La côte Na Pali est d'une beauté saisissante. On peut la découvrir à pied ou en hélicoptère, mais le faire en kayak permet de visiter ses plus beaux secrets.

«Êtes-vous prêts pour la plus longue expédition commerciale de kayak au monde?»

Un petit frisson traverse le groupe. La douzaine de personnes, incluant deux guides, s'apprête à pagayer une trentaine de kilomètres en une journée, le long de la côte Na Pali, à Hawaii.

L'endroit est majestueux: des falaises vertigineuses se dressent en un mur imposant de roche volcanique et d'une végétation abondante, sur toute une partie de la côte nord de l'île de Kauai.

La déclaration du guide est sans doute exagérée. Elle annonce néanmoins une journée qui ne sera pas de tout repos. Trente kilomètres sur la houle et sous les vents, qui ne se font qu'en été, puisqu'en hiver, les vagues se transforment en murs hauts comme des palmiers.

Kayak Kauai se targue d'avoir été la première entreprise à l'offrir, il y a environ 30 ans. «Les gens croyaient que le propriétaire était fou», raconte l'un des guides.

Avant de partir, chacun s'est fait mettre en garde au moins 10 fois pour le mal de mer, surtout. Mais malgré la dernière mise en garde du guide, tout le monde décide de rester.

Des dauphins et des grottes

Il est 7h30 du matin quand on donne nos premiers coups de pagaie. On n'a pas fait 400 mètres que des dauphins apparaissent, à côté du bateau. «Bienvenue à Na Pali!», lance le guide.

Une bonne douzaine de films ont été tournés ici, dont un des volets de la série Pirates of the Caribeean. Dans un vieux James Bond, un hélicoptère passait sous l'arche étroite d'un rocher. Selon la rumeur, le pilote local se serait fait payer 1 million de dollars pour accomplir l'exploit devant les caméras.

À mesure qu'on avance, on comprend pourquoi le Barbe-Noire d'Hollywood est venu jusqu'ici pour chercher les paysages des Caraïbes.

Les falaises, parfaitement verticales, atteignent plusieurs centaines de mètres de hauteur. Des chutes descendent le long des rochers. De vastes vallées sectionnent la côte.

Le plus impressionnant est sans doute les grottes formées par l'érosion et les tubes de lave.

Comme le reste des îles hawaiiennes, Kauai est née d'éruptions volcaniques répétées et dont les résidus sont éventuellement sortis de l'eau. L'un des guides explique que la côte Na Pali doit sa splendeur au fait qu'une partie de cet amoncellement s'est détachée du reste et a sombré dans l'océan, créant cette succession de murs de pierre qui se dresse devant nous.

L'une de ces grottes, Ko Nanu, est un ancien cratère. On y entre par une grande arche pour se trouver au milieu d'un rond presque parfait, aux hautes parois verticales et à ciel ouvert. Le ressac entre et sort en faisant monter le niveau de l'eau comme une profonde respiration. Les plus braves peuvent en escalader les murs et se jeter à l'eau.

Terre-mer-air

Un peu après 13h, nous nous arrêtons pour manger sur la plage de Milolii, une longue plage de sable blanc. Après quelques bouchées de sandwich, une chute avoisinante donne un prétexte aller se délier les jambes. On les surnomme les chutes «lomi lomi», parce que l'eau qui martèle nos épaules quand on se place en dessous fait presque autant de bien qu'un massage hawaiien.

Au loin, on entend des coups de feu. Sans doute des chasseurs de chèvres et de cochons, près du canyon de Waimea, de l'autre côté de la montagne.

Comme ce superbe canyon, il est d'ailleurs possible de visiter la côte Na Pali à la marche, en longeant le haut des falaises. L'excursion d'une vingtaine de kilomètres, toute en montées et en descentes, mène jusqu'à la plage de Kalalau.

Légalement, on peut camper à Kalalau pendant un maximum de cinq jours, en compagnie de «hippies» qui, eux, y ont élu domicile depuis des lustres. Mais en théorie, ça prend un permis, qui n'est pas facile à obtenir puisqu'il est disponible en quantités très limitées.

La côte Na Pali se visite aussi en bateau à moteur ou en hélicoptère - à condition d'y mettre le prix.

Mais franchement, aussi spectaculaire soit-elle, la vue du haut de la montagne est incomparable à celle que l'on a sur l'eau. Et aucune de ces trois options ne donne autant de liberté que le kayak pour visiter les grottes, s'arrêter sur les plages ou plonger à l'eau quand bon nous semble.

Derniers coups de pagaie

Après la pause du repas, nous reprenons la route. Nous ne sommes plus qu'à deux heures de pagaie.

De derniers dauphins nagent à quelques mètres de nous, une dernière tortue sort la tête de l'eau...

Et tandis qu'on s'approche de la plage, vers 16h, on se dit que finalement, c'était loin d'être aussi difficile qu'on nous l'avait laissé croire.