il a fait siennes les recommandations.

«Il ne s'agit pas de minorer la qualité des 5 étoiles mais de reconnaître quelques hôtels d'exception», a-t-il dit.

Selon lui, la hausse de fréquentation de près de 17% cet été des hôtels haut de gamme français (4 et 5 étoiles) est liée à la création de la cinquième étoile début 2010, qui a attiré les clientèles lointaines à fort pouvoir d'achat.

Une manière aussi de rassurer François Delahaye, directeur général du Plaza-Athénée, un des auteurs du rapport avec l'ancien patron du Bristol Pierre Ferchaud, qui a expliqué aux journalistes «avoir souffert du nombre important d'hôtels 5 étoiles» nés avec la nouvelle classification.

«Voir l'hôtel Zebra Square (à Paris, NDLR) avoir la même classification que le Ritz quelque part cela me gênait», a-t-il dit.

Alors qui sera palace ou pas ? Les cinq-étoiles devront d'abord répondre à des critères objectifs renforcés. Parmi les pistes évoquées figurent la possibilité de déjeuner 7 jours sur 7, l'obligation pour le personnel de parler anglais ou la livraison des bagages moins de 10 minutes après l'arrivée des clients.

Des critères subjectifs seront ajoutés comme une adresse et un emplacement prestigieux, un intérêt esthétique (présence d'oeuvres d'art dans les halls ou les chambres, noblesse des matériaux utilisés..) et encore un bâti historique unique et non duplicable, manière de souligner que le palace est unique.

Pour juger de ces critères «subjectifs», un jury de cinq personnalités (un académicien, un architecte, un capitaine d'industrie, un grand mécène et un journaliste) remettra ses recommandations au ministre qui statuera.

Le luxe étant synonyme de durée, une ancienneté «minimum de cinq années» constituerait «un gage de sérieux», selon le rapport.

Les nouveaux entrants sur la place de Paris d'ici 2012, comme les asiatiques Shangri-la ou Mandarin Oriental, devront donc s'armer de patience.

Actuellement, les 6 ou 7 établissements qualifiés de palaces à Paris rassemblent 1 150 chambres. Entre 2009 et 2012, 700 chambres supplémentaires devraient ouvrir, soit une «hausse inédite» de 70%, souligne le rapport.

Hôtel de prestige rimant avec notes élevées, le prix sera-t-il un critère déterminant ? Un indice mais pas le critère, a assuré M. Novelli, alors qu'en province, le prix moyen est moins élevé qu'à Paris.

Le Synhocart, deuxième syndicat d'hôteliers, a insisté auprès des auteurs du rapport sur la nécessité «d'être exemplaires en matière de gestion du personnel, dans la valorisation et la promotion de nos métiers», a précisé son président Didier Chenet à l'AFP.

L'arrêté de création du label devrait être signé début octobre, après concertation avec les professionnels, et les premiers labels apparaître «avant la fin de l'année».