Les pays de l'UE vont être tenus à des objectifs de performance pour rendre les vols plus courts et moins chers dans le ciel européen grâce à une meilleure organisation du trafic, selon un projet de loi définitivement adopté mercredi par les eurodéputés.

En 2002, l'Union européenne (alors composée de seulement 15 pays) avait donné son feu vert à un projet de «ciel unique» européen, premier socle d'une harmonisation.Mais face aux maigres progrès accomplis, l'UE vient de renforcer le texte en y ajoutant des «objectifs contraignants», pour une meilleure sécurité, une capacité accrue de l'espace aérien, une réduction des coûts, une protection de l'environnement.

Chaque pays va donc soumettre de tels objectifs nationaux à la Commission européenne, qui pourra exiger qu'ils soient plus ambitieux.

Bruxelles juge en effet qu'une meilleure organisation du trafic aérien pourrait permettre de réduire la durée d'un vol européen de 8 à 14 minutes, et que la consommation de kérosène pourrait baisser de l'ordre de 7 à 11%.

Dans le même temps «16 millions de tonnes de CO2 en moins seront lâchés dans l'atmosphère chaque année», a commenté le commissaire européen aux Transports Antonio Tajani, devant le Parlement.

Eurocontrol, une organisation intergouvernementale européenne, sera chargée de surveiller le respect des objectifs fixés. Elle s'occupera aussi des tracés des trajectoires des avions, jusqu'à présent déterminés au niveau national.

Reste que les Etats, soucieux de leurs prérogatives sur les espaces aériens militaires, conserveront la possibilité de s'opposer à certains survols.

La réforme va être menée en concrétisant le concept déjà existant de «blocs d'espace aérien fonctionnels», nés d'une coopération accrue entre pays voisins. Huit blocs existent sur le papier (le plus gros regroupe la France, l'Allemagne et le Benelux), mais ils devront obligatoirement être opérationnels pour 2012.

Aujourd'hui, l'espace aérien de l'UE ressemble à une mosaïque de 27 systèmes de contrôle aérien, le tout divisé en 650 «secteurs». A l'entrée de chaque nouveau secteur, un pilote d'avion doit changer de fréquence et contacter un nouveau contrôleur aérien.

Les avions attendent trop souvent aux abords des aéroports pour disposer d'un créneau d'atterrissage, qui n'est pas garanti dans leur plan de vol au moment où ils décollent. Le fonctionnement actuel fait que les vols sont en moyenne plus longs que nécessaire.

Résultat: les trajets des vols internationaux s'avèrent 15% moins efficaces que ceux des vols nationaux. Ainsi, un appareil reliant Amsterdam à Milan fait 155 km de trop en moyenne.

Il est prévu de remplacer une technologie datant parfois des années 40, par un système européen de nouvelle génération pour la gestion du trafic aérien (SESAR) actuellement en développement.

Les eurodéputés ont également approuvé un autre règlement qui étend les responsabilités de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), en matière de gestion du trafic aérien et des règles de sécurité.

L'UE totalise déjà 28 000 vols quotidiens opérés par 4700 compagnies commerciales.