Le paysage entourant le mythique lac Tahoe, sur la frontière entre la Californie et le Nevada, connaît une véritable cure de jeunesse. Pour vous donner un aperçu de la destination hip du moment, nous avons visité 3 des 15 stations de ski de la région.

 

Suivre la vague de Lake Tahoe

Le paysage entourant le mythique lac Tahoe change. Des motels miteux sont transformés en hébergement cool. Des restaurants et boutiques branchés s'établissent près des stations de ski. Même que certaines montagnes développent de nouvelles pistes pour les amateurs de neige. Décidément, Lake Tahoe est la destination hip du moment!

Le lac Tahoe, qui se trouve à cheval sur les États de la Californie et du Nevada, est loin d'être une nouvelle destination touristique. Depuis plus d'un siècle, ce lac turquoise comme la mer des Caraïbes attire des touristes été comme hiver. Mais c'est surtout grâce aux Jeux olympiques de Squaw Valley en 1960 que cette région s'est fait connaître à l'extérieur des États-Unis.

Le temps a cependant passé et les installations ont commencé à montrer des signes de vieillesse... jusqu'à tout récemment. Un vent de changement souffle depuis peu sur cette région montagneuse de la Sierra Nevada.

À Tahoe City, la ville à l'extrême sud du lac, de jeunes entrepreneurs contribuent au renouveau. Le Dougs Mellow Mountain Retreat a par exemple été transformé en auberge de jeunesse par Wolfie Shapiro et Elias Small, deux jeunes passionnés de plein air. Le Mellow Mountain Hostel a rouvert ses portes en juin dernier.

Même chose avec le Basecamp Hotel, un motel voisin qui avait la réputation d'accueillir des planchistes et quelques ski bums. Grâce à une transformation extrême, la décoration de ce petit hôtel semble aujourd'hui tout droit sortie d'un magazine de design. Malgré tout, y dormir ne coûte pas les yeux de la tête!

«Dans le coin, il y a plusieurs motels qui ont été mal entretenus avec les années. Il y a des jeunes qui sautent sur ces occasions. Ils achètent les bâtiments qui coûtent peu cher et ils les rénovent entièrement», souligne Dan Collins, directeur adjoint du Basecamp Hotel.

Les vieux hôtels ne sont pas transformés uniquement en gîtes bon marché. À quelques rues de là, le désolant Royal Valhalla Lodge a été converti en chic hôtel-boutique. Le nouvel établissement qui porte le nom The Landings a rouvert l'hiver dernier.

Vail entre en jeu

L'autre acteur important des changements qui se manifestent au lac Tahoe est sans aucun doute Vail Resorts, le groupe qui possède 10 stations de ski aux États-Unis, dont celle du même nom au Colorado. Depuis 12 ans, l'entreprise a acheté trois stations dans la région : Heavenly en 2002, Northstar en 2010 et Kirkwood en 2012.

Lors de l'acquisition de Heavenly et de Northstar, Vail Resorts a investi respectivement 40 et 30 millions de dollars américains pour attirer une nouvelle clientèle. De nouveaux télésièges débrayables ont remplacé les chaises plus vieilles et plus lentes, les systèmes d'enneigement artificiel ont été améliorés et des restaurants ont été rénovés ou carrément construits de A à Z.

Northstar, le village au pied des pistes, s'est agrandi afin d'accueillir des boutiques de renom. Surtout, les investissements ont permis d'ouvrir des accès pour de nouveaux sous-bois et de nouvelles pistes. Sur l'une des montagnes de cette station de ski, la luxueuse chaîne d'hôtels Ritz-Carlton a également ouvert un établissement.

«Tahoe a toujours été une destination de vacances mythique, affirme Robin Penning, directrice des communications de l'hôtel. Avec l'ajout d'un acteur important comme Vail, c'est sûr que l'offre de service pour les clients devient plus diversifiée et aussi plus luxueuse.»

Mais autant les résidants que les entrepreneurs s'entendent sur un aspect primordial de la croissance de la région: les uns et les autres reconnaissent que le lac et la nature qui l'entoure ont une valeur inestimable.

