Pédaler jusqu'à New York, pourquoi pas! Mais quelle route emprunter? Notre journaliste en a testées deux, l'une à l'aller, puis l'autre au retour. Voici le compte-rendu de son périple.

Retour: Paisible Vermont

Un parcours plus accessible et plus paisible qu'à l'aller. Malgré le détour par le Vermont, les distances demeurent similaires. Et le nombre de villages intéressants offre plus de flexibilité pour déterminer la distance des étapes.

Jour 1 (105 km): New York-Poughkeepsie

On opte pour une sortie par Harlem, où une piste le long de la rivière Harlem offre un peu de quiétude inattendue. Le modeste pont de Broadway permet de quitter Manhattan et d'atteindre le Bronx, où mieux vaut ensuite longer l'avenue Riverdale. On traverse les banlieues new-yorkaises par la route 9, plutôt tranquille par un dimanche matin. Quelques jolis endroits en chemin, mais la palme de la plus belle ville revient à Tarrytown, au pied du pont Tappan Zee. La route devient une autoroute sur quelques centaines de mètres après Ossining, mais une piste cyclable permet d'éviter le problème. Une route essentiellement plate nous mène à Poughkeepsie, où la circulation s'intensifie.

Jour 2 (130 km): Poughkeepsie-Troy

Journée à saveur historique s'il en est une, avec des passages par le manoir Vanderbilt et les sites consacrés à deux anciens présidents: Franklin Delano Roosevelt et Martin Van Buren. Au milieu de tout ça, on traverse le village de Rhinebeck, de loin le plus pittoresque de la journée. Des chemins encore plats et peu fréquentés nous indiquent que le retour sera plus agréable que l'aller. À l'arrivée nous attend Troy, une banlieue assez pauvre d'Albany.

Jour 3 (130 km): Troy-Brandon

Une journée de traversée vers le Vermont, mais sans grandes ascensions malgré la réputation de l'État. Les abords du lac Bomoseen offrent une vue imprenable, le temps de dîner. Puis arrivent les complications. Google Maps suggère des chemins reculés plutôt que de se rendre à l'intersection des routes 30 et 73, afin de nous économiser quelques kilomètres. Mais certains de ces chemins sont en gravier, avec des pentes descendantes qui font craindre la chute à chaque virage. Des grognements qui ressemblent à ceux d'un ours, pendant une pause, achèvent de nous convaincre: la prochaine fois, rester sur les routes numérotées serait préférable. Le sympathique village de Brandon, sa dizaine d'auberges et son restaurant français, où l'on peut faire la causette avec le chef Robert Barral, nous réconcilient avec la vie.

Jour 4 (130 km): Brandon-St. Albans

On ne se casse pas la tête: ce sera la route 7 tout le long. Parfois passante, elle offre néanmoins un accotement assez large pendant une bonne partie du trajet. Les vallons nous rappellent que nous sommes au Vermont, mais les ascensions demeurent bien plus douces que dans les Adirondacks. Un problème de dérailleur, conséquence du gravier de la veille, ralentit la monture. Heureux hasard, on croise le bon John, un cycliste qui se rendait à Middlebury justement pour faire réparer son vélo. Un partenaire de route pour une quinzaine de kilomètres... qui illustre l'hospitalité des Vermontois en réglant la note! La circulation s'alourdit à Burlington, mais le calme revient un peu plus loin.

Jour 5 (120 km): St. Albans-Montréal

Une vingtaine de kilomètres et voilà déjà la douane de Clarenceville, qui accueille, à 8h le matin, son premier «véhicule» de la journée. On reconnaît vite la région montérégienne avec ses routes plutôt horizontales. Un chemin de campagne nous mène jusqu'à la 133, qu'on emprunte jusqu'à Iberville. De là, on traverse à Saint-Jean-sur-Richelieu, que l'on quitte par la route 104. Deux crevaisons ne minent en rien la satisfaction du retour à la maison et d'avoir bouclé un parcours de quelque 1300 km. Surtout, un chemin de retour beaucoup plus humain, avec des distances mieux réparties, laissera un meilleur souvenir que l'aller.

>>> À lire: Aller: À travers les Adirondacks

En cas d'ennui mécanique...

Skihaus of Vermont

À quelques pas de la route 7, au Vermont. Au sous-sol de cette boutique de plein air, Pat vous accueille dans son atelier de réparation de vélos.

6 Merchants Row, Middlebury, 802-388-7547

Troy Bike Rescue

Le quartier est un peu louche, mais l'endroit vaut le détour: un atelier de réparation en libre-service, gratuit, avec tous les outils nécessaires. Si vous vous sentez malhabile, un bénévole vous offrira un coup de main. Le hic: comme il s'agit d'un collectif financé avec les dons des visiteurs, l'endroit n'est ouvert que le lundi et le mercredi, de 17h à 20h.

3280, 6e Avenue, Troy, 518-328-4827

People's Bicycle

Une raison de plus pour traverser le fleuve Hudson, en cas de pépin. Et si le problème est majeur, la ville est desservie par le train Metro North, qui mène à Manhattan.

430, rue Main, Beacon, 845-765-2487

Rouler à New York

Le réseau cyclable new-yorkais a littéralement explosé depuis quelques années, si bien que plusieurs grandes artères sont désormais dotées de voies réservées.

La pièce maîtresse du réseau demeure la Hudson River Greenway, cette piste qui longe le flanc ouest de Manhattan, du quartier financier jusqu'à l'extrémité nord de l'île, avec un minimum de feux de circulation. La piste longe notamment l'USS Intrepid, un porte-avions transformé en musée, passe dans les parages du High Line et sous le pont George-Washington.

De l'autre côté de l'île, l'East River Greenway tente de reproduire le même principe, en vain. D'une part, la piste s'arrêtait, au moment de notre passage, aux environs de la 34e Rue à son extrémité nord (un projet de prolongement a été lancé en 2013). D'autre part, il faut être enthousiaste pour parler d'une «piste cyclable». Le tracé prend plusieurs formes et, à un certain point, la piste, coincée entre l'autoroute et un vieil édifice, est si étroite qu'un seul vélo peut y circuler à la fois.

Entre tout ça, les 1re, 8e et 9e Avenues sont notamment dotées de voies cyclables, mais mieux vaut être attentif, car les risques de collision sont nombreux, et pas nécessairement en raison de taxis trop agressifs. Dans notre cas précis, deux collisions ont été évitées de justesse avec d'autres cyclistes peu soucieux de regarder autour d'eux avant de s'engager sur la voie.

Broadway

La mythique Broadway est également accessible sur deux roues à partir de Central Park vers le sud, avec un système bien pensé de feux de circulation qui protège le passage des vélos. Plus au nord, Broadway se dévale particulièrement bien à l'heure des livraisons, le matin, quand des camions stationnés en double ont pour effet de pousser les voitures à rouler dans les troisième et quatrième voies, ce qui laisse la deuxième voie aux vélos. Pour cyclistes urbains avertis