L'archipel hawaïen est loin d'être l'apanage des abonnés aux transats de plage. Ses cadres tropicaux, volcaniques ou marins en font une destination de choix pour les amateurs d'aventure. Cap sur deux îles qui fleurent bon l'expédition. La première: Kauai, l'Île-Jardin.

Kauai: à l'assaut de l'Île-Jardin

KAUAI - Qu'il est triste de voir tant de voyageurs écarter Kauai de leur itinéraire... À leur décharge, il est vrai que la plus occidentale des îles hawaïennes, judicieusement surnommée l'Île-Jardin, a le défaut de sa qualité: arrosée en abondance, elle est couverte d'une végétation exotique des plus luxuriantes, au prix d'une météo instable et parfois brumeuse. La nature y a ainsi cultivé depuis des millénaires un époustouflant terrain de jeu, formé de canyons escarpés et de côtes ciselées, le tout bordé de petites plages invitantes.

Pour entrer d'emblée dans le vif du sujet, il suffit de suivre la route sinueuse menant au canyon de Waimea, louangé et qualifié de «Grand Canyon du Pacifique» par Mark Twain (dont on lira les Letters from Hawaii). Certes plus modeste, il n'a cependant pas à rougir de son cousin ouest-américain, avec ses stries ocre et ses touches verdoyantes au contraste unique.

Ceux à qui le point de vue panoramique du belvédère (accessible de la route Waimea Canyon Drive) n'aura pas suffi pourront se balader autour des parois, voire s'engouffrer dans les brèches, grâce à un vaste éventail de sentiers de randonnée. Parmi d'autres, le sentier KuKui se révèle plutôt corsé, tandis que Canyon Trail ou Cliff Trail s'adressent à tous les publics.

Juste au nord du canyon, le parc national Kokee offre son lot de promenades forestières, dont le chemin Awaawapuhi, lequel aboutit à un délectable coup d'oeil introductif sur la côte.

Quel que soit le choix du tracé, des bottes tout-terrain s'imposent, la boue étant souvent au rendez-vous. Et si jamais la brume venait à masquer le tableau, sachez qu'elle se dissipe généralement aussi promptement qu'elle s'est installée. Patience!

Les pierres polies de Na Pali

Avez-vous déjà contemplé de gigantesques émeraudes fichées dans un océan de saphir infini? Kauai abrite un tel bijou naturel, sculpté à même la côte de Na Pali. L'érosion, couplée à une végétation exubérante, a taillé une rangée de falaises saillantes, en lame de couteau, qui plongent directement dans les eaux bleutées.

Mais ces beautés éclatantes se laisseront désirer, car leur accès limité donnera bien du fil à retordre aux observateurs. Ceux dont la bourse est bien garnie opteront pour un tour d'hélicoptère, avouons-le, inoubliable (250-300$ par personne). L'approche par bateau, plus abordable (compter une centaine de dollars), permettra aussi de jouir d'une vue d'ensemble.

Les plus aventureux n'hésiteront pas à faire un grand détour pour atteindre le départ du sentier de Kalalau, au nord-ouest de l'île. Cette randonnée de 18 km concentre tous les ingrédients d'une expédition aussi exotique que spectaculaire. Avec la plage de Ke'e comme point de départ, un chemin tortueux longe la côte de Na Pali à même le flanc des falaises. Jungle de lianes, palmiers en fête et fleurs multicolores plantent le décor, digne des tribulations d'Indiana Jones.

La traversée des cinq vallées qui jalonnent le parcours nécessite une journée complète, jusqu'à la plage de Kalalau, point d'arrivée où une baignade bien méritée (mais très prudente) attend le marcheur. Prévoir du matériel de camping pour y passer la nuit. Faire une partie du trajet avant de revenir sur ses pas demeure toutefois une option.

Notez aussi qu'un permis est requis pour camper et accéder à la seconde moitié du trajet.

Des huttes et des chutes

Au-delà de ces deux lieux incontournables, Kauai réserve d'autres petits joyaux nichés çà et là. Dans l'est, les chutes de Wailua, particulièrement colériques au printemps, sont facilement accessibles par la route.

Après avoir admiré des prairies d'anciens champs de taro (un tubercule tropical) vert pâle, on atteint Kamokila, la reconstitution d'un village traditionnel qui permet de s'immiscer dans un microcosme de huttes et de secrets mythiques. Des excursions en kayak sont possibles au départ de ce hameau.

Mais n'oublions pas les férus de vastes étendues dorées: la plage de Poipu, au sud, s'avère tout indiquée pour le tuba ou simplement pour relaxer. Après cette palette d'émotions colorées, qui s'en priverait?

Hawaii, nid pour oiseaux hivernaux

L'un des nombreux atouts du 50e État américain reste son climat, qui lui permet d'accueillir les visiteurs toute l'année. Les températures grimpent en période estivale (prévoir un logis climatisé si l'on est sensible à la chaleur) et restent très douces en hiver, suffisamment pour en faire une destination idéale aux yeux des Québécois excédés par les monticules de neige. Notez que Kauai est plus brumeuse et pluvieuse en début d'année, mais que les nuages se dissipent en général rapidement.

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Photo Sylvain Sarrazin, La Presse

Les randonneurs qui s'attaquent à Kalalau auront droit à de très belles plages au départ comme à l'arrivée, pour récompenser leurs efforts.