«Le lac Tahoe est une beauté naturelle. Il y a plusieurs bâtiments rustiques. Ceux-ci vont rester ainsi ou ils vont être rénovés avec le temps. Mais dans le coin, c'est très difficile de construire de nouveaux établissements parce que personne ne veut que la région devienne surdéveloppée», explique Mme Penning.

Voilà une vision qui ne peut que plaire aux vrais skieurs et planchistes.

Photo Bernard Brault, La Presse

Le restaurant Living Room du Ritz-Carlton Lake Tahoe.

Du jeu et des sous-bois à Heavenly

SOUTH LAKE TAHOE - Les paysages au sommet de Heavenly sont impressionnants, car la station de ski est la plus rapprochée du lac Tahoe. C'est aussi la seule montagne de la région qui est traversée par la frontière qui sépare le Nevada de la Californie. Les pistes sont donc réparties également dans les deux États.

Ce constat, qui peut paraître anodin, est loin d'être un détail pour John Rhode, un skieur de l'Oregon qui visite annuellement South Lake Tahoe. Lorsqu'on lui demande pourquoi il aime tant cette montagne, sa réponse est sans équivoque: «Parce que le soir, on peut s'adonner à des jeux d'argent!»

M. Rhode n'est certainement pas le seul à penser ainsi. Les Californiens visitent eux aussi les casinos à l'est de la Stateline Avenue, à South Lake Tahoe. Dans cette ville qui se trouve complètement au sud du lac, on distingue parfaitement où se situe la frontière. Du côté nevadain, les hôtels-casinos comptent une vingtaine d'étages. Du côté californien, les touristes séjournent plutôt dans des petits motels.

Les résidants du nord du lac Tahoe se moquent d'ailleurs souvent de South Lake Tahoe. Ils affirment entre autres que la ville est trop développée et trop touristique. Pour certains, il s'agit d'un inconvénient; pour d'autres comme la femme de M. Rhode, c'est un véritable attrait.

«Tous les hivers, lorsqu'on vient skier à South Lake Tahoe, on reste dans un hôtel-casino au Nevada. Le soir, mon mari aime jouer aux tables de temps en temps. Sinon, il y a plusieurs activités après le ski. On peut regarder un film au cinéma ou faire du lèche-vitrine parce qu'il y a plusieurs boutiques. Moi, c'est ce que je préfère!», dit Patti Rhode.

Paradis du sous-bois

Bien entendu, les skieurs et planchistes qui se rendent à South Lake Tahoe y vont avant tout pour les montagnes et non pour le magasinage!

Avec les grands pins matures qui se dressent partout sur la montagne, Heavenly est certainement l'une des stations de ski de la région les plus intéressantes pour ses sous-bois. Même quelques jours après une bordée de neige, on arrive toujours à dénicher quelques coins de poudreuse, assure Mme Rhode.

«Les arbres sont juste assez espacés pour ne pas que j'aie peur de les percuter! Et puisque ce sont des pistes moins fréquentées, la neige reste belle et on trouve souvent de la poudreuse même s'il n'a pas neigé pendant la nuit», dit-elle.

Heavenly trouve aussi une place de choix dans le coeur de Tim Grant, un skieur qui fréquente cette montagne depuis 38 ans. «Ce n'est pas la station de ski avec les pistes les plus difficiles de la région. En revanche, le terrain est très diversifié. Il y a des pistes qui représentent un vrai défi. Pour d'autres, il y a des pistes intermédiaires et même une dizaine de sentiers faciles», raconte-t-il.

La montagne est en effet destinée aux skieurs intermédiaires, mais les plus avancés réussissent aussi à y trouver leur compte. Les novices vont parcourir quelques mètres à pied pour dévaler le Milky Way Bowl, la seule cuve de neige de la station. De là, le secteur Mott Canyon et ses pistes double losange ne sont accessibles que par des portillons placardés de notices de sécurité.

Les skieurs moins aguerris vont préférer se rendre du côté californien de la montagne. Pour commencer la journée, Robert Feustle et son fils David choisissent assurément la piste Ridge Run (carré bleu) qui débute du plus haut sommet de la montagne, à 3060 m d'altitude.

«C'est une piste qui est bien damée. Elle est longue, elle est large, la vue est superbe. Sans farce, on se laisse glisser sur cette piste!», raconte Robert Feustle, ce skieur du Maryland pour qui Heavenly est la plus amusante des stations de la région.

