Issue de la fusion de trois cités (Obuda, Buda et Pest), la ville de Budapest a été occupée par les Turcs de 1541 à 1686. Les envahisseurs ont pillé et incendié. Mais ils ont aussi créé les cafés et les bains.

Buveurs de vin, les Hongrois n'ont pas tout de suite adhéré à la tradition du café. «Ce sont les intellectuels turcs qui ont fréquenté les premiers cafés de Budapest, dit la Dre Noémi Saly, historienne et spécialiste des cafés de la ville. Mais après 1686, les Hongrois ont voyagé. Diplomates, étudiants et militaires ont découvert l'institution du café.»Un Croate, un Allemand et un Italien ont ouvert les premiers cafés non turcs à Pest. Grâce à l'arrivée du tabac, le café s'impose alors comme le lieu par excellence de la discussion, celui de la modernité et de l'information.

En 1896, lors de l'Exposition du millénaire, qui célèbre la fin de l'occupation turque 200 ans plus tôt, il y a 1000 cafés à Budapest. Par la suite, leur nombre a baissé pour n'en laisser que... 300.

Destinés d'abord à la bourgeoisie, les cafés s'ouvrent par la suite au reste de la population. Des idées et des journaux y naissent. Des changements de société aussi. «Les Arabes appellent le café la boisson de la clarté», dit Mme Saly.

L'arrivée du communisme en 1945 a sonné le glas de ces lieux de liberté. En 1949, tous les cafés ou presque sont fermés. Le café New York, haut lieu touristique, a fini par rouvrir en 1954, mais sous le nom moins capitaliste de Café Hungaria.

Depuis 20 ans et le retour de la démocratie, les cafés rouvrent les uns après les autres, au fur et à mesure de leur rénovation. Certains ont élargi leur vocation à la restauration, voire à l'hôtellerie.

Voici quelques-uns des cafés qui méritent le détour à Budapest :

Le Café New York : le plus huppé

Ouvert en 1894 sur le boulevard Elizabeth (Erzsébet Körut), il est au rez-de-chaussée du beau palais New York, longtemps lieu de rendez-vous des écrivains, journalistes et grands bourgeois de ce monde. De style néobaroque et néorenaissance. Décoré de toutes parts : colonnes rococo torsadées en marbre d'Italie jaune paille, immenses piliers en marbre blanc, balcons intérieurs en fer forgé dorés à l'or fin, lustres Art déco en cristal, plafonds dorés sculptés, peintures renaissance, tentures de velours, etc. Nombreuses salles et recoins pour s'y attabler. Un bar à cigare, un espace pour gens d'affaires, un bar à vin. Le café est relié à un hôtel cinq étoiles dont le hall, formé d'une large cour centrale, est magnifique.

Le Café Gerbeaud : le plus royal

Haut lieu de la pâtisserie et de la gastronomie (restaurant Onyx), Gerbeaud a toujours été un incontournable à Budapest. Situé sur la grande place Vörösmarty, cet élégant café a été créé il y a 152 ans par Henrik Kugler, puis repris par le Suisse Emil Gerbeaud.

On y déguste des chocolats et des gâteaux fins de toutes sortes confectionnés sur place. Décoration : bois précieux, marbre, bronze et velours.

Les tables, les plafonds, les chandeliers, les lustres, tout a été pensé pour y créer une atmosphère royale. Ça vaut le coup d'y essayer le «Gerbeaud Cake», mélange de chocolat, d'abricot sec et de liqueur à l'abricot. Prix plus élevés qu'ailleurs : expresso à 3,75 $. Mais le club sandwich et l'assiette de foie gras sont au même prix : 16 $.

Photo: Éric Clément, La Presse

Le Café Gerbeaud

Le Caffe Emporio Armani : le plus branché

Nouveau café italien de Budapest. Moderne. Ouvert à côté du magasin de vêtements Armani. Seul bar-restaurant non fumeur de la ville. Superbe design italien en rouge et noir avec quatre colonnes romaines blanches au milieu de la salle. Grandes baies vitrées donnant sur la rue Andrassy. Cuisine italienne de choix. Personnel stylé. Expresso à 2,50 $, thé à 3,50 $, jus d'orange à 6,75 $, verre de champagne à 16 $. Menu spécial le midi à 14 $.

Le Café des arts (Müvész Kàvehàz) : le plus intello

Situé rue Andrassy, près de l'opéra, ce vieux café est mon préféré. Avec ses miroirs, ses peintures et son côté bistrot de quartier, il a beaucoup de charme. Il est d'ailleurs protégé en tant qu'édifice patrimonial hongrois. On m'y a proposé un café étagé Pertè avec des cafés de différentes densités. Les pâtisseries sont aussi renommées, notamment le Esterhazy kocka préparé avec des noix. Le café propose l'internet sans fil, idéal pour lire. Terrasse agréable pendant la belle saison.

Café-pâtisserie Ruszwurm : le plus mignon

Situé près du château de Buda, ce salon de thé avec pâtisseries maison a été créé en 1827. Son patron actuel, Szamos Miklòs, est intarissable sur les illustres étrangers qui ont franchi sa porte. «Il a servi d'exemple à bien d'autres», nous a-t-il dit. On peut y manger notamment de succulents feuilletés chauds aux lardons, pommes de terre, chou, fromage et yogourt. Le mobilier n'a pas changé depuis 1928 et l'impressionnante fournaise en porcelaine est installée dans un coin du café depuis 1827.

* N'hésitez pas également à tester les vieux bars presszo (comme le Bambi) qui font penser à nos bars des années 60. On y mange des sandwichs « full ketchup ». Et les bars à vin Borozo, où se rencontrent les vieux Budapestois. Sinon, le Book Café Alexandra vaut le déplacement pour ses fresques. Il est dans le Paris Department Store, rue Andrassy. Aussi : le café Vian, près de la station de métro Oktogon, et le café Eklekta, gai, branché mais très fumeur, rue Nagymezo.

À noter : On peut encore fumer dans les cafés et les restaurants. Un règlement non fumeur est prévu mais très impopulaire. Les Hongrois sont encore nombreux à fumer.

Repères

-Budapest : 1,7 million d'habitants

-Superficie : 525 km2 (Montréal : 363 km2)

-Capitale de la Hongrie

-Langue : hongrois

-Monnaie : forint (1 $ = 180 forints)

S'y rendre : Air France dessert Budapest, via Paris, de Montréal.

En février et mars : 859 $ tout

compris pour un aller-retour.

Réservations : www.airfrance.ca

Aéroport d'arrivée : Ferihegy, à 25 minutes au sud-est du centre-ville.

Navette : 15 $. Taxi : 34 $.

Conditions : Pour l'instant, pas besoin de visa pour aller en Hongrie, mais Ottawa envisage une telle mesure pour les Hongrois en visite au pays. Si le gouvernement Harper va de l'avant, la Hongrie imposera elle aussi un visa aux Canadiens.

Adresses utiles : Ambassade de Hongrie au Canada : 299, rue Waverley, Ottawa, K2P 0V9, 613-230-2717.

Office du tourisme de Budapest : www.budapestinfo.hu

À lire : Budapest et la Hongrie, Lonely Planet, Guide de voyage culturel pratique.

Budapest, Guides Gallimard

Suggestion de quatre mots à connaître en hongrois :

Bonjour (pour les femmes seulement) : csokolom (tchaukolom)

Bonjour (le matin) : jo reggelt (yau règuèlt)

Bonjour (l'après-midi) : jo napot (yau nopaut)

Merci : köszönöm (keuceuneum)

Photo: Éric Clément, La Presse

Le Caffe Emporio Armani