Longtemps promise, la rénovation du quartier de la Baixa, centre historique de Lisbonne, dégradé et vidé de ses habitants, pourrait enfin devenir une réalité sous l'impulsion de la mairie, qui s'est engagée à faire rebattre le «coeur» de la capitale portugaise.

Ancien centre du pouvoir, du commerce et de la finance, bâti sur les décombres du grand tremblement de terre de 1755, «la Baixa est le coeur et le visage de notre ville», répète à l'envi le maire de Lisbonne, Antonio Costa, qui a fait de la réhabilitation de ce quartier au style néo-classique une priorité.

 

Dans les 20 dernières années, la Baixa, dont le déclin a commencé dans les années 50, a perdu plus de la moitié de ses habitants et n'en compte plus que de 4000 à 5000, dont près du tiers est âgé de plus de 76 ans. Et, selon les calculs de la mairie, sur ses 20 millions de m2 de surface bâtie, plus de 14 millions nécessitent des travaux.

Saignée de ses habitants et de ses emplois, la Baixa a été victime de la spéculation immobilière et des règles strictes visant à préserver la singularité et l'uniformité d'un ensemble architectural disposé en damier face à l'estuaire du Tage. Dans ces immeubles de cinq étages, avec commerce au rez-de-chaussée, il était notamment interdit d'installer des ascenseurs.

Concurrencées par les centres commerciaux, la plupart des échoppes traditionnelles - tailleurs, orfèvres, cordonniers et autres artisans du Lisbonne d'antan - ont fermé leurs portes. De nombreuses sociétés de services ont également quitté le quartier pour les centres d'affaires de banlieue, et les façades murées se multiplient.

Afin de renverser la situation, la municipalité a lancé depuis janvier plusieurs initiatives dans le cadre de son «plan Baixa»: 70 permis de rénovation déjà délivrés à l'abri d'une nouvelle réglementation, création d'un musée et d'une résidence universitaire, incitation à la création d'hôtels et de terrasses, restrictions à la circulation automobile.

»Stratégie intégrée»

Témoin depuis plus de 20 ans de plusieurs projets de réhabilitation qui «n'ont jamais dépassé le plan théorique», Joao Seixas, sociologue urbaniste, salue «le début d'une stratégie intégrée, qui manquait à la Baixa depuis 50 ans».

Cette stratégie, résume le maire Antonio Costa, consiste à «définir les règles de la rénovation urbaine, accélérer les procédures, puis miser sur des projets qui puissent valoriser l'investissement privé».

Au total, selon les estimations de la mairie, la réhabilitation de la Baixa nécessitera un financement global de 700 millions d'euros jusqu'en 2020.

Pariant sur le tourisme comme moteur économique, l'équipe d'Antonio Costa veut accroître l'offre hôtelière et culturelle de la capitale afin de mettre à profit les futures infrastructures de transports dont elle sera bientôt dotée: un nouvel aéroport international, le TGV et un nouveau port de croisières.

En parallèle, bien que lourdement endettée, la mairie a décidé d'investir elle-même dans plusieurs projets, comme la création d'un Musée de la mode et du design, dont l'ouverture est prévue à la fin de 2010.

Elle envisage également de restreindre la circulation automobile dans la Baixa. Un quartier que, selon une étude, 70% des véhicules ne font que traverser.