La plus amusante peut-être, mais plusieurs skieurs vous diront surtout que Heavenly est la station de ski offrant le plus beau panorama. Du haut de la chaise Olympic Express qui mène à des pistes intermédiaires (carré bleu), la vue est amplement dégagée. D'un côté, on repère le lac Tahoe et les sommets enneigés de la Sierra Nevada. De l'autre, on aperçoit le désert du Nevada qui contraste avec le reste du paysage.

Entre deux descentes sportives, c'est assurément à cet endroit, devant ce paysage magnifique, que l'on s'arrête pour reprendre son souffle.

Photo Bernard Brault, La Presse

Le télésiège Canyon Express à Heavenly.

Northstar gâte ses skieurs

TRUCKEE - Northstar, c'est le nec plus ultra des stations de ski. Ici, le personnel veille constamment au bonheur des skieurs, surtout ceux de niveau intermédiaire qui raffolent des pistes damées.

Aussitôt que l'on arrive dans le village au pied des pistes, on sent que le skieur ou le planchiste est maître. Partout, des chariots sont mis à la disposition des clients pour qu'ils puissent transporter leurs skis, leurs bottes, leurs pôles, leurs sacs et autres gadgets en roulant. C'est le genre de détails qui facilitent sans l'ombre d'un doute une fin d'une journée avec des enfants épuisés.

Et ce n'est qu'une attention parmi tant d'autres. À la gondole, le personnel insiste pour porter les skis des clients. À l'entrée des cafétérias, un préposé offre toujours des papiers mouchoirs aux skieurs qui entrent se réchauffer. Les après-midi de week-end, on attend les skieurs et les planchistes avec des guimauves, au pied des pistes. Des fleurs fraîchement coupées décorent même les toilettes.

Northstar, c'est assurément une montagne de luxe pour les skieurs intermédiaires, même débutants. Parmi les 97 pistes, 58 sont des carrés bleus. C'est le cas de la Logger's Loop, la piste la plus longue, qui mesure 2,25 km. Plus de la moitié des pistes sont également travaillées mécaniquement la nuit et certaines le sont pendant la journée. Un écriteau est placé juste en haut des pistes et indique quand elles sont fraîchement damées. Il est donc impossible de se retrouver dans une piste trop difficile pour ses moyens... à moins de l'avoir prévu.

Le terrain, qui n'est pas aussi difficile qu'à Squaw Valley, et les petites attentions portées aux clients, c'est exactement ce qui plaît à Liz Carlson. Depuis quatre ans, elle voyage du Montana pour skier à Northstar avec une amie. «On aime Northstar parce que le personnel est toujours aimable et on sent qu'on est des clients spéciaux, raconte-t-elle. Il y a aussi de beaux sous-bois. Je ne suis pas la meilleure skieuse hors-piste, mais le terrain est juste parfait pour mon niveau.»

Encore plus de ski

Pour les sous-bois ou les pistes plus difficiles, plusieurs skieurs privilégient Lookout Mountain. Il y a six ans, la station a investi d'importantes sommes pour agrandir la superficie skiable dans ce secteur et pour prolonger les pistes déjà existantes. Le dénivelé est passé de 380 à 524 m et surtout, la superficie skiable a bondi de 1,7 à 11,8 km2.

Les pistes difficiles de Lookout Mountain sont les préférées de Peter Warren, un habitué de la station. «C'est un secteur qui est un peu moins fréquenté et les pistes offrent de bons défis. Quand il y a une tempête, c'est l'endroit où il faut aller. Vu que c'est plus tranquille, la neige reste belle plus longtemps», souligne-t-il.

Amy Cardiff avait aussi l'habitude de skier à Lookout Mountain, mais avec l'arrivée de Lucas il y a quatre ans, elle fréquente plus souvent les pistes au sommet des remontées Vista Express ou Tahoe Zephir Express. «Ce qui est bien, c'est que toutes les pistes bleues mènent à la Lumberjack ou la Lower Main Street, deux sentiers faciles. C'est hyper pratique avec les jeunes enfants», raconte la mère de famille.

Comme le confirme Mme Cardiff, Northstar tente de séduire les jeunes familles. Et c'est tout à son honneur de vouloir encourager la relève du ski.

Photo Bernard Brault, La Presse