Envie d'ailleurs pour Noël ? Non, il n'est pas trop tard pour organiser un petit voyage de dernière minute. Et avec son incomparable ambiance des Fêtes, à une demi-journée de voiture de Montréal, Boston est une destination tout indiquée.

» L'An nouveau de Boston

Boston a donné à Noël quelques-unes de ses plus belles traditions. Et chaque année, la ville revêt ses plus beaux atours pour la grande fête. Difficile à croire, mais les célébrations de fin d'année y ont pourtant longtemps été interdites...

Sous la coupole décorée d'étoiles du Quincy Market, un piano public attend dans un coin. Un père s'y installe pour jouer Go Tell it on the Mountain devant son fils, les yeux tout grands ouverts devant tant de talent.

Dehors, des amoureux se prennent en photo devant l'immense arbre de Noël, une épinette de Norvège qui domine du haut de ses 24 m la promenade de Faneuil Hall. La musique de Noël couvre le bruit lointain de la circulation. Si la météo était synchrone, il tomberait de gros flocons duveteux pour ajouter au tableau.

Il faut dire que Boston est particulièrement beau sous les lumières de Noël. Les façades de briques des maisons victoriennes arborent de gigantesques couronnes à boucle rouge; les arbres décorés poussent par grappe dans les parcs et dans les vitrines des magasins.

Étonnant renversement pour une ville où, en 1659, les puritains avaient interdit toutes les célébrations de Noël. Cette fête, païenne à leurs yeux, n'apportait que désordre et perdition. Pas de musique, donc. Pas de danse, pas de festins ni de rassemblements. Que du travail... Pendant plus de 20 ans, quiconque était pris en flagrant délit de célébrations devait payer une amende de 5 shillings.

«Les puritains vivaient dans une peur mortelle que quelqu'un ait du plaisir», lance Jeremiah Poope, qui offre des visites guidées le long de la Freedom Trail, en plein centre de la ville.

Aujourd'hui, Boston prend sa revanche. Des milliers de touristes y passent pendant la période des Fêtes, attirés par l'ambiance festive qui s'empare alors de la ville. Du début du mois de décembre jusqu'à la mi-janvier, les activités se multiplient: concerts de Noël, spectacles de danse (dont l'incontournable Casse-Noisette), messe à la chandelle, illuminations de sapins, chanteurs de cantiques animant les marchés, patinoires éclairées à la nuit tombée...

Dans les marchés ou devant les boutiques, au milieu des rennes du zoo ou en plein concert symphonique, les pères Noël viennent pointer leur barbe blanche (souvent factice, mais pas toujours).

Le décor un peu suranné des bâtiments anciens drapés dans les lumières multicolores ajoute incontestablement au tableau. Lorsque la neige s'y met, on se croirait véritablement dans un album pour enfants... Pour peu, on entendrait les grelots du père Noël traversant le ciel.

Selon Jeremiah Poope, ni l'entêtement des Bostoniens à célébrer Noël malgré l'interdiction des puritains ni la beauté du décor ne suffisent à expliquer pourquoi la ville continue de représenter la quintessence des Fêtes dans l'esprit de plusieurs étrangers.

«Plusieurs traditions nord-américaines ont vu le jour à Boston, dit-il. L'ancien magasin Jordon Marsh, où se dresse aujourd'hui le Macy's, a été le premier où les enfants pouvaient s'asseoir sur les genoux du père Noël. L'église Trinity a exposé le premier arbre de Noël en Amérique. Et Louis Prang, considéré comme le père des cartes de Noël aux États-Unis, possédait au XIXe siècle une imprimerie tout près de Boston.»

C'est aussi à Boston, en 1867, que Charles Dickens a offert pour la première fois de ce côté de l'Atlantique une lecture publique de son célèbre Chant de Noël. Le grand miroir dans lequel Dickens a répété les mimiques de ses personnages est encore suspendu au mur de l'hôtel Parker House. On dit que parfois, les clients de l'hôtel y aperçoivent un homme vêtu en costume victorien...

C'est peut-être un fantôme des Noëls passés, présents ou futurs, revenu hanter les Scrooge modernes pour les ramener sur le chemin de la générosité... À Noël, tout est possible.

Quoi faire ?

Plusieurs activités sont proposées à Boston et dans les environs pour s'immerger dans

la magie des Fêtes. Et plusieurs se prolongent après

le jour de l'An.

Pendant la saison blanche, le Frog Pond du grand parc Boston Common se transforme en patinoire réfrigérée. Un site romantique à souhait pour patiner sous le soleil d'hiver ou au milieu des arbres tout illuminés en soirée.

Des lumières en quantité. Un vrai renne venu du Nord. Un château féérique. Un carrousel qui tourne sur des airs de Noël. Situé à 15 minutes de Boston, le Stone Zoo propose une vraie débauche lumineuse pour les Fêtes. L'ensemble est un peu poussiéreux, mais les enfants n'y voient que du feu.

