Au milieu des taxis jaunes, un faux gazon vert, de petites chaises couleur bouteille, et une Tour Eiffel en carton: «Nous sommes dans un jardin parisien!», annonce Dana Kitzes, une New-Yorkaise de 24 ans.

Cette jeune femme vient d'installer pour la journée un petit stand thématique sur une place de parking de Greenwich Village, le quartier «bourgeois-bohême» de Manhattan.

Avec trois amis, elle pose devant une grande photo du jardin du Luxembourg, et offre aux passants fromage, baguette et jus de raisin --la consommation de vin et autres alcools étant interdite dans la rue-- affirmant que «les meilleurs parcs et jardins se trouvent à Paris, et qu'on devrait s'en inspirer».

L'initiative de Dana n'est que l'une des expressions originales de «Park(ing) Day», une manifestation internationale qui vise à «reconquérir» l'espace public au bénéfice des piétons, en transformant, pour une journée, des places de parking en espaces verts accueillants et interactifs.

Vendredi, plus de 140 villes dans 21 pays participaient au mouvement. À New York, une quarantaine de parcs éphémères ont vu le jour avec l'accord de la municipalité, amenant un puzzle insolite de faux gazon, de tentes et de mobilier de jardin à partager le bitume avec les véhicules.

«À New York, les voitures font la loi. On aimerait vraiment voir plus d'aménagements piétons», déclare Priti Patel, une paysagiste de 26 ans participant au stand, intitulé «Vacances européennes».

«Aujourd'hui, on se réapproprie un espace précieux, pour donner aux gens une idée de ce qu'ils pourraient faire dans la rue si elle n'était pas envahie par les voitures», résume-t-elle. «On propose une sorte de mini-parc, juste au coin de la rue en sortant du boulot. Sympa, non?»

Quelques pâtés de maison plus loin, sur une place de stationnement de la célèbre 5e avenue, une poignée d'étudiants a installé une tenture, des carrés de moquette verte, et surtout sa bonne humeur.

Entre un air de guitare et une démonstration de jonglage, Erica Schapiro, étudiante à la New School et responsable du stand, dit vouloir instiller «du vivre-ensemble» et offrir «un peu de répit dans le chaos de la ville». Elle propose aux piétons et aux cyclistes de s'arrêter pour grignoter du pain bio et des fruits frais achetés sur le marché voisin.

«L'objectif, c'est de dialoguer, d'exposer notre projet et d'amener les gens à repenser leur environnement urbain», explique-t-elle.

«On se réapproprie la rue, venez nous rejoindre», lance aux passants sa camarade Raviva Hanser. Blouson en jean, pantalon cigarette et lunettes en écaille, cette jeune écologiste branchée estime que New York devrait imiter certaines capitales européennes, comme Paris et Amsterdam, pour améliorer la qualité de vie de ses piétons et cyclistes.

«L'avenir est aux transports durables, alors consacrer autant de place au stationnement des voitures, ça me paraît archaïque», confie-t-elle. «Il y a tellement de façons plus créatives d'utiliser l'espace public, en intégrant un peu de verdure. J'espère que la jeune génération va pouvoir changer les choses».