«L'année dernière, un dollar canadien s'échangeait contre environ 60 couronnes, aujourd'hui il en vaut 105», sourit Will Delaney. Comme des milliers de ses compatriotes canadiens, l'étudiant profite de la crise économique pour sillonner l'Islande, à prix réduits.

L'an passé, 10.568 Canadiens ont séjourné dans l'île de l'Atlantique Nord, une fréquentation en hausse de 67,9% par rapport à 2007. Et au total, 502 000 visiteurs (+2,8%) ont séjourné dans le pays de moins de 320 000 habitants, selon des statistiques du bureau national du tourisme.«L'effondrement des banques a eu un effet négatif sur la devise qui s'est dépréciée énormément (près de 44% en 2008, ndlr). Mais en soi, ce n'est pas une mauvaise chose pour le secteur du tourisme car l'Islande était devenue une destination vraiment très chère», résume Olöf Yrr Atladottir, la directrice.

«Aujourd'hui, le pays est devenu plus accessible», dit-elle.

Will Delaney, 22 ans, raconte qu'il est désormais possible de séjourner dans l'île pour l'équivalent de quelques centaines d'euros. Impensable il y a encore un an.

«En ce qui me concerne, je reste deux semaines. J'allie l'utile à l'agréable: j'étudie les énergies renouvelables -- l'Islande est un bon sujet d'étude en la matière -- et j'en profite pour explorer les paysages à couper le souffle», dit-il.

Publicité de la compagnie aérienne Icelandair dans les quotidiens, offres de séjours spéciales sur l'internet, les professionnels du secteur, qui emploient un peu plus de 8200 personnes, n'ont pas lésiné sur les moyens pour éviter de sombrer dans le sillage des banques aujourd'hui nationalisées.

«Dans le secteur, certaines entreprises sont en difficultés - comme partout dans le monde -, elles se battent tous les jours mais nous n'avons pas assisté à des mises en faillite ou des fermetures en masse», souligne Mme Atladottir.

Un constat plutôt rassurant alors que le chômage a plus que triplé au premier trimestre passant de 2,3% à 7,1%, selon les données du bureau national de la statistique.

«Les touristes ont remplacé les locaux dans les bars de la capitale», explique même Johann Mar Valdimarsson, barman de 26 ans, dans un pub du centre de Reykjavik. «Avant, les habitants passaient leur soirée ici. Aujourd'hui, ils ont tendance à boire chez eux et à sortir plus tard pour un dernier verre. Alors heureusement qu'il y a le tourisme».

Selon le jeune homme, après une baisse de la fréquentation en octobre, l'activité est repartie à la hausse dès novembre et les touristes ont été là tout l'hiver.

La direction du tourisme fait le même constat.

«Si vous regardez nos visiteurs les deux derniers mois, nous n'avons pas enregistré de chute vertigineuse. Et ils dépensent plus. L'été prochain s'annonce bon», assure Mme Atladottir.

Elle souligne que les visiteurs américains, dont la fréquentation a plongé de 22% l'annnée dernière, sont eux aussi de retour.

«Le secteur du tourisme devrait bien se porter cette année», estime d'ailleurs Gylfi Zoega, économiste à l'Université de Reykjavik.

Pour ce faire, les professionnels se concentrent sur les Européens, leur coeur de cible: les Britanniques représentant le plus grand groupe de touristes avec près de 70 000 visiteurs en 2008 devant les Allemands (plus de 45 100) et les Danois (plus de 41 000).

«Je suis plutôt optimiste. En période de récession, les gens ont tendance à se rabattre sur des séjours plus courts, le message que nous essayons de faire passer est que l'Islande est exactement la destination qu'il leur faut», souligne encore Mme Atladottir.

En 2006, le tourisme représentait 4,1% du Produit intérieur brut, selon les dernières statistiques disponibles. Depuis le début de la décennie, le nombre de touristes a augmenté de plus de 66%.