Après 19 jours d'efforts, Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson ont réussi mercredi la première ascension en escalade libre de l'une des voies les plus difficiles au monde, située sur El Capitan, une impressionnante paroi granitique du parc de Yosémite, en Californie.

Depuis sept ans, Tommy Caldwell, un alpiniste chevronné du Colorado, était obnubilé par Dawn Hall, une voie extrême de près de mille mètres de haut.

Caldwell avait déjà gravi El Capitan (2308 m d'altitude), conquis pour la première fois en 1958 par Warren Harding, Wayner Merry et George Whitmore après 47 jours d'une «expédition lourde» utilisant notamment des cordes fixes.

Mais Dawn Wall, l'une des 100 voies tracées dans la paroi, se refusait à lui et à tous les autres, gagnant au passage le statut de voie la plus difficile au monde.

Rejoint il y a cinq ans dans sa quête par Jorgeson, Caldwell a étudié dans les moindres détails la paroi, qu'il a notamment descendue en rappel pour en appréhender tous les pièges.

Mercredi, aux alentours de 15h30, Caldwell et Jorgeson, partis depuis le 27 décembre, ont «libéré», selon le jargon de l'escalade, Dawn Wall et sont entrés dans l'histoire de leur discipline.

Les deux hommes, assurés par une corde en cas de chute, ont réussi leur exploit à la seule force de leurs bras et de leurs doigts: il leur a fallu 19 jours et autant de nuits passés le long de cette voie présentant plusieurs longueurs à 9a (équivalent à une cotation nord-américaine de 5.14+), une cotation extrême.

Félicités par Obama

Leur progression a été ralentie par les conditions météo, notamment un épisode de chaleur qui a compliqué leur tâche les derniers jours.

«Pour escalader un granite comme celui-là, il faut que les conditions soient les plus froides possible, on progressait quand la paroi était à l'ombre et pendant la nuit», a expliqué Jorgeson, un moniteur californien d'escalade de 30 ans.

«Quand il fait plus chaud, le caoutchouc de nos chaussons d'escalade est moins adhérent, nos mains transpirent plus: les conditions sont vraiment très importantes», a-t-il poursuivi.

Mais c'est surtout la paroi de granite avec ses arêtes coupantes, ses surplombs vertigineux et son aspect lisse qui leur a posé le plus de problèmes, martyrisant leurs doigts et leur volonté.

Il leur a fallu par exemple une semaine pour venir à bout de la section 5, après onze tentatives éprouvantes.

Durant toute leur épopée, les deux alpinistes ont dormi, suspendus dans le vide, dans une «barquette» de deux mètres sur deux.

«Je voulais aller au-delà des limites de ce qu'on croyait possible, cette quête a été mon moteur chaque jour lors des sept dernières années», a résumé Caldwell, victime d'une extinction de voix, sur l'antenne de la chaîne ESPN.

L'exploit leur a valu l'attention, inhabituelle pour leur discipline, des grands médias américains et même de la Maison-Blanche.

Barack Obama les a ainsi félicités sur Twitter, posant devant une aquarelle d'El Capitan: «Vous nous avez rappelé que rien n'était impossible», a admiré le président américain.

Photo AP