Vous avez écumé Manhattan de long en large, exploré Williamsburg et êtes prêt à découvrir de nouveaux côtés de New York? Bushwick est pour vous. Avec ses immigrants latinos, ses jeunes marginaux qui couvrent les murs d'oeuvres murales et ses zones encore sauvages et industrielles, cet ancien quartier mal famé de Brooklyn est en pleine transformation. Même Netflix vient d'y consacrer un film. Visite guidée.

Sur le trottoir, une jeune femme portant des verres fumés promène trois chiens en laisse - deux molosses et un poméranien teint en rose fluo. Une Chevrolet déglinguée passe lentement, diffusant du hip-hop à fond la caisse. Sous une affiche où peut lire «Pio Pio Live Poultry - Pollos - Gallinas», on entrevoit des poulets et des dindes se chamailler derrière des grilles en attendant d'être vendus vivants.

Émerger du métro à Bushwick en provenance de Manhattan, c'est débarquer dans un autre monde. Ce quartier du nord de Brooklyn avait jadis mauvaise réputation. Aujourd'hui, il est tellement en vogue que certains résidants s'en inquiètent. En novembre dernier, Bushwick a été classé au deuxième rang des quartiers les plus cool des États-Unis par l'entreprise HotSpot (après Mission, à San Francisco). Les graffitis dénonçant l'embourgeoisement sont apparus.

Trois mondes

Mais il faudra encore bien du temps avant de confondre Bushwick avec SoHo ou Chelsea. En arpentant le quartier, on oscille constamment entre trois mondes. Le premier est le Bushwick de l'immigration. Le quartier a d'abord été peuplé par les Allemands, mais près de 70 % de la population est aujourd'hui hispanique (surtout portoricaine et caribéenne). Dans les grandes artères comme Wickoff, Myrtle ou Broadway, les petits marchés vendent de la canne à sucre, les enseignes sont en espagnol et on peut grignoter autant des tacos que des papas rellenas (patates farcies).

Le deuxième visage du quartier est celui qu'y dessinent les artistes et jeunes fêtards qui ont commencé à s'y établir. Sa marque la plus visible: les immenses oeuvres murales colorées, faites à la peinture en aérosol, qui justifient à elles seules le détour à Bushwick. The Bushwick Collective, galerie d'art à aire ouverte qui couvre plusieurs pâtés de maisons de la rue Troutman et de l'avenue Saint Nicholas, est le haut lieu du mouvement.

Cette nouvelle clientèle a aussi fait éclore les épiceries bios, restos et petits cafés. Plusieurs lieux sortent de l'ordinaire.

Au Cobra Club, on peut faire du yoga sur de la musique métal (non, nous n'avons pas essayé). The House of Yes présente des spectacles aériens et burlesques. Le soir, il suffit de suivre les hipsters pour aboutir dans des bars souvent sombres, où ça fête fort.

La troisième facette de Bushwick est industrielle. Cet immense territoire est rempli d'entrepôts toujours en fonction, d'où partent et où arrivent des camions. Voies ferrées et barbelés créent une ambiance urbaine et sauvage, comme ce groupe de jeunes assis sur des barils de métal autour d'un immense feu de bois, aperçu dans une cour d'usine.

On ne sait jamais sur quoi on va tomber à Bushwick. Et c'est là tout l'intérêt du quartier. 

En arrivant de Manhattan, la meilleure façon d'explorer Bushwick est de débarquer sur la ligne de métro L (grise), quelque part entre les stations Morgan Avenue et Myrtle-Wyckoff Avenues. Les lignes J, M et Z traversent aussi le quartier.

Quelques adresses

> La Isla Cuchifrito (4920 5th Avenue): Un restaurant à service rapide pour goûter aux délices latinos du quartier.

> Roberta's (261 Moore Street): Pour de l'excellente pizza sur feu de bois dans une ambiance du tonnerre.

> The Bushwick Collective (intersection de l'avenue Saint Nicholas et de la rue Troutman): La plus grande concentration d'oeuvres murales de Bushwick.

> Fine & Raw Chocolate (288 Seigel Street): Une usine et boutique de chocolat de luxe en plein décor industriel.

Photo Philippe Mercure, La Presse

La Isla Cuchifrito est un restaurant à service rapide idéal pour goûter aux délices latinos du quartier.