Comment apprendre à se débrouiller sur une planche de surf, dans l'un des meilleurs endroits du monde pour pratiquer le sport ? Comment trouver une plage à son niveau et surtout, éviter de foncer dans le voisin lorsque les vagues sont très courues ?

Buttons Kaluhiokalani est debout sur la célèbre plage Sunset, sur la côte nord de l'île d'Oahu. « C'est ma cour arrière », dit-il en regardant autour de lui. À plus de 50 ans, l'une des nombreuses « légendes » hawaiiennes du surf vient encore surfer ici l'hiver, quand les vagues sont grosses comme des immeubles. Le reste du temps, il donne des cours aux débutants, sur l'une des plages des environs.

Buttons, de son vrai nom Montgomery Kaluhiokalani, est l'un des nombreux anciens pros du sport à s'être recyclés en instructeur.

Dans l'État de l'aloha, le surf est élevé au rang de sport des rois, littéralement. Avant l'arrivée de l'explorateur James Cook, vers la fin du XVIIIe siècle, toute une hiérarchie régissait les vagues. Le peuple ne pouvait surfer aux mêmes endroits que la noblesse.

Le sport s'est depuis démocratisé et, dans les années 60, la culture populaire américaine a contribué à le populariser. Mais il conserve ses lieux sacrés. Et le célèbre North Shore d'Hawaii en est un. Pour plusieurs, l'endroit, où certaines des compétitions les plus prestigieuses du monde se déroulent encore chaque année, demeure La Mecque du surf.

Buttons est du nombre. Et selon lui, c'est Hawaii tout entière qui conserve son titre de paradis de la planète surf, même en 2011. « C'est encore l'endroit numéro un, dit-il. C'est ici que les pros viennent, et les prochains pros aussi, pour devenir pros. À un endroit ou à un autre dans l'île, il y a toujours de bonnes vagues pour des surfeurs d'à peu près n'importe quel calibre. »

Photo: Associated Press

La baie d'Haleiwa, la porte du «Seven Mile Miracle» de la côte nord d'Oahu.

Chacun sa vague

C'est vrai que ne sont pas les vagues qui manquent. Le site web www.wannasurf.com, qui répertorie l'ensemble des lieux de surf sur la planète, en compte une centaine dans l'île d'Oahu seulement. Des Hawaiiens comme Buttons ont compris depuis longtemps la valeur de ce trésor naturel. Sur toute la longueur de la plage de Waikiki, haut lieu touristique d'Honolulu, écoles et centres de location de planches s'étendent à chaque cinquantaine de mètres. Pour une centaine de dollars, il est possible d'avoir une leçon de groupe de deux heures. Pour une quinzaine de dollars, on loue une planche pour une heure. Évidemment, plus on s'éloigne de la mythique plage, plus les prix baissent.

Le résultat saute aux yeux dès qu'on arrive à Waikiki : dans l'eau, des centaines de corps se balancent avec la houle, la tête tournée vers le large. Dès qu'une vague gonfle, si petite soit-elle, ils sont des dizaines à se lancer, couchés sur leur planche, et à ramer pour tenter de l'attraper... Jusqu'à ce qu'une demi-douzaine y parviennent, se lèvent et tentent de trouver l'espace nécessaire, si petit soit-il, pour faire une ou deux manoeuvres, en vitesse.

Trop de touristes ?

Waikiki est un cas extrême. Des lieux moins fréquentés se trouvent facilement ailleurs, dans toutes les îles de l'État.

D'ailleurs, les gens du coin évitent à tout prix Waikiki, sauf par les journées de grosses vagues. Et ils demeurent ambivalents par rapport à la présence de touristes, à peu près n'importe où dans la houle qui entoure les îles.

« Vous êtes journaliste ? Dites aux gens de ne pas venir sur le North Shore ! », s'exclament deux jeunes employés d'un magasin de surf. Le Surf Shop de Haleiwa offre pourtant des cours et loue des planches aux touristes. « Il y a trop de monde dans l'eau ! », se plaignent-ils.

Kamu, sauveteur du Seven Mile Miracle, cette série de plages de la côte nord dont Sunset fait partie, en voit de toutes les couleurs. En hiver, dit-il, les vagues du nord ont l'avantage de servir de filtre naturel : en général, seuls ceux qui savent réellement ce qu'ils font osent braver les monstres de 30, 40 ou 50 pieds qui se forment le long de la rive et font le bonheur des professionnels. « Mais des fois, il y en a qui insistent pour y aller quand même, dit-il en secouant la tête. Ceux-là, je les appelle les personnages ! »

Mais que les surfeurs d'Hawaii le veuillent ou non : leurs ancêtres surfaient avant eux ; des générations de beach boys, les légendes comme l'olympien hawaiien Duke Kahanamoku et même l'auteur de Croc-Blanc, Jack London, l'ont fait ensuite.

D'autres suivront : on n'est pas prêts d'arrêter de surfer à Hawaii...

Sur le web

www.wannasurf.com

www.surfline.com

www.surfnewsnetwork.com

Photo fournie par la Buttons Surf School

Le roi de la vague Buttons Kaluhiokalani donne des cours aux débutants.