Le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) consacre une exposition à la carrière de Stanley Kubrick, réalisateur américain dont l'oeuvre se mesure bien davantage à la qualité qu'à la quantité des films.

En cela, les commissaires de l'exposition avaient un casse-tête de moins à résoudre. Cela ne les a pas incités à la nonchalance. Au contraire! Dans une exposition bien construite et bien résumée, ils ont survolé avec intelligence et un réel souci d'ouverture au grand public une carrière de près de six décennies, amorcée dans les années 40 avec la publication de photographies prises par le cinéaste pour le magazine Look.

Et, surtout, ils ont réussi à créer plusieurs ambiances inspirées de l'environnement physique de chacun des films de Kubrick.

Pour 2001: A Space Odyssey, par exemple, le visiteur traverse une pièce froide, aseptisée et - bien entendu - d'un blanc immaculé. La voix de HAL, redoutable ordinateur du vaisseau Discovery One, se fait entendre en sourdine.

Pour l'espace consacré à The Shining, un moniteur dans lequel est diffusée une vidéo est installé à la hauteur des yeux d'un enfant. Le temps de se prendre au jeu en se mettant dans la peau du petit Danny et on aperçoit les vêtements bleu pâle des jumelles Grady de l'autre côté de la pièce. Entre eux et nous, une machine à écrire posée sur la table avec son éternelle phrase: «All work and no play makes Jack a dull boy». Brrr...

Un passage dans la salle consacrée au film Spartacus est moins éprouvant. Immense et décorée avec ostentation, elle nous rappelle qu'on fréquente ici un monde où cohabitent empereurs, nobles et esclaves.

Voilà pour les contenants. Dans son contenu, l'exposition est plus classique, avec son lot d'objets tirés des différents films de Kubrick, des extraits, des vidéos de quelques «making of», l'arsenal optique servant aux tournages, etc.

C'est cependant l'abondante documentation écrite et visuelle qui retient le plus notre attention. Cinéaste méticuleux et en contrôle absolu du produit, Stanley Kubrick travaillait énormément en amont de chaque tournage. Cela se voit à travers les innombrables pages annotées (d'une écriture en pattes de mouche) de scénarios. La recherche iconographique est tout aussi abondante pour Full Metal Jacket.

Il y a des surprises. Tiens, au hasard d'une lecture: un cahier de scénario du film The Shining, daté du 20 octobre 1977, est plutôt titré The Children.

Les installations du LACMA sont érigées en bordure du célèbre boulevard Wilshire de Los Angeles. En façade, vous y verrez la fameuse sculpture Urban Light de Chris Burden, là où a été tournée une scène du film No Strings Attached. Mais oui, c'est un très bel endroit pour se faire prendre en photo!

> L'exposition se poursuit jusqu'au 30 juin. Info: lacma.org