Le nom de Frida Kahlo est bien sûr celui qui sert d'hameçon pour attirer les visiteurs à l'exposition In Wonderland - Surrealist Adventures of Women Artists in Mexico and the United States. Et ce n'est pas de la fausse représentation: une dizaine de ses toiles (Autoportrait au collier d'épines et colibri, Frida et Diego Riviera, Les deux Frida, etc.) sont de l'événement. Et qu'en dire sinon qu'elles font de l'effet! Peu importe la salle où elles sont accrochées, ce sont vers elles que, spontanément, on s'approche. Devant elles que l'on s'immobilise. Elles que l'on admire. Pas une seconde, on ne regrette de s'être fait pêcher ainsi.

D'autant que l'exposition est loin de se limiter à cela et que le reste n'est pas constitué de menu fretin. Vraiment, que de (re) découvertes à y faire! En tout, quelque 175 toiles, photos, sculptures et installations exécutées par 47 artistes (de Louise Bourgeois à Lee Miller en passant par Leonora Carrington et autres Dorothea Tanning) occupent les 11 galeries du pavillon Resnick - chacune déclinant un thème: l'identité à travers les autoportraits, le corps, la femme créative, romance et domesticité, politique, l'Amérique du Nord: ses terres, ses peuples autochtones, ses mythes, etc.

Impossible de ne pas soupirer de quasi-extase devant le sublime Birthday de Dorethea Tanning, autoportrait où l'artiste se représente (dé) vêtue d'une robe végétale; puis, de ne pas sourire devant sa sculpture d'un Rainy Day Canapé qui semble à première vue sans queue ni tête. Plus loin, difficile de ne pas frissonner d'appréhension devant les photographies de seins amputés lors d'une mastectomie: signées Lee Miller, ces images-là valent leur pesant de mots (douloureux).

Aussi nombreux sont ceux qui, sur un tout autre ton, semblent s'envoler des toiles de Remedios Varo: ces oeuvres sont comme autant de fenêtres sur des pays imaginaires où rêve, poésie, humour et surréalisme se mêlent et enchantent. Ici, une dame hibou crée des oiseaux grâce à la lumière des étoiles; là, une femme nourrit la Lune en cage au moyen d'un pablum céleste. Il y a un conte dans chacune de ces images.

Tout comme il y a, dans chaque oeuvre de Kay Sage, une histoire sans fin et dramatique que l'on sent avant même d'en découvrir le titre - Danger, Construction Ahead, par exemple. Mais attention: le message «urbain» est rendu sous influence, entre autres celle de Dali et Magritte.

Bref, on sort d'In Wonderland avec l'impression d'être passé de l'autre côté de plusieurs miroirs, aussi enchanté qu'Alice après son séjour au pays des Merveilles.

In Wonderland - Surrealist Adventures of Women Artists In Mexico and the United States, au Los Angeles County Museum of Art jusqu'au 4 mai. www.lacma.org

L'exposition sera ensuite présentée en exclusivité canadienne au Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec, du 7 juin au 3 septembre 2012. www.mnba.qc.ca