L'homme violemment extirpé d'un avion de la compagnie United Airlines, à l'origine d'un tollé mondial, souffre d'un nez cassé et d'une commotion et entend poursuivre le transporteur, a annoncé son avocat.

David Dao a quitté dans la nuit de mercredi à jeudi l'hôpital dans lequel il était soigné depuis l'incident survenu dimanche à Chicago, a indiqué Thomas Demetrio lors d'une conférence de presse.

Les avocats de M. Dao, 69 ans, ont déposé une requête auprès d'un tribunal de Chicago pour que la municipalité - qui gère l'aéroport O'Hare - et United Airlines préservent tous les éléments liés à l'incident. Ils ont précisé que des poursuites allaient suivre.

«Ce procès, entre autres choses, avec un peu de chance, va entraîner non seulement un débat au niveau national mais aussi un débat international sur la façon dont nous allons être traités à l'avenir», a relevé M. Demetrio.

«Depuis longtemps, les compagnies aériennes et United en particulier, nous maltraitent», a-t-il estimé.

La mise en ligne de photos et vidéo montrant des agents de la sécurité aéroportuaire traîner le passager au sol - le visage ensanglanté - dans le couloir de l'avion pour l'expulser d'un vol surbooké entre Chicago et Louisville a suscité l'indignation dans le monde, généré des appels au boycott et fait chuter le titre en Bourse.

Après 48 heures de flottement, le PDG de la compagnie a présenté ses excuses.

Dans un communiqué diffusé après la conférence de presse des avocats de M. Dao, la compagnie aérienne a réitéré ses excuses et assuré que des «actions concrètes et immédiates» allaient être mises en oeuvre pour que cette «horrible situation» ne se reproduise plus.

À commencer par le non-recours aux forces de l'ordre pour expulser des passagers d'avions, sauf en cas de problème de sécurité.

Selon ses avocats, M. Dao présente également des lésions aux sinus et a perdu deux dents.

«Mon père se remet maintenant», a commenté Crystal Dao Pepper, un des cinq enfants de l'homme qui vit aux États-Unis depuis plusieurs années. «Nous sommes absolument horrifiés et sous le choc de ce qui est arrivé à mon père», a-t-elle confié.

Le département américain des Transports a ouvert mardi une enquête «pour déterminer si la compagnie aérienne a respecté les règles en matière de surbooking».

Les compagnies aériennes américaines peuvent contraindre des passagers à quitter des vols surbookés, en échange de dédommagements, si elles ne parviennent pas à trouver suffisamment de volontaires.

En l'espèce, United Airlines affirme avoir proposé 800 dollars aux passagers prêts à renoncer à leur siège. Mais, faute de volontaires, elle a désigné d'office des passagers devant débarquer.

La compagnie s'est engagée à conduire une enquête interne pour examiner notamment la façon dont ses équipes gèrent les situations de surbooking et sa politique de dédommagements. Les conclusions devraient être publiées le 30 avril.

REUTERS

David Dao a semblé avoir perdu connaissance après avoir été éjecté de force de son siège, dimanche dernier.

Marc Garneau réclame des garanties aux compagnies aériennes

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a fait parvenir une missive à l'ensemble des compagnies aériennes qui ont des activités au Canada afin de réclamer, poliment, des assurances de leur part que le traitement qu'a fait subir United Airlines à un de ses voyageurs ne se reproduira pas.

En début de semaine, le ministre Garneau s'est dit «troublé» par la vidéo qui a fait le tour de la planète et causé ennuis financiers et des troubles d'image à United Airlines.

Le ministre Garneau a rédigé une lettre dont La Presse canadienne a obtenu copie.

Il y demande la pleine collaboration des compagnes aériennes quand viendra la charte des droits des passagers aériens qu'il a promise depuis l'automne dernier. Le ministre prévoit que cette charte entrera en vigueur en 2018.

- Lina Dib, La Presse canadienne