Pour les Fêtes, la Freedom Trail Foundation propose des visites thématiques de Noël. Dirigée par un guide en costume dickensien (et jamais avare d'anecdotes), la visite alterne entre sites historiques et lieux associés aux festivités de Noël.

Classiques de Noël où se glissent des airs de Queen, contes pour enfants, cantiques que le public entonne en choeur, une bière ou un lait de poule à la main... Les concerts de l'orchestre symphonique Boston Pops déstabilisent et séduisent par leur énergie contagieuse. Même le père Noël vient y faire son tour.

Blink! C'est le nom donné au spectacle son et lumière présenté depuis deux ans sur la place de Faneuil Market. Chaque demi-heure, les 350 000 lumières qui décorent l'arbre géant et les façades des boutiques clignotent au son des musiques de Noël.

Photo Édouard-Plante Fréchette, La Presse

Bons plans

Pour se restaurer, faire des emplettes... et pour bien dormir, voici notre sélection de bonnes adresses à Boston.

 Pour manger                            

L.A. Burdick

Le chocolat chaud reste la boisson par excellence pour contrer le froid bostonien. Celui de L.A. Burdick est fait de copeaux de chocolat (au lait, noir ou blanc) lentement fondus dans du lait chaud. On peut opter pour du chocolat provenant d'un seul pays producteur, relevé de piment moulu ou aromatisé à la menthe. La maison offre aussi d'excellents chocolats artisanaux.

220, Clarendon Street

www.burdickchocolate.com


Flour Bakery

C'est ici qu'on trouvera les meilleurs biscuits au chocolat. Les plus réussis des Oreo maison. Et les plus décadentes brioches au caramel (les célèbres sticky buns). Cette boulangerie reconnue pour ses desserts propose aussi de somptueux sandwichs pour les déjeuners, des soupes fumantes et de très bons cafés. Incontournable.

131, Clarendon Street

flourbakery.com


Coppa

Situé dans le quartier South End, au bout d'une rue bordée de maisons victoriennes, ce restaurant toujours bondé d'une foule branchée propose des stuzzichini, des petites bouchées façon italienne. La spécialité: les salaisons italiennes et les antipasti de légumes réinventés. La carte des vins y est aussi fort intéressante.

253, Shawmut Avenue

www.coppaboston.com


Omni Parker House

Le dessert emblématique de la ville et du Massachusetts, le Boston Cream Pie, est né au XIXe siècle dans les cuisines de ce prestigieux hôtel victorien. On le prépare toujours selon la recette originale. À savourer dans la somptueuse salle à manger, au milieu des boiseries et des chandeliers, en se rappelant que c'est ici que John F. Kennedy a demandé en mariage Jacqueline Bouvier.

60, School Street

www.omnihotels.com


Paramount

Un resto de quartier où les résidants de Beacon Hill viennent manger matin, midi et soir. Omelette accompagnée d'un jus fraîchement pressé. Burger accompagné d'une limonade maison. Viande braisée avec un verre de vin. Devant la porte de cet ancien diner des années 30, la file peut s'étirer, signe que même si le menu change au cours de la journée, la popularité du Paramount, elle, reste la même.

44, Charles Street

www.paramountboston.com


 Pour dormir

Fairmount Copley

Difficile de ne pas succomber au charme de cet hôtel historique, situé face au Copley Square. Si la décoration des chambres reste assez banale, les espaces publics sont grandioses. Dans le hall, le marbre et le cristal renvoient les éclats du grand arbre de Noël illuminé. Les deux labradors de l'hôtel, Catie et Carly, y paressent, entre deux balades avec les clients. Le restaurant profite aussi d'un décor majestueux, avec ses riches boiseries et son interminable bar tout en chêne.

138, Saint-James Avenue

www.fairmont.fr/copley-plaza-boston


 Pour le shopping

Marché de Noël

Certes, la petite tente de toile blanche fait un peu tristounette devant la vitrine abondamment illuminée du grand magasin Macy's. Mais on peut rencontrer ici une douzaine d'artisans et producteurs régionaux. Un illustrateur. Une apicultrice. Et Jordan McCrea, biologiste défroqué qui oeuvre désormais dans la création de caramels artisanaux ultramoelleux au goût relevé, notamment au sel de mer, au scotch, au gingembre ou au romarin.

Beacon Hill

Dans Charles Street, principale rue marchande du quartier résidentiel de Beacon Hill, les boutiques de designers, d'artisans et de créateurs côtoient des épiceries fines et des antiquaires en quantité. On y passe pour trouver un cadeau exclusif ou simplement pour admirer l'enfilade de bâtiments victoriens en briques rouges et ses lampadaires au gaz.

www.beacon-hill-boston.com

Photo Édouard-Plante Fréchette, La Presse