Il y a les collectionneurs de coquillages, mais il y a aussi les prospecteurs de verre de mer, ce verre - bleu, rouge, jaune, orange - poli par les vagues et le sable. Lisa Chavis et Pembroke Bryant ont voyagé aux quatre coins du monde pour amasser des pièces colorées vieilles parfois de plusieurs centaines d'années.

Lisa Chavis est blogueuse de voyage. Elle gagne sa vie en parcourant le monde et en racontant ses périples. L'été dernier, lors d'un voyage à la Grenade, sa conjointe et elle ont loué une maison donnant sur la mer. La plage où elles ont séjourné pendant quatre mois s'appelait Seaglass Beach.

« Chaque matin, c'était comme un arc-en-ciel. En se promenant, on pouvait voir plein de couleurs qui scintillaient dans le sable, du bleu, du rouge, du vert. Chaque jour, c'était magique », s'exclame la blogueuse rencontrée alors qu'elle ratissait la plage de Nags Head, en Caroline du Nord.

Avant ce voyage dans les Antilles, la Floridienne connaissait peu de choses du verre de mer, mais elle s'est mise à remplir des sacs et des sacs de petites pièces colorées. Au-delà de leur beauté, Lisa se rend vite compte que chaque morceau a une petite (ou une longue) histoire.

À la Seaglass Beach, par exemple, la plupart des morceaux viennent de bateaux de pirates échoués dans la crique depuis aussi loin que le XVe siècle.

« C'est à la Grenade que je suis tombée amoureuse de ce passe-temps. Maintenant, je ne peux plus m'arrêter de regarder dans le sable aussitôt que je suis sur une plage. Au départ, je trouvais que le verre poli était beau, maintenant, je le vois comme une sorte de fouille archéologique », raconte Lisa.

Pour connaître l'histoire des fragments qu'elle ramasse, la néo-collectionneuse s'est abonnée à des groupes sur Facebook. Sur ces pages, les amateurs publient les images de leurs plus belles découvertes.

« Il y a des historiens et des personnes qui possèdent des livres et des livres sur le sujet. On peut leur envoyer une photo et à partir d'un détail, comme une petite lettre, ils sont parfois capables de trouver l'image de la bouteille originale d'où provenait le verre », explique l'ancienne pharmacienne.

Lisa est tellement devenue accro au verre poli par la mer de la Grenade que sa conjointe lui a organisé un voyage de rêve: elle l'a amenée à Seaham, un village anglais où des usines fabriquaient jadis du verre. À la fin de la journée, avant que les règlements antipollution n'existent, ces manufactures jetaient leur stock endommagé à la mer.

Même si la température a été froide et brumeuse tout au long de leur séjour en Angleterre, Lisa et Cheryl se sont levées tous les matins pour trouver les pièces les plus rares.

« Chaque jour était différent en fonction des vagues. Certains matins, on ne trouvait rien, mais on savait qu'il y avait du verre quelque part sous nos pieds. Puis, le lendemain, on retournait au même endroit et c'était comme un kaléidoscope », raconte Lisa, qui songe déjà à son prochain voyage à Porto Rico, un endroit où l'on peut, semble-t-il, faire une multitude de découvertes multicolores.

Des trésors rares et colorés

Pembroke Bryant s'intéresse aussi au verre de mer depuis l'adolescence, ou plus précisément depuis que sa famille a déménagé dans les Outer Banks.



Photo Bernard Brault, La Presse

Depuis qu'elle a découvert le verre de mer à la Grenade, Lisa Chavis regarde chaque plage d'un nouvel oeil.

Le Carolinien collectionnait le verre de mer depuis deux décennies quand il a décidé de retourner à l'école pour apprendre à confectionner des bijoux avec ces trouvailles colorées. Aujourd'hui, pour son travail d'orfèvre, il s'est outillé de plusieurs instruments, dont une lampe fluorescente qui lui permet de déterminer l'origine de presque chaque morceau de verre.

Si un morceau de verre blanc s'illumine en rose orangé sous l'ampoule, il date au moins des années 20. Si un morceau devient jaune phosphorescent, c'est qu'il contient de l'uranium, un ingrédient interdit dans la fabrication de verre depuis les années 30.

Plus on connaît de détails sur l'histoire du verre, plus les bijoux de Pem prennent de la valeur. Et plus la couleur du verre est rare, plus les breloques seront chères. Les joyaux blancs, verts et bruns sont plutôt communs, alors que le verre jaune et rouge est extrêmement difficile à trouver. Orange? C'est l'ultime récompense d'un collectionneur!

« Pour vous donner une idée, j'ai trouvé plusieurs milliers de morceaux de verre de mer au fil des années. Dans ma collection, je n'ai que six morceaux rouges et aucun orange », dit-il.

Maintenant que Pem possède son entreprise de joaillerie, il passe un peu moins de temps sur les plages et un peu plus d'heures à joindre ses contacts partout dans le monde pour leur acheter leurs plus belles trouvailles. Les plages du nord de l'Angleterre, du sud de l'Espagne, de l'Islande et du Japon sont celles où l'on trouve les plus beaux trésors, à son avis.

Mais parmi sa collection, ce sont les morceaux qu'il a trouvés lui-même, près de chez lui, qu'il préfère.

« Même si j'ai moins de temps, c'est un loisir tellement important dans ma vie. Ma fille de 4 ans et moi, on adore se rendre sur la plage pour trouver de nouvelles pièces. On y va le plus souvent possible, le plus longtemps possible. »

Photo Bernard Brault, La Presse

À Nags Head, en Caroline du Nord, Lisa Chavis a facilement trouvé de petits fragments de verre transparent, poli par les vagues et le sable.